PAGE 1 Interdit ˆ la vente ISSN 1784-682XC urrierN.4 N.S.JANVIER FƒVRIER 2008LeLe magazine des relations et CoopŽrations Afrique Cara•bes Pacifique et Union europŽenne REPORTAGEHAITI Aube despoirDOSSIERIles Pacifique.Changement climatique bien visible LAfrique profite plus de ses diamants REPORTAGEHAITI Aube despoirDOSSIERIles Pacifique.Changement climatique bien visible LAfrique profite plus de ses diamants PAGE 2 Conseil Editorial Co-prŽsidents Sir John Kaputin SecrŽtaire gŽnŽral SecrŽtariat du Groupe des Etats ACP www.acp.int M. Stefano Manservisi Directeur-GŽnŽral DG DŽveloppement ec.europa.eu/development/ RŽdaction Directeur et RŽdacteur en chef Hegel Goutier Collaborateurs Fanois Misser (Assistant RŽdacteur en chef), Debra Percival Assistant Editorial et Production Joshua Massarenti Ont participŽ ˆ ce numŽro Ruth Colette Afabe Belinga, Marie-Martine Buckens, Jean-Franois Herbecq, SŽbastien Falletti, Sandra Federici, Andrea Marchesini Reggiani, Goston Pierre, Mirko Popovitch Relations publiques et Coordination artistique Relations publiques Andrea Marchesini Reggiani (Responsable Relations publiques et rŽseaux ONG et experts) Joan Ruiz Valero (Responsable Networking avec les institutions UE et nationales) Coordination artistique Sandra Federici Concepteur Graphique, Maquette Orazio Metello Orsini Arketipa Gestionnaire de contrat Claudia Rechten Tracey D'Afters CouverturePhyllis Galembo, Servitor Homel Dorival, standing in a sacred space, poses with a ceremonial cup used in rituals, 1995, Soukri, Haiti. Avec l'aimable autorisation de Phyllis GalemboQuatrime de couvertureImage de BigStockPhoto.com © Holger Mette. Contact Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles Belgique (EU) info@acp-eucourier.info www.acp-eucourier.info Tel: +32 2 2374392 Fax : +32 2 2801406 PubliŽ tous les deux mois en franais, anglais, espagnol et portugaisPour toute information concernant l'abonnement, veuillez consulter notre site web www .acp-eucourier .info ou contacter info@acp-eucourier .info Editeur responsable Hegel Goutier Consortium Gopa-Cartermill Grand Angle Lai-momo Le SecrŽtariat ACP et l'Union europŽenne, membres du Conseil Editorial de la revue, dŽclinent toute responsabilitŽ quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier. Le consortium et la rŽdaction dŽclinent toute responsabilitŽ quant aux articles Žcrits par les rŽdacteurs extŽrieurs ˆ l'Žquipe de rŽdaction et par tout rŽdacteur invitŽ. Notre partenaire privilégié ESPACE SENGHORLEspace Senghor est un centre qui assure la promotion dartistes venus des pays dAfrique, Caraïbes et Pacifique et léchange culturel entre communautés, au travers de programmes variés allant des arts scéniques, de la musique, du cinéma, à la tenue de conférences. Sy rencontrent belges, immigrés dorigine diverses, fonctionnaires européens. espace.senghor@chello.be www.senghor.beCet espace est réservé aux partenaires privilégiés Le magazine des relations et CoopŽrations Afrique Cara•bes Pacifique et Union europŽenneCurrierLe EDITORIALDes catastrophes naturelles ou politiquesƒ et autres conséquences de loubli 3SANS DƒTOURNe jamais rompre le dialogue. Interview de Giovanni Bersani 4ROUND UP6DOSSIER Les ”les du Pacifique. Changements climatiques et vulnŽrabilitŽ9 Tuvalu, un symbole mondial 10 Vivre dans la crainte du changement climatique 12 Une société civile dynamique 13 Tsunami sur les îles Salomon 14 Toutes vulnérables : tyrannie des distances, Anneau de Feu 16 Les îles Pacifique submergées par le réchauffement climatique 17 LUE et les ACPen quête de stratégies dadaptationŽ 19INTERACTIONJournées européennes du développement. Ensemble face au changement climatique 20 Un nouveau partenariat stratégique 22 Les APE mettent le feu à lAssemblée paritaire 24COMMERCELAfrique veut transformer ses diamants chez elle 27ZOOM Une journée dans la vie de Mimi Barthélémy 29DE LA TERRELor vert au cœur des controverses 31REPORTAGEHaitiConstruire sur la stabilité 34 « Il faut savoir à qui appartient la terre dans ce pays » 37 Les relations haïtiano-dominicaines et médias 40 Nous avons besoin de mesures dirrigation et de reforestation ainsi que dintrantsŽ 41 Des crédits pour le commerce 44 Le 10eFED sera axé sur les travaux routiers et la gouvernance 46 Attirer les touristes vers un pays extraordinaireŽ 48 Saisir lâme de Haïti : Sergine André 50DƒCOUVRIR L'EUROPERoumanieRoumanie, pays de contrastes 51 Roumanie de Aà Z 52 Un nouveau pays donateur 53 Etre africain en Roumanie 55 White Black 55 Transylvanie : terre promise du tourisme 56 Quel avenir pour le tourisme rural en Roumanie ? 58CRƒATIVITƒUne trop rare occasion de valoriser les photographes africains 59 Prix du Prince Claus 2007 61 Lhistoire naturelle des musées camerounais 62AUX PLUS JEUNESLes îles lointaines vont-elles vraiment disparaître ? 63A VOTRE ƒCOUTE/AGENDA64SommaireLE COURRIER,N.4 NOUVELLE SƒRIE (N.S.)C urrierLeLe magazine des relations et CoopŽrations Afrique Cara•bes Pacifique et Union europŽenne N.4 N.S.JANVIER FÉVRIER 2008 PAGE 3 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008E ditorial 3 Vue de Port-au-Prince sur une toile ˆ Bottilliers.Copyright Debra Percival Il y a catastrophes et catastrophes. Celles susceptibles dêtre provoquées par les changements climatiques, les catastrophes naturelles … dautres, comme la tourmente dans laquelle le Kenya, modèle, a été plongé au tournant de lannée. Si les catastrophes ne sont pas prévisibles, elles sont facilitées par les négligences et surtout les oublis de lêtre humain. Le grand dossier de ce numéro du Courrier est consacré aux changements climatiques dans le Pacifique. Il ne se veut pourtant pas pessimiste car la détermination à protéger son pays, le calme et la joie de vivre de la population du petit pays symbole de la menace, Tuvalu, constituent une leçon doptimisme. Une autre raison doptimisme se trouve dans les dispositions prises dans le cadre de la coopération entre le groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique et lUnion européenne sur la prévention de ces catastrophes naturelles. Les Journées européennes du développement de Lisbonne à la fin de lannée ont vu lUnion européenne sengager fermement en faveur dun emprunt mondial pour aider les pays en développement à affronter les changements climatiques, un emprunt qui musclerait les stratégies adoptées respectivement, en la matière, par le Conseil de lUnion européenne et le Conseil des ministres ACP-UE. Le nouveau partenariat stratégique UE-Afrique conclu à Lisbonne à la fin de lannée dernière se collète aussi avec les sources des catastrophes. Parmi ses 20 actions prioritaires, figurent encore les changements climatiques mais aussi la paix et la sécurité, la gouvernance démocratique et les droits humains ainsi que dautres remparts contre les déflagrations sociales, politiques et économiques. La signature, même à géométrie variable et sans enthousiasme, avant la fin de lannée dun certain nombre daccords de partenariat économique entre lUE et des régions ou pays ACPa démontré une attitude réaliste des uns et des autres pour prévenir les risques de décrochage de ces derniers du commerce mondial. Cest alors que survient le cataclysme du Kenya. La carte postale, le pays où les enfants remplissent les musées où la Bourse de Nairobi était lune de celles qui offraient le plus de retour sur investissements, pour ne citer que cela comme titres de gloire. Bien sûr, certaines dérives politiques et de gouvernance ont été montrées du doigt mais si elles pouvaient provoquer des heurts, elles nexpliquent pas seules ce déchaînement de violence auquel le monde a assisté avec torpeur. Le grand oublié de la démocratie dans beaucoup de pays a refait son apparition : la tribu. Il ny a pas de problème tribal. Il y a celui de loubli de la tribu. La démocratie à leuropéenne, y compris celle des EtatsUnis par exemple, a tenu compte dès sa naissance du fait tribalŽ. Pas forcément dans le sens ethnique … Hutu et Tutsi sont-ils biologiquement dethnies différentes ? … mais dans celui du sentiment dappartenance à un groupe. Elle a pondéré le un homme une voixŽ par des instances comme les sénats où le groupe minoritaire et le majoritaire ont plus ou moins le même poids. Et qui garantissent ainsi à celui-là la protection de ses intérêts vitaux. Sans cela, il sera réticent à voter pour quelquun dun autre groupe, fût-il le meilleur. La coopération ACP-UE a probablement les moyens dapprofondir de telle réflexion et dagir contre dautres catastrophes. Hegel Goutier Directeur et Rédacteur-en-chefDes catastrophes naturelles ou politiquesƒ et autres conséquences de loubli PAGE 4 ou des territoires sous tutelle. L'indépendance et les mouvements de libération ont placé à la tête de ces pays des régions non démocratiques. Entre 1962 et 1989, le Botswana, le Sénégal et Maurice ont été les seuls Etats gouvernés par un régime démocratique. Une caractéristique qui explique en grande partie leur prospérité et leur croissance économique par rapport aux autres pays ayant connu tout au long de cette période des systèmes à parti unique, soutenus par une puissance étrangère. Il ne faut pas oublier quà cette époque, lAfrique était le théâtre de la guerre que se livraient les deux blocs pour le tiers monde. Avec la menace nucléaire, il était impensable que cette guerre se déroule dans l'hémisphère Nord. Les affrontements ont donc eu lieu en Afrique. Au cours de ces 30 dernières années, nous avons encouragé la mise en place de parlements dans tous les pays ACPet la production agricole sest nettement améliorée dans de nombreux pays de la région, notamment dans ceux où la faim et la pauvreté avaient fait autrefois de nombreuses victimes. Nous avons lutté contre lapartheid, jusquà labolition de ce régime. Victime dun héritage colonial remontant à 45 ans, lUnion africaine (UA) est aujourdhui dotée de sa propre constitution, dun gouvernement central, de gouvernements régionaux et dun Parlement. Il faut bien se rendre compte de la situation de départ et du chemin parcouru ! Je tiens ici à souligner que la politique de lUE a pris un cours très différent de la politique américaine, car elle nest pas basée sur lintervention militaire, mais sur des valeurs et des principes moraux. La médiation est au centre de nos efforts. Une médiation souvent discrète mais qui sest à maintes reprises révélée décisive. A. M. R. … Il sagit donc dune belle histoire dexportation de la démocratieŽ. Mais dans bon nombre de ces pays, la violation des droits de lhomme reste toutefois un problème. LUE na-t-elle pas parfois tendance à fermer les yeux sur ces aspects ? G. B. Ce principe a été reconnu au titre de Lomé III, mais la difficulté consistait à déterminer la personne responsable dexaminer déventuelles violations des droits de lhomme et dimposer des sanctions par la suite. Ni le Conseil des ministres ni la Commission ne pouvaient assumer cette mission. En 1984, la présidence de l'Assemblée décidait de remplir ce rôle et présentait des cas spécifiques de violations des droits de l'homme à l'Assemblée parlementaire. En 1986, le règlement était adopté, non sans mal. Dès cet instant, les questions de droits de lhomme ont toujours figuré en bonne place sur lagenda de lAssemblée paritaire ACP…UE. Je me rappelle le jour où jai appelé Siad Barre, le président de la Somalie, lors dune réunion de lAssemblée. Il avait prononcé un ordre dexécution à lencontre de trois leaders de lopposition. En me fondant sur les principes de l'Assemblée, jai demandé les pardons réciproques. Le jour suivant, alors que l'Assemblée se réunissait, il m'a appelé pour m'informer que ces condamnations à mort avaient été commuées en condamnation à l'exil. Une autre négociation sest révélée difficile; cétait avec le Président éthiopien Mengistu, qui détenait prisonnière la sœur aînée de Hailé Selassié, âgé de 90 ans. Dans ce cas, cest