ans dtour Andrea Marchesini Reggiani, Giovanni Bersani et Ranieri Sabatucci lors de la presentation du Courrier, Dlgation Culturelle -Alliance Franaise, Bologne, le 14 dcembre 2007. Niksa Soric ou des territoires sous tutelle. L'indpendance et les movements de lib- ration ont plac la tte de ces pays des rgions non dmocratiques. Entre 1962 et 1989, le Botswana, le Sngal et Maurice ont t les seuls Etats gouverns par un rgime dmocratique. Une caractristique qui explique en grande parties leur prosprit et leur croissance conomique par rapport aux autres pays ayant connu tout au long de cette priode des systmes parti unique, soutenus par une puissance trangre. Il ne faut pas oublier qu' cette poque, l'Afrique tait le thtre de la guerre que se livraient les deux blocs pour le tiers monde. Avec la menace nuclaire, il tait impensable que cette guerre se droule dans l'hmisphre Nord. Les affrontements ont donc eu lieu en Afrique. Au course de ces 30 dernires annes, nous avons encourage la mise en place de parlements dans tous les pays ACP et la production agricole s'est nettement amliore dans de nombreux pays de la region, notamment dans ceux o la faim et la pauvret avaient fait autrefois de nombreuses victims. Nous avons lutt contre l'apartheid, jusqu' l'abolition de ce rgime. Victime d'un heritage colonial remontant 45 ans, l'Union afri- caine (UA) est aujourd'hui dote de sa propre constitution, d'un gouver- nement central, de gouvernements rgionaux et d'un Parlement. Il faut bien se rendre compete de la situation de dpart et du chemin parcouru ! Je tiens ici souligner que la politique de l'UE a pris un course trs diff- rent de la politique amricaine, car elle n'est pas base sur l'intervention militaire, mais sur des valeurs et des principles moraux. La mediation est au centre de nos efforts. Une mediation souvent discrte mais qui s'est maintes reprises rvle decisive. A. M. R. II s'agit donc d'une belle histoire d'"exportation de la dmo- cratie". Mais dans bon nombre de ces pays, la violation des droits de l'homme reste toutefois un problme. L'UE n'a-t-elle pas parfois ten- dance former les yeux sur ces aspects ? G. B. Ce principle a t reconnu au titre de Lom III, mais la difficult consistait dterminer la personnel responsible d'examiner d'ventuelles violations des droits de l'homme et d'imposer des sanctions par la suite. Ni le Conseil des ministres ni la Commission ne pouvaient assumer cette mission. En 1984, la prsidence de l'Assemble dcidait de remplir ce rle et prsentait des cas spcifiques de violations des droits de l'homme l'Assemble parlementaire. En 1986, le rglement tait adopt, non sans mal. Ds cet instant, les questions de droits de l'homme ont toujours figure en bonne place sur l'agenda de l'Assemble paritaire ACP-UE. Je me rappelle le jour o j'ai appel Siad Barre, le president de la Somalie, lors d'une runion de l'Assemble. Il avait prononc un ordre d'excution l'encontre de trois leaders de l'opposition. En me fondant sur les principles de l'Assemble, j'ai demand les pardons rciproques. Le jour suivant, alors que l'Assemble se runissait, il m'a appel pour m'informer que ces condamnations mort avaient t commues en condemnation l'exil. Une autre ngociation s'est rvle difficile; c'tait avec le Prsident thiopien Mengistu, qui dtenait prisonnire la sur ane de Hail Selassi, g de 90 ans. Dans ce cas, c'est l'intervention du co-prsident thiopien de l'Assemble qui s'est rvle decisive. La prisonnire a t autorise s'exiler Londres. A. M. R. Comment ont t clbrs les 50 ans du Trait de Rome ? G. B. Les ftes et manifestations ont t nombreuses mais peu de dbats ont insist sur le fait que le Trait de Rome contenait l'essence mme de la cooperation avec les pays tiers. Cette cooperation, qui figure la parties IV du trait, fait parties intgrante du Trait de Rome. Ce fut l un des aspects les plus difficiles et controverss : la France et la Belgique voulaient transfrer la Communaut conomique euro- penne nouvellement cre la charge de la gestion colonial et post- coloniale. Les Allemands y taient opposs, estimant qu'il s'agissait l d'un calice empoisonn. La solution de compromise a donc t de met- tre en place un modle de "partenariat gal" avec les pays coloniaux. De longues discussions ont pour cela t ncessaires, rien ne pouvait tre considr come acquis et tout devait donc tre ngoci. A l'po- que, l'ide de crer un "Fonds pour le dveloppement des pays et terri- toires d'outre-mer" avait dj refait surface. Le problme est que le niveau de financement n'a jamais t suffisant. A. M. R. Vous connaissiez bien l'ancien Courrier ACP-UE. Que pen- sez-vous de la nouvelle version ? G. B. -Vu le dsintrt des mdias pour les questions en rapport avec la cooperation, Le Courrier peut et doit diffuser des informations inno- vantes et diffrentes afin de favoriser la comprehension mutuelle entire l'UE et les pays ACP. Je souhaite longue vie au magazine et vous enjoins ne pas vous arrter devant les obstacles qui pourraient surgir. Gardez le cap en ayant come objectif de diffuser des informations courageuses qui vont au-del des questions purement techniques, pour parler au cour des lecteurs. a N. 4 N.S. JANVIER FVRIER 2008