lintervention du co-président éthiopien de lAssemblée qui sest révélée décisive. La prisonnière a été autorisée à sexiler à Londres. A. M. R. … Comment ont été célébrés les 50 ans du Traité de Rome ? G. B. … Les fêtes et manifestations ont été nombreuses mais peu de débats ont insisté sur le fait que le Traité de Rome contenait l'essence même de la coopération avec les pays tiers. Cette coopération, qui figure à la partie IVdu traité, fait partie intégrante du Traité de Rome. Ce fut là un des aspects les plus difficiles et controversés : la France et la Belgique voulaient transférer à la Communauté économique européenne nouvellement créée la charge de la gestion coloniale et postcoloniale. Les Allemands y étaient opposés, estimant quil sagissait là dun calice empoisonné. La solution de compromis a donc été de mettre en place un modèle de partenariat égalŽ avec les pays coloniaux. De longues discussions ont pour cela été nécessaires, rien ne pouvait être considéré comme acquis et tout devait donc être négocié. Alépoque, lidée de créer un Fonds pour le développement des pays et territoires doutre-merŽ avait déjà refait surface. Le problème est que le niveau de financement na jamais été suffisant. A. M. R. … Vous connaissiez bien lancien Courrier ACP-UE. Que pensez-vous de la nouvelle version ? G. B. … Vu le désintérêt des médias pour les questions en rapport avec la coopération, Le Courrier peut et doit diffuser des informations innovantes et différentes afin de favoriser la compréhension mutuelle entre l'UE et les pays ACP. Je souhaite longue vie au magazine et vous enjoins à ne pas vous arrêter devant les obstacles qui pourraient surgir. Gardez le cap en ayant comme objectif de diffuser des informations courageuses qui vont au-delà des questions purement techniques, pour parler au cœur des lecteurs. LE DIALOGUEN. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 5 4A. M. R. … En tant que membre du Parlement européen, vous vous occupez des relations entre l'Europe et l'Afrique depuis la fin des années 1960. Parlez-nous des origines de la Convention de Lomé. G. B. … Je peux déjà vous révéler l'origine de ce nom. Au cours des réunions qui ont eu lieu à l'île Maurice en octobre 1974, un accord a été signé concernant les nouvelles structures institutionnelles dune convention appelée à remplacer Yaoundé II. Elle prévoyait la mise en place dune nouvelle Assemblée de représentants européens et des ACP, investie de plus grandes compétences et forte d'une participation accrue des pays d'Afrique, ceux-ci passant de 18 à 46 nations. Toute la difficulté consistait à trouver un nom pour ce nouveau traité ! Les noms de Lagos et de Nairobi circulaient, mais se heurtaient à lopposition des pays francophones. Jai invité certains des grands acteurs des réunions de lîle Maurice en vue de nouvelles discussions à Bologne, en Italie, en compagnie de lAmbassadeur togolais Dagadou. Lors du déjeuner de clôture, jai proposé, de manière tout à fait informelle, le nom de Convention de LoméŽ, en lhonneur de M. Dagadou. Il était à lépoque modérateur et président du Comité des ambassadeurs ACP. Le choix dun grand pays avait menacé lunité du groupe ACP, alors quun petit pays comme le Togo ne représentait pas vraiment une menace. Au début, cette proposition a fait sourire … certains pensaient à une blague … mais lidée a finalement fait son chemin jusquà Bruxelles où elle a bénéficié d'un soutien.. A. M. R. … Depuis le début des années 1990, la Convention de Lomé a suscité de vives critiques, beaucoup lui reprochant son incapacité à résoudre le problème de la pauvreté et du sous-développement. Quen pensez-vous ? G. B. … Nous devons tout dabord bien admettre qu'il s'agissait là d'un défi de taille. En 1957, 50 pays africains sur 53 étaient des colonies S ans détour Andrea Marchesini ReggianiNe jamais rompreLE DIALOGUE Interview de Giovanni BersaniGiovanni Bersani, prŽsident de la prŽcŽdente AssemblŽe parlementaire paritaire CEE-ACP de 1976 ˆ 1989, occupe aujourd'hui le poste de PrŽsident honoraire. M. Bersani est l'un des principaux dŽfenseurs de l'intŽgration europŽenne, notamment pour ce qui est des relations de l'UE avec le continent africain. Il dŽfend la promotion de la dŽmocratie par la mŽdiation, le dialogue et la paix, en plaidant pour le respect des valeurs et des principes moraux et refuse toute intervention militaire. Giovanni Bersani.© CEFA onlus Andrea Marchesini Reggiani, Giovanni Bersani et Ranieri Sabatucci lors de la prŽsentation du Courrier, DŽlŽgation Culturelle Ð Alliance Franaise, Bologne, le 14 dŽcembre 2007.© Niksa Soric S ans dŽtour PAGE 5 Les APE sont des accords de libreéchange réciproques. Mais si lUE a accepté douvrir son marché à tous les biens et produits agricoles en provenance des ACP(à lexception du sucre et du riz qui bénéficieront chacun dune brève période de transition à compter du 1er janvier 2008), les nations des ACPne devront ouvrir que progressivement leurs marchés, par phases négociées de 5 à 25 ans, pour les produits les plus sensibles, qui représentant 80% ou plus de tous les échanges. Conformément aux règles commerciales de lOrganisation mondiale du commerce, les signataires de tout accord de libre-échange sont autorisés à en exclure certains biens, pour autant que ces accords couvrent substantiellementŽ tous les échanges. De nombreux pays ACPont dès lors choisi dexclure leur production agricole des APE. Ace jour, les Caraïbes sont la seule entité régionale à avoir signé un APE . Cet accord, établi avec tous les pays du CARICOM, porte non seulement sur les biens, mais aussi sur les échanges de services, les douanes, la facilitation du commerce extérieur, les obstacles techniques au commerce, les mesures sanitaires et phytosanitaires, l'agriculture et la pêche, les paiements et les mouvements de capitaux, la concurrence, les droits de propriété intellectuelle, les marchés publics, les questions environnementales et sociales et les fonds de développement, autant daspects qui stimulent lintégration régionale. Ace jour, des sous-régions ou un ou deux pays ACPdune même région ont eux aussi signé des APE. Il sagit dAPE portant uniquement sur les marchandises et par lesquels l'entité s'engage à poursuivre les négociations sur d'autres aspects de l'accord en signant des APE à part entière d'ici la fin 2008. Il s'agit essentiellement de pays à moyens revenus. Ces entités ou ces pays estiment assez urgent de signer des APE puisque la dérogation accordée par lOMC pour l'Accord de Cotonou a pris fin le 31 décembre. En l'absence d'APE, ces pays seraient en effet soumis au Système de préférences généralisées (SPG). Seuls quelques pays ACPse trouvent actuellement dans cette position, notamment le Gabon, la République du Congo, le Nigeria et un groupe de pays du Pacifique, les îles Cook, Tonga, les îles Marshall, Niue, la Micronésie, Palau et Nauru. Des fonctionnaires de lUE en charge du commerce indiquent que le Congo et le Gabon ont exprimé un intérêt pour les APE mais que le Nigeria na pas voulu en négocier un à ce stade. Ils ajoutent qu'étant donné le bas niveau des échanges commerciaux entre lUE et le Pacifique, la mise en œuvre du SPG nentraînera pas tellement de pertes pour cette région. Daprès une récente déclaration émanant du Secrétariat ACPà Bruxelles, les ACPdemandent à lUE de faire en sorte que toutes les mesures soient prises pour garantir la poursuite du commerce dans les mêmes conditions, de manière à ce que les opérateurs économiques restent sur le marché et que le bien-être socioéconomique des citoyens des Etats ACPne soit pas compromisŽ. On peut encore lire que les accords intérimairesŽ ont été signés sous la pression et quil faudra les revoir lorsque les accords à part entière seront élaborés en 2008. De nombreux pays parmi les moins développés (PMD) sont encore indécis au sujet des APE. Abdoulaye Wade, président du Sénégal, a indiqué que son pays nest pas prêt pour le libreéchange. Les pays les moins développés peuvent encore bénéficier dexportations exemptes de taxes et de quotas vers le marché européen en vertu de linitiative européenne de 2001 Tout sauf les armesŽ. Mais une déclaration émanant de la Direction générale du Commerce de lUE souligne encore les avantages des APE à part entière, en disant quils offrent la possibilité de soutenir lintégration progressive des ACPdans léconomie internationale et de sassurer que laccès sans précédent aux marchés de lUE accordé aux ACPapporte une croissance réelle des échanges commerciaux et un développement économique sur une large base. Pour le dire brièvement, cest loccasion dapporter ce que lAccord de Cotonou na pas été capable de fournir.Ž1Il y a 79 Etats ACP au total, mais l'Afrique du Sud, qui a conclu un accord bilatŽral avec l'UE relatif au commerce, n'est pas incluse dans un APE. 2 Voir la fin de l'article pour les membres du Caricom. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 7 Cette initiative répond à une préoccupation exprimée par la société civile et plus particulièrement par le Southern Africa Network Against Trafficking and Abuse of Children (SANTAC) parrainé par Graça Machel, veuve de lancien président mozambicain Samora Machel et épouse de Nelson Mandela, ainsi que par le prix Nobel de la paix, larchevêque anglican du Cap Desmond Tutu. Au cours dune conférence organisée par cette ONG en mars 2007 à Johannesburg, le Directeur général du Développement de la Commission européenne, Stefano Manservisi, avait apporté son appui politique à ce combat, pour lequel les commissaires européens au développement et à la stratégie de communication, Louis Michel et Margot Wallström, ont également fait part de leur solidarité. Le défi est considérable. Selon lOrganisation internationale du travail (OIT), lOffice international des migrations (OIM) et de lUNICEF, le trafic denfants est un phénomène qui concernerait plusieurs milliers de personnes dans la région. Mais il est difficile den mesurer précisément lampleur, notamment à cause de labsence de registre détat civil dans un pays comme le Malawi. Avec le Mozambique et la Zambie, ce pays est considéré à la fois comme un pays fournisseurŽ denfants et de transit, vers lAfrique du Sud et la Péninsule Arabique. Les causes du trafic denfants (partie du phénomène plus large du trafic dêtres humains dont le chiffre daffaires mondial pour le crime organisé est estimé à quelque 7 milliards de dollars) sont diverses. SANTAC évoque la pauvreté et lépidémie de VIH-sida. Ces maux ont pour conséquence de provoquer un accroissement important du nombre dorphelins, tantôt confiés à des parents ou à des familles daccueil, elles-mêmes dans le besoin, facilement dupées par des organisations criminelles qui, sous prétexte, de leur offrir un travail ou une éducation, enrôlent ces enfants, très souvent des filles, dans des réseaux de prostitution ou les transforment en esclaves. Lun des problèmes est que si les pays individuellement tentent de faire face à la situation, ils nont pas la capacité de contrôler leurs frontières. De surcroît, même si la prise de conscience gagne du terrain chez les dirigeants, ils nont pas ratifié tous les instruments légaux internationaux pour combattre ce fléau. Il nexiste pas non plus dinstrument régional en Afrique australe pour la prévention, la suppression ou la répression du trafic dêtres humains. Doù la nécessité dune réponse régionale, dont la prochaine conférence de Maputo serait la première étape. Celle-ci doit déboucher sur une déclaration, une stratégie et un plan daction de dix ans. Il sagira ensuite de préparer une conférence des bailleurs de fonds organisée par les pays de la Communauté pour le développement de lAfrique australe SADC durant laquelle sera présenté ce plan daction, auquel la Commission européenne et les Etats membres de lUE apporteront leur concours financier. Ace stade, les mesures envisagées vont de lélaboration de programmes de coopération judiciaire et policière au transfert de savoir-faire. 6 T our d’horizon Debra Percival35 NATIONS SIGNENTde nouveaux accords commerciauxAu moment de la mise sous presse du Courrier , 35 des 78 Etats d'Afrique, des Cara•bes et du Pacifique avaient signŽ des Accords de partenariat Žconomique (APE) avec l'UE. Tous bŽnŽficiaient jusqu'ici d'une entrŽe prŽfŽrentielle sur le marchŽ de l'UE au titre de l'Accord de Cotonou.La Commission europŽenne entend organiser avec les pays d'Afrique australe, en juin 2008, une confŽrence rŽgionale "de haut niveau" sur le trafic d'enfants.JUSQUÀ PRÉSENT, QUI A PARAPHÉ ? (Ë LA DATE DU 3 MARS 2008) APE Ë PART ENTIéRE : Groupement rŽgional du CARICOM Antigua Ðet Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Dominique, RŽpublique Dominicaine, Grenade, Guyane, Ha•ti*, Jama•que, Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines, Saint Christophe et Nevis, Surinam et TrinitŽ et Tobago. ACCORDS "INTƒRIMAIRES" OU "PORTANT EXCLUSIVEMENT SUR LES MARCHANDISES" : AFRIQUE CENTRALE : Cameroun COMMUNAUTƒ D'AFRIQUE DE L'EST : Burundi*, Kenya, Rwanda*, Tanzanie*, Ouganda* AFRIQUE ORIENTALE ET AUSTRALE : Comores*, Madagascar*, Maurice, Seychelles, Zimbabwe PACIFIQUE : Papouasie Nouvelle GuinŽe, Fidji AFRIQUE DE L'OUEST : C™te d'Ivoire, Ghana COMMUNAUTƒ DE DƒVELOPPEMENT D'AFRIQUE AUSTRALE (SADC) : Botswana, Lesotho*, Namibie, Mozambique*, SwazilandSource : DG Commerce, Commission europŽenne, www. ec.europa.eu/trade/ * Pays les moins dŽveloppŽs (PMD) Franois MisserRŽpublique DŽmocratique du Congo (RDC) : retour ˆ Bunia (Ituri). © EC/ECHO/Franois Goemans TRAFIC DENFANTS en Afrique australe : conférence régionale à lhorizon TRAFIC DENFANTS en Afrique australe : conférence régionale à lhorizon T our d'horizon PAGE 6 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 I l ne fait pas de doute que le Pacifique représente lune des régions les plus vulnérables quant aux risques de catastrophes dus au changement climatique. Cest le cas de plusieurs îles coralliennes de basse altitude. Lune delle, Tuvalu est devenue un symbole de cette menace mais aussi de la capacité de résistance et de la détermination dun petit pays à survivre. Cest le cas aussi dîles volcaniques situées le long de lAnneau de Feu (« Ring of Fire »). Comme les îles Salomon qui ont déploré en avril dernier les ravages dun tsunami causé par un tremblement de terre. Des dizaines de morts et des dizaines de milliers de sans-abri. Les populations de ces pays menacés déplorent la réticence de certains pays riches, responsables en grande partie de la pollution à la base des dérèglements climatiques, à réduire leur niveau de pollution. Ce quun homme politique de Tuvalu a assimilé à un terrorisme rampantŽ qui menace son pays. 9 D ossier 8Dans leur Déclaration de BruxellesŽ, les ministres ont tenu à réaffirmer limportance du dialogue intra-ACPdans le cadre de lAccord de Georgetown, mais plus particulièrement au titre du partenariat ACP-UE, en plaçant les questions de santé au cœur des programmes de développement de leurs Etats. Priorité sera donnée à la lutte contre les maladies transmissibles telles que le VIH et le sida, la tuberculose et le paludisme, notamment par léchange dexpériences et de bonnes pratiques. En outre, les ministres ont pris lengagement de promouvoir la prise en charge médicale et le traitement des maladies non transmissibles et des maladies tropicales négligées, ainsi que des maladies résultant de violence ou de traumatisme, par le renforcement des systèmes de santé.>Enrayer lexode des cerveauxAutre préoccupation des ministres ACPde la Santé : lexode continu des personnels de santé hautement qualifiés de leurs pays vers les pays développés, lUE en particulier. Pour enrayer cette fuite, les ministres ont marqué leur déterminationŽ à mettre en place des stratégies concrètes pour former, recruter et retenir des professionnels de santé locauxŽ. Dans la foulée, les ministres ont décidé de promouvoir des partenariats avec les compagnies pharmaceutiques afin de faciliter laccès, à un coût abordable, aux médicaments brevetés, ainsi que mobiliser des financements pour la recherche et la mise au point de nouveaux médicaments ou moyens de diagnostic. T our d'horizon Marie-Martine BuckensLes ministres ACP donnent laPRIORITÉ à LA SANTÉFace aux nombreux dŽfis posŽs par le dŽveloppement de la santŽ dans les Etats et rŽgions ACP, les ministres ACP de la SantŽ, rŽunis pour la premire fois les 25 et 26 octobre 2007 ˆ Bruxelles, ont dŽcidŽ d'intensifier leur coopŽration. LES ÎLES DU PACIFIQUE .Changements climatiques et vulnérabilitéDe Hegel Goutier Reportage ˆ Tuvalu, ”les Salomon et Fidji* © IStockphoto.comUne clinique ˆ Blantyre (Malawi), inaugurŽe en mars 2006 par la CommunautŽ de Sant'Egidio.© Joshua Massarenti L'Žtendue de Tuvalu, ”le principale de l'atoll de Funafuti.© Hegel Goutier PAGE 7 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 > Sensibilisation précoce Très vite, la population de Tuvalu a pris conscience du danger. Dès 1992, au moment où lon ergotait encore sur la réalité ou non des changements climatiques, les gouvernements successifs de Tuvalu ont commencé à alarmer tous azimuts sur la catastrophe qu'ils estimaient menacer leur pays. Au départ, leurs préoccupations étaient très peu relayées. Leur persévérance, le soutien sans faille de leur société civile qui a, en un certain sens, pris naissance autour de la question de l'environnement, ont porté leurs fruits. En cela, le fonctionnement démocratique de Tuvalu a certes été utile. Malgré des moyens plus que limités, il a réussi à secouer les instances internationales de leur torpeur au sujet des changements climatiques et ce, bien avant ceux qui, nombreux maintenant, se font les hérauts de sa cause. Une politique de communication réussie. Atravers le monde entier, la sympathie va au petit pays..> Consensus et implication collective Le consensus des personnalités politiques de Tuvalu sur l'enjeu climatique concerne également la société civile. Celle-ci est relativement forte. L'Association des organisations non gouvernementales de Tuvalu, TANGO, regroupe près d'une cinquantaine de structures orientées vers des secteurs différents mais qui, toutes, à un degré ou un autre, s'occupent des risques climatiques. Toutes font bloc derrière leur gouvernement pour sensibiliser tant à l'extérieur qu'à l'intérieur sur cette question. Annie Homasi, la directrice de TANGO, personnalité en vue dans les forums altermondialistes, nous parle entre autres ici de la coordination entre société civile et pouvoir politique.> Des nuances toutefois Le consensus est donc très large sur les positions du gouvernement face aux risques climatiques. L'un des rares à émette un bémol est le Révérend Kitiona Tausi qui ajoute la question des risques climatiques aux autres divergences quil a avec le gouvernement sur des questions idéologiques. Pour le prêtre, le gouvernement a signé le protocole de Kyoto et, pour la fourniture d'électricité dans les autres îles du pays, il a fait le choix dune installation pétrolière plutôt que de lénergie solaire. Il insiste sur le fait que son église utilise des panneaux solaires. Il critique aussi le gouvernement qui a retenu l'hypothèse d'une relocalisation de la population alors que pour lui c'est inacceptable, tout en reconnaissant que certains prêtres du pays sont plutôt sur la même position que le gouvernement. Mme Siuila Toloa, professeur à la Nauti Primary School, présidente de Island Care, exsecrétaire générale de la Croix-Rouge de Tuvalu pendant 21 ans, par exemple insiste sur la responsabilité collective, y compris celle de la population de Tuvalu, dans la recherche de solutions au problème. Son SOS ne sadresse toutefois quaux grands pollueurs. Pour lutter contre le réchauffement climatique, nous devons travailler main dans la main. Nous avons ainsi une chance de limiter les dégâts. Des dégâts pour lesquels Tuvalu n'a rien à se reprocher. Pas plus que nous ne sommes menacés par exemple par les feux de forêt en Afrique. Je songe plutôt aux pays qui nont pas signé le protocole de Kyoto. Et aux dirigeants de ces pays, j'adresse le message suivant: Aidez-nous, sinon mon pays risque de disparaître sous les eaux.Ž D D o o s s s s i i e e r r Climat Pacifique 11 10I l suffit de quelques vagues un peu plus hautes que dhabitude pour que, de la piste de Funafuti, latoll capitale de Tuvalu, on doive prendre une barque pour rejoindre le bar de laéroport. Tuvalu regroupe lun de ces ensembles dîles émergeant à peine de la mer. Sous la menace permanente de tsunamis et dautres catastrophes naturelles. Le 28 février 2006, cétait la grande frayeur sur plusieurs des neuf îles de larchipel de Tuvalu, surtout sur Funafuti. Latoll sétire sur un arc de cercle de 12 kilomètres entre le lagon et locéan avec une largeur ne dépassant jamais les 400 mètres et se rétrécissant en se rapprochant des deux extrémités. Il culmine à 3,7 mètres. Une vague de 3,5 mètres, la plus haute jamais enregistrée sur ces côtes, en venant mourir sans trop de force, a suffi ce jour-là pour inonder une bonne partie de lîle … laéroport était une fois de plus sous leau … et, en se retirant, a laissé des cuvettes deau salée délétère pour les plantes vivrières. Si cette inondation était exceptionnelle, cest régulièrement quavec les grandes marées, les îles de Tuvalu se retrouvent en partie sous leau. Des inondations qui charrient des cohortes de calamités. Les rachitiques nappes phréatiques sont contaminées. Leau saumâtre croupissant sinfiltre jusquaux fosses daisance et se mélange aux dépôts dimmondices qui remplissent les fosses creusées lors de la Seconde Guerre mondiale. Lagriculture devient donc de plus en plus aléatoire.> Détérioration de plus en plus marquée Les observations scientifiques et empiriques témoignent dune aggravation de la situation dans les îles de Tuvalu. Le niveau de la mer autour des atolls, daprès les données fournies par un système dobservation des marées dAustralie, a augmenté de sept centimètres au cours des 13 dernières années, ce qui va au-delà du simple effet mécanique de la fonte des glaces. Dautres facteurs comme El Niño doivent probablement y avoir contribué, toujours selon des experts. Un signe marquant de cette détérioration est la plongée sous leau dun bout de l'atoll de Funafuti. L'îlot Tepuka Salivilivili s'est enfoncé sous l'eau après avoir perdu dans un premier temps ses cocotiers. Des personnes âgées ont fait part au Courrier de leurs observations : les pluies sont de plus en plus rares mais paradoxalement de plus en plus fortes et orageuses. Elles feraient craquer la terre dans les endroits fragiles comme aux points dexcavation de ces fosses de la guerre, ce qui nuirait au développement du pulaka, tubercule à la base de lalimentation locale qui atteignait normalement un mètre de longueur et qui deviendrait de plus en plus rachitique et en voie de disparition. D D o o s s s s i i e e r rClimat Pacifique Hegel Goutier TUVALU, un symbole mondial Tuvalu, c'est les anciennes ”les Ellice : des surfaces ŽmergŽes d'ˆ peine 26 km2, sur une zone d'exclusivitŽ de 0,75 million de km2, 10.000 habitants. Atoll de Funafuti. Vue de la mer.© Hegel Goutier En haut : Funafuti International Airport.© Hegel GoutierAu centre et en bas ˆ gauche : UnitŽ de dessalement d'eau de mer.© Hegel GoutierEn bas ˆ droite : Camion de pompiers ˆ l'aŽroport de Funafuti.© Hegel Goutier PAGE 8 >Mesures actuellement mises en œuvre pour protéger lenvironnement Nous avons défini des zones de conservation, lune sur cette même île et deux sur les autres atolls. Lidée est de préserver ces zones. Nous essayons également de promouvoir un programme de sensibilisation afin dinciter la population à maintenir la propreté de lîle. Le plastique et les boîtes de conserve sont mis en dépôt dans un endroit prévu à cet effet avant dêtre éloignés pour éviter la pollution des îles. Nous essayons également dobtenir le soutien du Fonds mondial pour la protection de l'environnement (GEF pour Global Environment Facility) dans nos efforts pour répondre à lérosion de nos terres.>Projet ambitieuxUn projet avait été financé par la SOPAC pour draguer du sable depuis le lagon et combler les ballastières*, mais il a dû être abandonné parce que léquilibre écologique du lagon en aurait été compromis. Atitre dinformation, le gouvernement tente actuellement détablir un document de référence pour obtenir laide de pays donateurs pour la construction dune île artificielle dans le lagon. Si ce projet démarre, nous pourrons peut-être profiter de loccasion pour combler les ballastières, avec laide des pays qui ont participé au projet original. Il sagit pour nous dun défi considérable mais je suis convaincu quavec un projet solide, nous parviendrons à convaincre les pays donateurs de nous soutenir dans cette entreprise.>Surpopulation Si le problème nest pas encore grave aujourdhui, il est cependant en train de le devenir. Nous devons nous attaquer aux différences de niveaux de développement entre la capitale et les autres atolls afin de mettre un terme à lurbanisation et à linstallation de nouveaux habitants sur lîle. Nous essayons de moderniser les autres îles pour quelles disposent des mêmes infrastructures et des mêmes projets de développement, susceptibles dattirer des financements supplémentaires. Nous explorons de nouvelles voies et de nouveaux moyens de résoudre le problème de surpopulation qui touche latoll de Funafuti.>Surpopulation et culture traditionnelleIl est vrai quà Funafuti nous rencontrons quelques petits problèmes, mais ce nest pas le cas dans les autres îles, où la culture et les traditions sont restées intactes. La surpopulation et les problèmes liés au territoire naffectent en rien la vie quotidienne et la culture à Tuvalu. La sécurité règne toujours à Funafuti même si le surpeuplement commence à poser des problèmes. Nous devons aussi nous occuper de la question de la gestion des déchets.>Rester malgré tout ?Cest lopinion générale pour linstant. Si nous partons, nous perdrons notre identité et notre souveraineté. Nous essayons donc de protéger notre île autant que possible pour pouvoir y rester. Mais, si le pire venait à se produire, des contacts ont été établis avec lAustralie et avec la Nouvelle-Zélande pour envisager laccueil des Tuvaluans. Merci de mavoir offert la possibilité de parler de tout cela aux Européens. Cest une formidable occasion de montrer au monde que, même si nous sommes petits et isolés, nous ne nous débrouillons pas si mal par rapport à certaines grandes îles de la région. Il est extrêmement important pour le gouvernement et la population de Tuvalu dessayer de vivre dans les limites de nos ressources et de nos moyens et de consolider nos ressources financières tout en investissant dans des projets durables, qui apportent des avantages économiques à la population. Nous voulons par-dessus tout préserver le concept de bonne gouvernance, qui pose des problèmes à de nombreux pays dans le monde.*Trous creusŽs durant la II¡Guerre mondiale et dans lesquels Žtaient dŽversŽs les dŽchets. H.G. Vivre dans la CRAINTE du CHANGEMENT CLIMATIQUEM. Lotoala Metia, Ministre des Finances, de l'Economie et de l'Industrie. I ntervention de Maatia TOAFA, Premier ministre en exercice et ministre des Affaires Žtrangres des ”les Tuvalu, ˆ l'occasion de la 59e session de l'AssemblŽe gŽnŽrale des Nations Unies, le 24 septembre 2004. Nous, habitants des ”les Tuvalu, vivons dans la crainte permanente des consŽquences nŽgatives du changement climatique et de l'ŽlŽvation du niveau des mers. L'altitude de l'archipel Žtant de 3 mtres ˆ peine au-dessus du niveau de la mer, nos moyens d'existence et les sources de notre sŽcuritŽ alimentaire sont dŽjˆ gravement touchŽs. La salinitŽ des nappes aquifres a augmentŽ ; les terres s'Žrodent ; les coraux perdent leur couleur ; l'inquiŽtude s'est gŽnŽralisŽe. La menace est rŽelle ; elle est grave. Elle s'apparente ˆ une forme de terrorisme lent et insidieux contre les Tuvalu. Les ”les Tuvalu accordent ds lors une importance considŽrable ˆ la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto, qui fournissent le cadre international le plus appropriŽ pour rŽduire les Žmissions de gaz ˆ effet de serre. L'association TANGO compte et chapeaute 47 organisations membres, qui sont de types divers et proviennent des différentes parties du pays : ONG actives dans le domaine de la santé, groupes pour lémancipation économique et groupes daide humanitaire comme la Croix-Rouge, les églises et beaucoup dautres encore. La société civile est donc largement représentée.. Nous collaborons étroitement avec le gouvernement sur les questions du changement climatique. Sur ce plan, notre gouvernement est très actif sur la scène internationale, notamment à léchelle régionale. Nos organisations ont donc décidé de former une coalition. Nous travaillons également avec le Fonds mondial pour la nature (WWF) basé aux îles Fidji et avec le ministère de lEnvironnement. Nous avons organisé des forums de la société civile au niveau régional, ayant pour thèmes la gouvernance régionale, la santé, légalité des sexes. Nous avons formulé des recommandations à lintention des gouvernements. Grâce à ces forums, nous avons pu établir des priorités et mettre au point des plans daction. Nous œuvrons également à la sensibilisation par les médias. Sur les îles touchées par lérosion, nous menons des projets consistant à aider la population à planter des arbres selon les méthodes traditionnelles et, par exemple, à protéger les cocotiers, qui, en outre, constituent pour nous un gagne-pain. Nous voulons que la population des Tuvalu prenne son destin en main. Or, certains aspects du changement climatique échappent à notre contrôle. Nous ne pouvons donc pas le maîtriser. Tout ce que nous pouvons faire, cest envoyer des représentants à des rencontres internationales pour faire entendre nos préoccupations. Nous ne pouvons pas nous limiter à compter sur les autres et à attendre que lon nous dise quoi faire, nous devons aussi agir nous-mêmes. Certains pays comme les Etats-Unis et même lAustralie , lun de nos voisins, sont encore réticents par rapport à ces questions. Ils nont toujours pas signé le Protocole de Kyoto, linstrument qui met véritablement laccent sur ces problèmes. La Nouvelle-Zélande est par contre bien disposée à notre égard. Un plan démigration vers la Nouvelle-Zélande a déjà été mis au point alors que lAustralie refuse de nous ouvrir ses portes. Nous collaborons plus étroitement avec la société civile néo-zélandaise. Ainsi, nous assisterons prochainement à une réunion à Wellington pour discuter des préparatifs logistiques en vue de laccueil des Tuvaluans. 1 L'interview a eu lieu avant le changement de gouvernement en Australie (Novembre 2007).H.G. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008D D o o s s s s i i e e r r Climat Pacifique13 12 D D o o s s s s i i e e r rClimat Pacifique UNE SOCIÉTÉ CIVILEdynamiqueAnnie Homasi, directrice exŽcutive de l'Association des organisations non gouvernementales de Tuvalu (TANGO), a ŽtŽ nommŽe Officier de l'Ordre de l'Empire britannique en reconnaissance de son action gŽnŽreuse en faveur des habitants des ”les Tuvalu et de la rŽgion du Pacifique Sud. Elle dŽcrit dans les grandes lignes le travail accompli par son organisation. Drapeau de Tuvalu.© IStockphoto.com/Ufuk Zivana PAGE 9 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008mentation étaient sur le point d'être transportés vers la capitale Honiara quand le tsunami a eu lieu. En aval, rapporte toujours le CPS, la branche locale du World Fish Center et le centre sous-régional de Gizo de CoPSPSI (Commercialisation of Seaweed Production in the Solomon Islands) ont dû ralentir considérablement leurs activités. Pour aider certaines espèces à se reconstruire, une interdiction sur leur capture a été instaurée, ce qui affecte les populations pour lesquelles elles constituaient une source de revenu. >Le triangle du corailLes dégâts sur l'environnement sous-marin dans les environs de lîle de Choiseul sont encore en cours d'évaluation mais ils sont certains, selon les spécialistes. Cette zone est l'une des plus riches du monde pour la biodiversité des coraux (près de 500 espèces) et des poissons de récif (plus de 1.000 espèces). Les îles Salomon font partie du triangle de corail (Coral Triangle) avec l'Indonésie, les Philippines, la Malaisie, le Timor Leste et la Papouasie Nouvelle Guinée. Laffectation des coraux est susceptible davoir des impacts en cascade sur la biologie sous-marine. >Déforestation et changements climatiquesAux îles Salomon, 70% des recettes de lEtat proviennent des taxes d'exportation du bois. Et de la vente des licences de coupe. L'exploitation de la forêt tropicale fragilise considérablement l'environnement. Cette exploitation est particulièrement intense dans la Western Province, la plus touchée par le tsunami. Les prévisions généralement admises prévoient la disparition des forêts dans un délai d'à peine cinq ans. Le peu de forêts restant a déjà fait l'objet de licences d'exploitation. Actuellement, les coupes effectuées correspondent à près de trois fois la quantité considérée comme soutenable. Et les compagnies forestières continuent à augmenter leurs prélèvements. Avant même le tsunami, le plus long lagon du monde entouré dîles et peutêtre le plus beau d'après des experts, le Marovo lagoon dans la Western Province, était en grave danger à cause de la déforestation avancée de l'île principale. Déjà, il n'y a presque plus de coquillages et de poissons. De plus en plus, les compagnies forestières travaillent sur des terrains en pente, ce qui n'est pas sans créer des risques d'érosion dans les zones côtières, accentuant ainsi les effets potentiels de la montée du niveau de la mer. William Atu, directeur de projet du bureau d'Honiara de The Nature ConservancyŽ (www.nature.org) explique au Courrier que ces dépôts dus à l'érosion dans un lagon profond, comme cest le cas en maints autres endroits des îles Salomon, abîment les coraux et ce, avec des effets collatéraux sur la vie marine en général. Les dommages du tsunami sur les coraux et la vie marine dans les provinces d'Isabel et de Choiseul font l'objet dévaluations plus précises qui vont être publiées par l'organisation. Pour M. Atu, il est impératif, ne fût-ce que sous l'angle de la protection de l'environnement, que le gouvernement légifère sur l'exploitation des forêts. Mais le gouvernement ne le fait pas ou ne fait pas appliquer les législations existantes, ajoute-il, trop de gens dans la province sont soutenus par les compagnies forestières et les intérêts publics et privés du commerce du bois sont très importants dans le pays. La pratique de la pêche est tout autant insoutenable, ajoute M. Atu. Les prises de la plus grande pêcherie commerciale du pays, Solomon Taiyo LTD, ont décru de 20% depuis 1993. H.G. D D o o s s s s i i e e r r Climat Pacifique15 14Iles Salomon. 2 avril 2007, 7h40 du matin. Un tsunami ravage les zones côtières dans la Western Province et à Choiseul. Il a été provoqué par un tremblement de terre de 8,1 degrés sur l'échelle de Richter avec un épicentre situé à peine à 45 km de la petite ville de pêche et de sports nautiques de Gizo (5.000 habitants) sur lîle de Gizo (Western Province), à 205 km de Chirovanga, Choiseul, la deuxième province la plus touchée et à 345 km de la capitale Honiara sur lîle de Guadalcanal. Acause de sa proximité avec l'épicentre du séisme, Gizo navait reçu aucun avertissement. Heureusement que les trombes d'eau se sont déversées durant le jour et que les vagues de 3 mètres étaient moins hautes et moins puissantes que celles du tsunami de l'océan Indien de décembre 2004. Elles n'en ont pas moins fait des dizaines de morts et des milliers de sans-abri notamment à Gizo. Parmi les autres localités sinistrées, Naro et Taro Islands et, à un niveau moindre, Vella La Vella, Kolombangana, New Georgia et Simbo dans la Western Province. Les dommages en termes de vies humaines auraient été beaucoup plus sévères si les populations concernées navaient pas bénéficié de projets de sensibilisation développés à la suite du tsunami de locéan Indien. We were lucky it happened during the day time and the people observed that the sea receded and that was a sign that something was not right and most people moved to higher groundŽ, a précisé lexPremier ministre Sogavare, encore en poste lors de la visite du Courrier en novembre 2007. Sur l'île volcanique de Simbo à une trentaine de kilomètres de l'île de Gizo, la mer a envahi jusqu'à 200 mètres à l'intérieur des terres, libérant le soufre d'un cratère sous-marin du volcan. L'inondation de l'église du village a entraîné la mort de l'évêque, qui procédait à une ordination, et de trois fidèles. Vingt-cinq répliques du tremblement de terre après le tsunami ont effrayé la population restée perchée sur les hauteurs de lîle plus longtemps que nécessaire de peur quun nouveau tsunami ne sabatte sur lîle.>Destruction des ressources marinesD'après des évaluations faites par Secrétariat de la communauté du pacifique (CPS), le tsunami a provoqué une destruction des ressources marines sauvages comme de celles des centres d'aquaculture. Ce qui n'a pas été sans affecter l'approvisionnement des communautés installées le long des côtes. L'aquaculture concerne les fruits de mer, les perles de culture et des espèces pour aquarium. Autour de Gizo, les fermes ont été complètement détruites. Le plan élaboré par la SPC à la suite de rencontres avec les aquaculteurs consistait à les aider à relancer les activités à partir de souches provenant d'une autre île de la province et, entretemps, de fournir des fruits de mer aux fermiers pour que leurs activités commerciales puissent être maintenues. Parmi les villages très durement touchés, Titana sur l'île de Gizo, qui a aussi eu des pertes en vies humaines, Rarumana et Sagheragi. Dans ce dernier village, des stocks importants de poissons d'orneD D o o s s s s i i e e r rClimat Pacifique T T S S U U N N A A M M I I s s u u r r l l e e s s î î l l e e s s S S a a l l o o m m o o n n Extraits : Interview de lex-Premier ministre Manasseh Sogavare.Manasseh Sogavare a été Premierministre de 2000 à 2001 et une nouvelle fois de 2006 à 2007. Derek Sikua lui a succédé le 21 décembre 2007. Le Courrier : Après le tsunami, votre pays a-t-il reçu un soutien suffisant de l'étranger pour l'aider dans ses efforts de reconstruction ? Non, pas vraiment. Par contre, les donateurs nous ont fait comme toujours de nombreuses promesses. Nous vous aimons, nous vous envoyons ceci et nous allons faire ceci et puis cela. Six mois plus tard, nous attendons toujours que ces promesses se concrétisent. Je ne pense pas que cette situation se limite aux Iles Salomon. L'Asie est, elle aussi, concernée par ce problème. Le continent asiatique attend toujours l'assistance promise. Je me dois toutefois d'être honnête. De laide, nous en avons reçue de ceux qui ont tenu leurs promesses. Le problème, cest quavec certains donateurs, nous attendons encore ! Sige central du Service mŽtŽorologique des ”les Salomon.© Hegel Goutier Pirogue.© IStockphoto.com/Longshots PAGE 10 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008"Tes pays en développement des îles du Pacifique ne sont responsables que de 0,03% des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Et pourtant, on prévoit que ces pays auront à faire face aux conséquences les plus précoces et les plus sévères du changement climatique au cours des deux siècles à venir.Ž Tel est le constat déjà fait en 2001 par le Groupe intergouvernemental dexperts sur le changement climatique (GIEC), chargé par les Nations Unies dassister les Parties à la Convention internationale sur les aspects scientifiques des changements climatiques. Dans son rapport de 2007, le GIEC se fait plus précis: Dans les petites îles, on sattend à ce que la détérioration des conditions côtières affecte les ressources locales telles que la pêche et réduise la valeur de ces destinations pour le tourisme. La hausse de niveau de la mer devrait aggraver linondation, leffet des tempêtes, lérosion et dautres risques côtiers, menaçant ainsi linfrastructure, lhabitat et les installations qui constituent les moyens de subsistance des communautés insulaires. Les changements climatiques réduiront les ressources en eau dans beaucoup de petites îles, par exemple dans les Caraïbes et le Pacifique, au point où elles deviennent insuffisantes pour satisfaire la demande pendant les périodes de faibles précipitations.Ž>Réfugiés climatiquesMinuscules cailloux volcaniques jetés et éparpillés dans locéan, la plupart des îles du Pacifique sont des récifs coralliens dépassant à peine le niveau de la mer, quand elles ne sont pas situées en dessous de son niveau. Cest le cas de la République de Kiribati, constituée de trois archipels, 32 atolls et dune île isolée. Le point culminant de Kiribati est Banaba et ses 81 mètres. Tuvalu, Etat polynésien, compte huit atolls dont le point culminant est situé à 4,5 mètres au-dessus du niveau des flotsƒ La moitié de ses 11.636 habitants vit au-dessous de trois mètres daltitude. Or, le changement climatique rend les marées de hautes eaux … jusquà 3 mètres au-dessus du niveau normal … de plus en plus fréquentes. Tuvalu est le premier pays où des gens ont dû abandonner leur terre pour échapper aux inondations. Kiribati et Vanuatu se voient elles aussi forcées de reloger des populations victimes de lérosion des côtes et de la montée du niveau de la mer. Cette migration forcée, note un rapport des Nations Unies, implique un besoin urgent de plans coordonnés, tant à léchelle régionale quinternationale, pour reloger les communautés menacées et mettre en place tout un arsenal politique, juridique et financierŽ.D D o o s s s s i i e e r r Climat Pacifique17 16Les îles du Pacifique constituent l'une des régions du monde les plus susceptibles d'être affectées par les changements climatiques à cause de leur vulnérabilité qui est fonction de divers facteurs : leurs petites tailles, leur éloignement (la tyrannie des distances), leurs structures géologiques … souvent des îles coralliennes à fleur d'eau … leur position sur les lignes de glissement des plaques tectoniques et donc des tremblements de terre et des tsunamis (le fameux Anneau de feu qui sétend jusquaux Amériques, au Japon et descend jusquen Nouvelle-Zélande). Sans compter une gestion parfois insoutenable des ressources. Toutes ou presque sont dans des situations semblables ou à peine plus enviables que Tuvalu ou les îles Salomon. Des exemples. Kiribati culmine à 87 mètres mais nombre de ces îles sont des récifs coralliens recouverts de deux à trois mètres de sable, sans rivières ni aucune source deau potable. Certaines îles de Kiribati , notamment Banaba, ont été fragilisées par l'exploitation du phosphate par la British Phosphate Commission et d'autres, dans les Lines Islands, par les essais des bombes à hydrogène du Royaume-Uni et des EtatsUnis au cours de la période coloniale. L'île de Tarawa (70.000 habitants) a les mêmes problèmes que Tuvalu même si l'île est plus grande. Dans l'un de ses récents rapports, le Programme régional pour lenvironnement du Pacifique Sud (SPREP)1 a confirmé le fait que deux îlots inhabités de Kiribati, Tebua Tarawa et Abanuea, ont disparu sous l'eau en 1999. Les côtes des 19 atolls des Iles Marshall sont en totalité érodées. Pour les protéger, comme à Kiribati, la population y déverse désespérément toutes sortes de gros matériel usagés, camions, vieilles voitures et autres machines usagées et les recouvre de pierres. Les îles Marshall et Kiribati ont déjà leurs premiers réfugiés écologiques dans la petite île haute de Niue. La Papouasie …Nouvelle Guinée . Des fleuves de la dimension de l'Amazone alors que leurs cours évoluent sur de relativement courtes distances. Le 19 septembre 1994, une explosion de plusieurs cônes du volcan Rabaul a détruit en grande partie la ville qui porte son nom. Certaines îles adjacentes sont aussi menacées de disparaître. Cest le cas notamment des Iles Carteret , peuplées de quelques 2.000 habitants qui reconstruisent sans cesse des digues de protection et essaient de faire pousser la mangrove sans grand espoir. La décision a été prise de les faire émigrer par petits groupes vers les îles Bougainville à quatre heures de navigation. Nauru , très riche dans le passé grâce aux mines de phosphate, a été dévasté et fragilisé jusque dans ses fondations par 50 années de surexploitation de ce minerai désormais épuisé.1InstaurŽ en 1974 par la Commission du Pacifique Sud, le SPREP a pour mission d'aider les pays de la rŽgion ˆ protŽger l'environnement et ˆ pratiquer un dŽveloppement durable. H.G. D D o o s s s s i i e e r rClimat Pacifique TOUTES VULNÉRABLES : tyrannie des distances, ANNEAU DE FEUCOOK ISLANDS 15 ”les dont 13 habitŽes, coralliennes au nord et volcaniques au sud ; 240 km2; eaux territoriales 1.800.000 km2; 19.450 habitants (2000) FIDJI 332 ”les dont 100 habitŽes dont 2 trs grandes ; 18.272 km2; eaux territoriales 1.260.000 km2; 799.265 habitants (2000) KIRIBATI 28 atolls dont 17 habitŽs ; 690 km2; eaux territoriales 3.600.000 km2; 84.440 habitants (2000) ILES MARSHALL 5 ”les coralliennes, 29 atolls et 1200 ”lots ; 170 km2; eaux territoriales 2.131.000 km2; 51.665 habitants (2000) ETATS FƒDƒRAUX DE MICRONƒSIE . 4 groupes d'”les totalisant 607 ”les, certaines volcaniques et d'autres de type atolls coralliens ; 700 km2; eaux territoriales 2.978.000 km2; 117.644 habitants (2000) NAURU 1 ”le corallienne surŽlevŽe, 24 km2; eaux territoriales 320.000 km2; 12.500 habitants (2000) NIUE 1 atoll corallien surŽlevŽ ; 259 km2; eaux territoriales 390.000 km2; 1.800 habitants (2000) PALAU 200 ”les coralliennes ou volcaniques dont 8 habitŽes ; 487 km2; eaux territoriales 600.900 km2; 19.485 habitants (2000) PAPOUASIE Ð NOUVELLE GUINƒE 462.840 km2, 3.120.000 millions de km2d'eaux territoriales, plus de 5.099.000 habitants (2000) SAMOA 2 ”les principales et 7 ”les adjacentes ; 2.857 km2; eaux territoriales 120.000 km2; 169.900 habitants et prs de 100.000 vivant ˆ l'Žtranger (2000) ILES SALOMON 6 grandes ”les, 20 petites et des centaines d'”lots ; 28.446 km2; eaux territoriales 1.630.000 km2; 416.200 habitants (2000) TONGA 169 ”les dont 45 habitŽes ; 699 km2; eaux territoriales 700.000 km2; 98.850 habitants (2000) TUVALU 9 atolls coralliens dans lesquels 8 ”les habitŽes ; 26 km2; eaux territoriales 757.000 km2; 9.900 habitants (2000) VANUATU 12 grandes ”les et environ 70 petites habitŽes ; 12.189 km2; eaux territoriales 680.000 km2; 12.190 habitants (2000) The 14 ACP countries of the Pacific: Les ÎLES PACIFIQUE SUBMERGÉES par leRÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUEC™tes grignotŽes, nappes phrŽatiques salinisŽes, premiers exodes de rŽfugiŽs "climatiques" : le rŽchauffement climatique est dŽjˆ Ð dure Ð rŽalitŽ pour la majoritŽ des ”liens du Pacifique. Aussi, prioritŽ a ŽtŽ donnŽe ˆ des programmes leur permettant de s'adapter Ð eux et leur environnement Ð ˆ la nouvelle donne climatique. Des programmes qui bŽnŽficient de l'appui de l'Union europŽenne. Atoll de Funafuti.© Hegel Goutier Vue de l'atoll de Funafuti. A droite l'ocŽan, ˆ gauche le lagon.© Hegel Goutier PAGE 11 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008L es îles ACPdu Pacifique ne seront pas les seules à subir de plein fouet les conséquences des changements climatiques. Les Etats insulaires des Caraïbes et lAfrique figurent également parmi les points du globe qui devraient être, et sont déjà, les plus touchés par le réchauffement annoncé. Reconnaissant la responsabilité des pays industrialisés dans ce processus, la Commission européenne dépose dès 2003 une stratégie pour aider les pays en développement à faire face aux défis que représentent les changements climatiques, stratégie entérinée en 2004 par le Conseil des ministres de lUE sous forme dun plan daction 2004-2008. Depuis, les choses se sont quelque peu accélérées. Il y a dabord eu les Journées européennes du développement (JED) dont la deuxième édition, qui sest déroulée en novembre dernier à Lisbonne, était placée sous le thème du changement climatique. Novembre, soit à peine un mois avant la Conférence internationale sur le climat qui, à Bali, a finalement convenu dune feuille de routeŽ engageant pays industrialisés et pays en développement à poursuivre leurs efforts pour atténuer leurs émissions de gaz à effet de serre au-delà de 2012, date de la fin de la première période du protocole de Kyoto. Novembre à Lisbonne, où le Commissaire européen au Développement, Louis Michel, a appelé à un emprunt mondialŽ pour permettre aux pays en développement daffronter les changements climatiques. Imaginons de manière créative un emprunt mondial qui permettrait de dégager les moyens pour répondre à lensemble de ce problème climatique. Si on ne conduit pas, ici et maintenant, une décision politique forte avec un résultat immédiat, nous nous trouverons dans la même situation dans 15 ansŽ. Cet emprunt, a ajouté le commissaire, serait géré par les institutions internationales et totalement soutenu et financé par les pays les plus riches.> Nécessité dune alliance globale Lemprunt mondial permettrait notamment de soutenir les actions prévues dans la stratégie entérinée par le Conseil de lUE en 2004 mais aussi par le Conseil conjoint ACP-UE de juin 2006 à Port-Moresby, en Papouasie. Plus récemment, lAssemblée paritaire ACP-UE, réunie du 19 au 22 novembre à Kigali, a réclamé la mise en place dune stratégie complète soumise à des délaisŽ afin d'intégrer la prévention des catastrophes et les stratégies dadaptation dans tous les plans de développement nationaux, dans la politique de développement européenne et dans l'aide humanitaire. Elle demande aussi aux pays ACPet à lUE de fixer un objectif spécifique pour les énergies renouvelables, lesquelles devraient être au centre des programmes de coopération. Lors des JED à Lisbonne, Bernard Petit, Directeur général adjoint pour le développement à la Commission européenne, a de son côté reconnu quactuellement, la partie de laide consacrée aux stratégies dadaptation était insignifianteŽ. Et dindiquer les deux directions principales que devrait suivre lUE. Tout dabord, la nécessité pour les stratégies dadaptation dinclure le partenariat UEAfrique. Ensuite, amorcer une approche plus politique englobant lensemble des pays. Cest ainsi que lUE travaille actuellement sur la construction dune alliance globale, impliquant les pays en voie de développement, spécialement les Etats insulaires, et donnant une importance majeure au changement climatique dans les stratégies de développement. M.M.B. D D o o s s s s i i e e r r Climat Pacifique19 18 Face à cette montée inexorable des eaux et à une recrudescence de cyclones parfois redoutables … dont le cyclone Val de sinistre mémoire qui en 2001 a dévasté lîle de Samoa provoquant des dégâts estimés à 230% du PIB de cette petite économie et provoquant la mort de 13 personnes … la Commission européenne a créé une Facilité ACP-UE pour les catastrophes naturelles. Dautres fonds sont prévus. Le Secrétaire général du Programme régional océanien de lenvironnement (PROE), Asterio Takesa, a pour sa part indiqué que lUE a dores et déjà versé 200 millions deuros pour ladaptation aux changements climatiques et 150 millions deuros pour létablissement de plans daction nationaux. Le PROE est une organisation intergouvernementale chargée de promouvoir la coopération, dappuyer les efforts de protection et damélioration de lenvironnement du Pacifique insulaire et de favoriser son développement durable. Le PROE compte 25 membres, quatre pays développés ayant des intérêts directs dans la région (France, Nouvelle-Zélande, Australie et EtatsUnis) et 21 pays et territoires insulaires du Pacifique: Etats Fédéraux de Micronésie, Fidji, Guam, îles Cook, îles Mariannes du Nord, îles Marshall, îles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue, Nouvelle-Calédonie, Palau, PapouasieNouvelle Guinée, Polynésie française, Samoa, Samoa américaines, Tokelau, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Wallis-et-Futuna.>Ecosystèmes en péril Pour Espen Ronneberg, le responsable des questions climatiques du PROE, le Pacifique représente en réalité un cocktail de défis du fait de sa topographie, de sa capacité limitée à faire face aux changements environnementaux et dune pénurie de compétences locales. Selon lui, sil existe un consensus scientifique sur leffet de serre et sur la réalité des changements climatiques, nul ne sait vraiment si les températures mondiales vont continuer de croître ou sil y aura des événements imprévus. Et dajouter que si les récifs coralliens et les écosystèmes insulaires peuvent naturellement sadapter dans certaines limites, nul ne sait ce qui se passe lorsque ces limites sont atteintes très rapidement. Cest le cas notamment des mangroves, des écosystèmes précieux et de grande valeur économique. Selon une étude financée notamment par le Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE) (Les mangroves des îles du Pacifique face à un climat en évolution et la montée des mers… 2006) près de 13% des mangroves du Pacifique risquent de disparaître, celles des îles Fidji et Samoa étant parmi les plus menacées. Dans cette étude, Kitty Simonds, Directeur exécutif du Conseil de gestion des pêches du Pacifique occidental, explique que à cause des liens fonctionnels entre les zones humides à mangroves et les autres écosystèmes côtiers, et à cause de leur contribution importante à la production halieutique à proximité des côtes, les gouvernements et les communautés locales des îles du Pacifique doivent impérativement agir maintenant pour assurer lapprovisionnement durable des services offerts par les écosystèmes de mangroves. Le Conseil a récemment entamé la substitution de lensemble de ses plans actuels de gestion des pêches par des plans intégrés, basés sur les écosystèmes, pour chaque archipel. Les conclusions et les recommandations qui découlent de cette étude contribuent à lélaboration de ces nouveaux plans portant sur les écosystèmes halieutiques et adaptés au lieu.Ž M.M.B. D D o o s s s s i i e e r rClimat Pacifique LUE ET LES ACP EN QUÊTE DE STRATÉGIES DADAPTATION ŽFort dŽvastŽe.© IStockphoto.com/Geralda DŽg‰ts provoquŽs par le tsunami dans la province de Choiseul. © Robert Iroga Cours de sensibilisation aux changements climatiques. © Hegel Goutier PAGE 12 sont les plus affectés. Je pense aux petits Etats insulaires, aux pays africains, notamment ceux du Sahel. Il est important que leur voix soit entendue à Washington, à Pékin, à New DelhiŽ, a déclaré José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne qui a fait le déplacement jusquà Lisbonne. Un appel relayé par l'invité vedette des JED 2007, Kofi Annan, qui a usé de toute son autorité pour rappeler les pays riches à leurs responsabilités. On ne peut se permettre déchouer. Nous avons besoin dun régime post-Kyoto et cela commence aujourdhui, pas demain !Ž a déclaré gravement lancien Secrétaire général de lONU. >Le village des ONGMais les JED, avant d'être une plate-forme politique sont d'abord un lieu de débat et de rencontre entre les professionnels et le grand public, qui était invité à venir en nombre visiter le village des ONGŽ et participer aux discussions. Dans le hall de la foire internationale, 650 Lisboètes, jeunes ou moins jeunes, se sont mêlés aux grosses pointuresŽ du changement climatique et aux ONG venues du Nord comme du Sud. Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention cadre sur le changement climatique des Nations Unies a croisé les pas des représentants de Climate Action Network ou ActionAid International. Avec plus de 2100 participants, Lisbonne a été le point de rencontre entre Davos et Porto AlegreŽ, s'est enthousiasmé José Manuel Barroso. Le changement climatique a été abordé sous tous les angles dans de multiples tables rondes, avec une priorité donnée à l'enracinement local. Les pays ACPn'ont pas été oubliés avec un débat spécifique sur les conséquences du réchauffement pour leurs agriculteurs. C'est utile d'être ici. Cela permet d'échanger des connaissances, d'étendre ses contacts... et éventuellement de trouver des financements pour nos projetsŽ, explique Samuel, paysan venu du Ghana. Car les JED, c'est aussi ça, un grand salon où les professionnels du développement peuvent se rencontrer, échanger et... faire des affaires. C'est un endroit incontournable dans le secteur, notamment pour trouver des partenaires. On fait du business!Ž explique un représentant de Grenade, une maison de production audiovisuelle spécialisée dans le documentaire sur les pays en développement. Les stands de Radio France Internationale ou France 5 témoignent que le développement est bien un marché porteur dans le secteur de l'audiovisuel. Pour les étudiants attirés par le secteur caritatif, les JED sont un terrain de chasse pour décrocher un premier job.>VitrineLes Etats eux en font une vitrine pour afficher leurs efforts à destination des pays pauvres. Ainsi, tous les Etats membres de l'UE, à l'exception de la Bulgarie, ont installé un stand sur les bords du Tage. On pouvait même aussi visiter celui de Cuba ! Les Etats qui ont rejoint l'UE depuis mai 2004 ont répondu présents et rien ne les distingue plus des anciensŽ. Nous pensons que nous faisons de bonnes choses en matière de développement, donc c'est important de le montrerŽ, explique la représentante du stand de la République tchèque. Dans les allées du village, certains stands bardés d'écrans plats dernier cri impressionnent par leur design recherché, bien qu'ils ne soient pas toujours ceux des Etats les plus vertueux en matière d'aide publique au développement... Mais ce foisonnement d'initiatives n'a pas occulté le message principal des JED 2007 : l'urgence d'aider les plus pauvres à lutter contre le changement climatique. Certaines parties de l'Afrique seront frappées par des événements climatiques extrêmes, comme des inondations ou des tempêtes. Cela arrivera non pas à la fin du siècle mais durant notre existence mêmeŽ, a prévenu l'administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, Kemal Dervis. Ce sont les petites gens qui seront frappées en premierŽ, a mis en garde Mamadou Cissokho, président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l'Afrique de l'Ouest. Louis Michel n'a pas attendu longtemps pour passer de la réflexion à l'action en proposant un emprunt mondialŽ pour aider les pays pauvres à faire face au changement climatique, dès la séance de clôture. Si on ne conduit pas, ici et maintenant, une décision politique forte avec un résultat immédiat, nous nous trouverons dans la même situation dans 15 ansŽ, a affirmé le commissaire. Un défi lancé à tous les décideurs d'Europe et d'ailleurs. Et une façon de rappeler que les JED sont un moyen pour l'UE, premier donateur mondial, d'influencer un agenda du développement encore bien souvent déterminé à Washington. Rendez-vous est déjà pris en novembre 2008 pour la 3e édition qui se tiendra en France, probablement à Strasbourg, avec pour thème prometteur le rôle des pouvoirs locaux dans le développement. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 I nteractions ACP-UE 21 20Aquelques mètres du Tage, dans l'immense hall de la foire internationale de Lisbonne, ONG et diplomates, paysans africains ou chefs d'Etat, se mélangent joyeusement dans une ambiance de salon étudiant. Ce cocktail improbable, cest la recette détonante des Journées européennes du développement (JED), dont la seconde édition a largement réussi son examen de passage du 7 au 9 novembre 2007 à Lisbonne. Après la première édition en forme de ballon dessai en 2006 à Bruxelles, cette initiative sortie tout droit du cerveau du Commissaire européen au Développement Louis Michel a trouvé son rythme de croisière dans la capitale portugaise. Grâce à un thème porteur : limpact du changement climatique sur le développement. Si nous n'intégrons pas le changement climatique dans nos politiques de développement … ici et maintenant … nous perdrons le bénéfice de tous les investissements que nous avons faits.Ž Le commissaire a donné le ton, celui de la gravité, dès la séance d'ouverture devant José Socrates, le Premier ministre portugais en charge de la présidence de l'UE, dont la présence marquait pour la première fois l'adoubement par le Conseil des JED. Un appel à la responsabilité qui s'est transformé en cri d'alarme quand le président des Maldives, Maumoon Abdul Gayoom, a expliqué que le réchauffement du climat menaçait la survie même de son archipel. Et de lancer un appel solennel à tous les pays développés et émergents pour qu'ils s'engagent sur des cibles contraignantes en matière de réduction des émissions de gaz carbonique. Ala veille de la conférence internationale tant attendue sur le changement climatique à Bali en décembre, les JED ont offert une plate-forme idéale à l'UE pour afficher sa solidarité avec les pays pauvres et accroître ainsi la pression sur les autres partenaires plus réticents à s'engager dans les négociations. Ce sont ceux qui ont le moins contribué au changement climatique qui I nteractions JOURNƒES EUROPƒENNES DU DƒVELOPPEMENT SŽbastien FallettiEnsemble face au CHANGEMENT CLIMATIQUE JournŽes europŽennes du dŽveloppement, Lisbonne, du 7 au 9 novembre 2007. © CE Kofi Annan et JosŽ Manuel Barroso, Lisbonne, du 7 au 9 novembre 2007. © CE PAGE 13 22 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008Sept ans après le premier Sommet UE-Afrique au Caire et limpossibilité den tenir un second en 2003, en raison de divergences sur lopportunité ou non denvoyer une invitation au Président zimbabwéen Robert Mugabe, le Sommet de Lisbonne a débouché sur un nouveau partenariat stratégique entre les deux continents. Ce nouveau partenariat et la nouvelle stratégie conjointe UE-Afrique sera mis en œuvre par le plan daction comprenant huit partenariats spécifiques entre les deux parties, couvrant plus de 20 actions prioritaires dans des domaines tels que la paix et la sécurité, la gouvernance démocratique et les droits humains, le commerce et lintégration régionale, les Objectifs du millénaire pour le développement, lénergie, les changements climatiques, les migrations, lemploi et la mobilité, et la science, la société de linformation et lespace. Les résultats seront réévalués en 2010, lors du prochain Sommet qui se tiendra en Afrique.>Plan dactionLes quelque 70 chefsdEtat et de gouvernement des deux continents se sont engagés à rendre pleinement opérationnelle larchitecture africaine dans le domaine de la paix et de la sécurité et à créer les conditions dun financement prévisible des opérations africaines de maintien de la paix. Dans les mois à venir, la Somalie donnera loccasion de vérifier à lépreuve des faits la vigueur de cet engagement. Le partenariat va porter également sur la promotion du mécanisme africain de revue par les pairs et lappui à la charte africaine sur la démocratie, les élections et la bonne gestion des affaires publiques ainsi que sur le renforcement de la coopération concernant les biens culturels. Le plan daction comprend aussi un partenariat sur le commerce, lintégration régionale et la mise en place de mesures pour renforcer les capacités africaines dans létablissement de normes et de contrôles de qualité ainsi que sur la mise en œuvre de lambitieux partenariat sur les infrastructures doté dune enve loppe de 5,6 milliards deuros. Les Objectifs du millénaire pour le développement, la sécurité énergétique et laccès à lénergie constituent dautres axes de cette stratégie. Un autre objectif-clé est létablissement dun agenda commun en matière de politiques pour faire face aux conséquences du changement climatique. Les migrations, la mobilité et lemploi sont un autre volet de ce plan daction qui veillera à la mise en œuvre de la Déclaration de Tripoli sur la migration et développement, du plan daction UE-Afrique contre le trafic dêtres humains. Enfin, le plan daction prévoit le soutien au développement de la société de linformation en Afrique, à la coopération scientifique et spéciale. Dans un cadre plus large et afin de mettre en œuvre ces priorités, la Commission européenne a signé à Lisbonne avec 31 Etats ACPdAfrique sub-saharienne des programmes de coopération (les Documents de Stratégie Pays), définis conjointement, pour la période 2008-2013, dont le montant dépasse les 8 milliards deuros (voir encadré). Dans les semaines à venir, des accords similaires seront signés … dans le cadre du 10e FED … avec dautres pays afin de porter lengagement de lUE envers les pays dAfrique subsaharienne dans une fourchette comprise entre 11 et 12 milliards deuros, compte non tenu dallocations supplémentaires pour imprévus, daides régionales, des interventions de la Banque européenne dinvestissement (BEI) et du programme de coopération séparé avec lAfrique du Sud, et dautres instruments (laide au commerce par exemple). Aces accords, il faut encore ajouter les programmes de coopération avec les pays dAfrique du Nord et les prêts de la BEI à ces Etats.>Alliance indispensableŽCes accords visent à forger lindispensable allianceŽ entre les deux continents quappelle de ses vœux le Commissaire au Développement Louis Michel, par delà les sensibilités différentes qui ont pu sexprimer lors dun sommet, qui a tenu toutes ses promesses quant à la franchise du ton, reléguant la relation à sens unique donneur-bénéficiaire dantan aux oubliettes de lhistoire. Cest ainsi quon a pu entendre la chancelière allemande Angela Merkel rappeler au Président Robert Mugabe luniversalité des valeurs comme les droits de lhomme. Et que celui-ci a riposté en fustigeant larroganceŽ de lAllemagne et dautres Etats qui lont critiqué. De son côté, le Président libyen Muammar Khadafi a exigé des compensations pour les méfaits de la colonisation, se heurtant au refus de Louis Michel qui a invoqué limportance de laide au développement européen au cours des dernières décennies, tandis que le Président de la Commission de lUnion africaine Alpha Omar Konaré a exhorté les dirigeants des deux continents à enterrer définitivement le pacte colonialŽ. Mais ces échanges directs nont pas empêché les relations euro-libyennes de franchir un nouveau pas, avec la décision prise par le Conseil européen du 14 décembre, douvrir des négociations en vue de conclure un accord de coopération avec Tripoli. Les deux parties nont pas éludé des thèmes sensibles comme celui des migrations, qui reflètent la préoccupation européenne face à lafflux dimmigrants illégaux et le souci africain denrayer la fuite des cerveaux, mais où les deux parties ont marqué leur volonté de saisir les opportunités liées à la migration circulaire en terme demplois. La perspective de la signature des Accords de partenariat économique (APE), censés remplacer à partir de 2008 par un régime compatible avec les règles de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) les avantages non réciproques dont ont bénéficié les Etats ACP, ont également occupé le devant de la scène. Le Président sénégalais Abdoulaye Wade a estimé que lAfrique nétait pas prête pour une zone de libre-échange avec lEurope. Deux leaders européens ont exprimé jusquà un certain point leur sympathie avec ce point de vue. Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern a convenu quil était nécessaire de donner plus de tempsŽ aux négociations, tandis que le Président français Nicolas Sarkozy a reconnu la fragilité des économies de certains Etats. Dautres représentants européens ont par ailleurs souligné que de tels points de vue ne reflétaient pas la position de lUE, laquelle a donné mandat à la Commission européenne pour négocier ces APE avec les Etats ACP. La Communauté est-africaine, plusieurs Etats dAfrique australe et de locéan Indien, la Côte dIvoire et le Ghana ont néanmoins conclu des accords intérimaires sur les échanges de marchandises, avec la Commission européenne, dont le Président José Manuel Barroso a promis de consulter les dirigeants des quatre régions du continent, avant dentamer un nouveau round de négociation en février prochain, en vue de finaliser avec lensemble des Etats sub-sahariens des APE complets, portant également sur les échanges de services, les investissements, la propriété intellectuelle et louverture des marchés publics. F.M. 23 Un nouveau PARTENARIATstratégiqueUne StratŽgie conjointe et un plan d'action 2008-2010 pour lancer le nouveau partenariat stratŽgique entre l'UE et l'Afrique : tels furent les principaux rŽsultats du second Sommet UE-Afrique qui s'est tenu ˆ Lisbonne les 8 et 9 dŽcembre derniers. Au terme d'un dialogue franc et direct, les participants ont clairement montrŽ leur volontŽ de tourner la page sur le passŽ colonial et de s'attaquer ensemble aux dŽfis du futur. JosŽ Manuel Barroso durant le Sommet UE-Afrique ˆ Lisbonne (du 8 au 9 dŽcembre 2007).. © ECJosŽ Manuel Barroso et Alpha Oumar KonarŽ, PrŽsident de l'Union africaine ˆ Lisbonne.© EC Le Commissaire europŽen au dŽveloppement et ˆ l'aide humanitaire, Louis Michel, durant le Sommet UE-Afrique ˆ Lisbonne (du 8 au 9 dŽcembre 2007). © EC I nteractions UE-AfriqueI nteractionsUE-Afrique PAGE 14 24 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 Laide par pays Montants des programmes indicatifs nationaux pour les 31 Etats signataires des documents de stratŽgie de coopŽration avec l'UE (enveloppes A et B) En millions d'euros BŽnin 340,2 Botswana 77,3 Burkina Faso 537,2 Burundi 202,1 Cameroun 245,9 Comores 48,1 Congo-Brazzavillle 85 Djibouti 41,1 Ethiopie 674 Gabon 50,2 Gambie 77,9 Ghana 373,6 GuinŽe Bissau 102,8 Kenya 394,4 Lesotho 138 LibŽria 161,8 Madagascar 588,2 Malawi 438 Mali 559,3 Maurice 63,4 Mozambique 634,1 Namibie 104,9 Rwanda 294,4 Sao TomŽ et Principe 18,2 SŽnŽgal 297,8 Seychelles 6,3 Sierra Leone 268,4 Swaziland 63,9 Tanzanie 565,1 Tchad 311 Zambie 489,4 NB : A ces montants peuvent s'ajouter des allocations supplŽmentaires pour couvrir des besoins imprŽvus ainsi que des aides rŽgionales et les financements de la Banque europŽenne d'investissement. Source : Direction gŽnŽrale du dŽveloppement de la Commission europŽenne 25 10EFED : RƒPARTITION DU FINANCEMENTSur les 22,7 milliards d'euros libŽrŽs au titre du 10me FED (2008-2013), 22 milliards sont destinŽs aux ACP, 286 millions aux pays et territoires d'outre-mer (PTOM), auxquels il faut ajouter les 430 millions octroyŽs ˆ la Commission, pour lui permettre de soutenir la programmation et la mise en Ïuvre du FED. Le montant total destinŽ aux pays ACP se rŽpartit comme suit : 17.766 millions pour les programmes indicatifs nationaux et rŽgionaux, 2,7 milliards millions d'euros pour la coopŽration intraACP et la coopŽration intra-rŽgionale, et 1,5 milliards millions d'euros aux facilitŽs d'investissement. Le FED se concentrera davantage sur les programmes rŽgionaux visant ˆ soutenir la mise en Ïuvre des Accords de partenariat europŽen (APE) et sur les "tranches incitatives" axŽes sur la bonne gouvernance. Les APE mettent METTENT LE FEUà lAssemblée paritaire "I l ny a pas de plan B ! Le plan, ce sont les règles de lOMCŽ, déclare fermement Louis Michel dans la salle chauffée à blanc du centre de conférence du Serena Hotel au cœur de Kigali, où une centaine de parlementaires venus de quatre continents lui faisaient face. Le Commissaire européen au Développement a apporté son appui total aux Accords de partenariat économique (APE) que lUE tente de conclure avec les pays ACPpour satisfaire aux demandes de lOMC. Plus que jamais, les APE ont dominé les débats de lAssemblée parlementaire paritaire (APP) UE-ACP, lors de sa 14e session qui sest déroulée du 19 au 22 novembre 2007 dans la capitale rwandaise. En déclenchant des débats houleux avec la Commission européenne mais aussi des divisions entre députés européens. Aquelques semaines de la date butoir du 31 décembre fixée à lOMC pour la conclusion des négociations, lAPPa servi de porte-voix aux inquiétudes provoquées par la libéralisation commerciale prévue par les APE. Et les parlementaires ACPappuyés par nombre de leurs collègues du Parlement européen nont pas manqué loccasion de faire passer le message à la Commission, en charge des négociations, mais aussi au Conseil en profitant de la présence de Joao Cravinho, le Ministre de la Coopération du Portugal alors en charge de la présidence de lUE. Chantier de construction au centre de Kigali (Rwanda).© Andrea Frazzetta (Agenzia Grazia Neri) Avec l'aimable autorisation d'Andrea Frazzetta I nteractions ACP-UEI nteractionsACP-UE PAGE 15 LAFRIQUE VEUT TRANSFORMERses diamants chez elle N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 27 C ommerce 26>La Déclaration de Kigali Avec un résultat tangible en définitive, fruit de plusieurs jours de débats et de tractations en coulisse : ladoption dune Déclaration de Kigali qui souligne les inquiétudes des ACPenvers la stratégie de la Commission qui menaçait dimposer le système de préférences généralisé, bien moins généreux en termes daccès au marché de lUE, aux pays qui ne signeraient pas un accord dans les temps. La Déclaration de Kigali estime que ce système mettrait en péril le bien-être et les moyens de subsistance de millions de travailleursŽ, rappelant les engagements pris par lUE dans lAccord révisé de Cotonou qui précise quaucun pays ACPne doit se retrouver dans une position moins favorable à lissue des négociations. Néanmoins, sous la pression des chrétiens démocrates et libéraux, la Déclaration fait également référence au besoin dune compatibilité avec les exigences de lOMC. Alors que les négociateurs de la Commission tentaient darracher dans les temps des accords de libre échange compatibles avec les règles de lOMC, à défaut dAPE complets, les parlementaires ont dénoncé les pressionsŽ et lapproche dogmatique et dictatorialeŽ de lexécutif européen. Comme au vieux temps des colonies, on nous a demandé dêtre le bon garçon et de venir signer à Bruxelles !Ž sest emporté M. Sebetela du Botswana, déclenchant un tonnerre dapplaudissements. Cest véritable chantage!Ž sest exclamé le socialiste belge, Alain Hutchinson. Malgré ce déluge de critiques, Louis Michel a tenu bon. Il a réaffirmé sa foi dans les APE décrits comme des outils de développementŽ et tenté de rassurer en rappelant que la libéralisation commerciale serait progressive et saccompagnerait daides financières européennes substantielles. Ce nest pas de la libéralisation bête et méchante !Ž a expliqué le commissaire avant de rappeler léchec du système de préférence commerciale en place depuis plusieurs décennies. Pour lui, il est temps que les pays ACPjouent le jeu de louverture économique en prenant pour modèle la croissance des pays asiatiques.>Le monopole de la ChineLAsie et ses puissances émergentes comme la Chine ou lInde, qui prennent position sur le continent africain, ont provoqué un autre débat musclé à Kigali, cette fois-ci entre des parlementaires européens et leurs homologues ACP. Ces derniers se sont opposés à toute critique à légard de Pékin dans un rapport sur les investissements étrangers adopté par lAssemblée, déclenchant la furie de la co-rapporteuse luxembourgeoise Astrid Lulling. La Chine saccapare les ressources naturelles et les matières premières de ce continent. Cela ne contribue pas au développement mais profite aux entreprises chinoises. Laide de la Chine fait plus de mal que de bienŽ, a déclaré sans ambages la député européenne sattirant en retour les foudres des parlementaires africains, appuyés par le co-président de lAPP, Radembino Coniquet. Chaque pays a le droit de développer ses relations avec qui il le souhaiteŽ, a répliqué sèchement un représentant de la République Démocratique du Congo (RDC). Et daffirmer que les ACPnavaient pas à recevoir de leçon dune Europe dont les entreprises sont promptes à délocaliser dans lEmpire du Milieu plutôt quen Afrique. Un échange de tir qui révèle la sensibilité de la question et lampleur du travail à accomplir par lUE qui souhaite établir un dialogue à troisŽ avec Pékin et le continent africain. LAssemblée a retrouvé son unité pour dénoncer la dégradation de la situation dans lEst de la RDC où la poursuite des combats entre larmée congolaise et les forces rebelles menées par le général Laurent NKunda a forcé 350.000 personnes à quitter leur foyer en moins dun an. Les parlementaires, dans une résolution durgence, ont appelé la communauté internationale et les pays voisins à la mobilisation. Le Congo, cest la gâchette de lAfriqueŽ, a prévenu un parlementaire de RDC. Le viol des femmes, lassassinat denfants, la violence et le pillage pour raisons ethniques font de cette crise une menace pour la stabilité de la régionŽ, a confirmé le député allemand Jürgen Schroeder. Lavertissement de lAPPfut tragiquement confirmé quelques jours plus tard par lintensification des combats autour de la ville de Goma, si près de la frontière rwandaise. LAssemblée fut aussi loccasion denvoyer un signal dalarme sur un sujet moins dramatique mais aux répercussions néanmoins sérieuses pour les pays ACP: le retard pris dans la ratification de lAccord de Cotonou révisé qui met en péril le déboursement du 10e Fonds européen de développement prévu pour la période 2008-2013. Les co-présidents Glenys Kinnock et Radembino Coniquet ont appelé les parlements nationaux à la mobilisation pour assurer la ratification dans les temps pour permettre le déboursement de laide européenne. Les 27 pays de lUE ainsi que deux tiers du groupe ACPdoivent obligatoirement avoir ratifié laccord pour permettre à la Commission de puiser dans les 22,6 milliards deuros du FED. Cest très sérieux. Si la ratification nest pas terminée les financements pour les projets et laide budgétaire narriveront pasŽ, a prévenu Mme Kinnock. En priant pour que cette question soit réglée lorsque lAPPse réunira la prochaine fois en mars, en Slovénie. S.F. Après les pays producteurs dhydrocarbures dAmérique du Sud, voici que le nationalisme des ressourcesŽ sétend aux Etats producteurs de diamants en Afrique, qui exigent de lindustrie quelle les aide à transformer leurs produits chez eux. Un pari difficile sur le plan de la rentabilité. Ala demande des pays producteurs africains, la dernière conférence du diamant, qui sest tenue à Anvers les 15 et 16 octobre derniers, sest focalisée essentiellement sur le débat de la transformation sur place de leurs gemmes, que les Sud-Africains ont baptisée beneficiationŽ. Le point de départ de ce débat est la prise de conscience par les dirigeants dAfrique australe du fait que lAfrique, bien que pourvoyeuse de la plus grande part des matières premières (diamants, or, platine, etc.) du secteur mondial de la joaillerie, nobtient que léquivalent de 10% des revenus de ce secteur (150 milliards de dollars). Mais à la différence dun Etat comme la Bolivie qui a purement et simplement décidé de nationaliser lindustrie du pétrole en sommant les compagnies de lui rétrocéder ses parts, les pays producteurs dAfrique australe, détenteurs de parts importantes dans le capital des compagnies minières, entendent faire en sorte que la plus-value tirée de la taille des diamants profite à leur balance commerciale et à leur marché de lemploi. Il sagit dune lame de fond. Avec le Botswana, lAfrique du Sud, lAngola, la RDC et la Namibie, lAfrique pèse pour quelque 60% du volume et de la valeur de la production mondiale de diamants bruts et elle entend tirer parti de la situation doligopole dans laquelle se trouvent les entreprises minières productrices (les filiales de De Beers mais aussi la firme angolaise dEtat Endiama) pour imposer ses conditions au marché. >Occuper un créneau Pour ajouter de la valeur à leurs produits, ces Etats entendent imposer au marché le fait quils auront désormais accès à un minimum de pierres de gros calibre, pour lesquelles le coût salarial représente une portion moindre que dans le cas des diamants. Ils entendent de la sorte se ménager un créneau sur le marché, abandonnant celui des petites marchandisesŽ aux Indiens et autres Thaïlandais et Chinois, dont les coûts salariaux sont imbattables. En Afrique du Sud, un accord entre De Beers et le State Diamond Trader (SDT) autorise cette entité à acquérir 10% de toute la production pour la faire tailler sur place, de préférence par des entreprises de promotion économique des Noirs (Black Economic Empowerment). En Namibie, un autre accord entre De Beers et la Namibia Diamond Trading Company (NDTC) garantit la livraison à 11 tailleries de diamants bruts de 2007 àLAFRIQUE VEUT TRANSFORMERses diamants chez elle ActivitŽ commercial, Bamako 2007.© Afrique in visu /Baptiste de Ville d'Avray I nteractionsACP-UE PAGE 16 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 M imi Barthélémy, cest le conte. Difficile de rencontrer un dramaturge ou un acteur professionnel travaillant à partir des contes qui ne connaisse cette Haïtienne qui a transformé un art, sinon un folklore traditionnel, en théâtre expérimental de haut niveau, qui a présenté ses créations sur différents continents et a reçu nombre de distinctions pour son travail de défricheuse de terrains enchanteurs. Elle embrasse le conte de tous côtés par lécriture, la mise en scène, la musique, la sociologie, la sémiologie. Pour son œuvre, Mimi Barthélémy a reçu moult prix et distinctions. Chevalier de lordre national du Mérite (France), Officier de lordre des Arts et des Lettres (France), Becker dOr au 3 e Festival de la francophonie (1989), Prix Arletty de lUniversalité de la langue française (1992), sans compter des présidences de jury et autres honneurs. Ce jour-là, le 11 novembre dernier, elle était à Bruxelles à la Roseraie pour une pièce destinée plutôt au public jeune Quand les chiens et les chats parlaient . Mais comme dhabitude à ces spectacles, les adultes ne boudent pas leur plaisir et courent lapplaudir autant dans ce style de présentation que dans des pièces pour un public plus exégète du théâtre moderne, comme pour Une si belle mort , encore dans les mémoires, dont la première avait fait un triomphe en 2001 en Avignon. Mimi Barthélémy était arrivée tôt le matin à Bruxelles. Après son arrivée, elle prendra juste le temps dun déjeuner convivial avec les organisateurs du spectacle. Elle devait se rendre vite au théâtre de la Roseraie pour un dernier calage. Et le plaisir des retrouvailles avec connaissances et admirateurs avant dentrer en scène. Et elle raconte, placide, calme comme toujours, dune affabilité qui séduit toux ceux qui lont approchée. Et dune écoute qui vous laisse croire que vous êtes pour elle la personne la plus chère. Mimi … car tout le monde lappelle Mimi … cest une présence, une alchimie qui conquiert vite tout public aussi morne quil puisse être au départ, le transformant en figurants reprenant chants et textes, souvent en créole ou en espagnol quil ne comprend souvent pas. Les mômes sont aspirés par elle, bouches grandes ouvertes, souffle suspendu. Ils ne perdaient pas un mot, une syllabe, une respiration de lhistoire des deux chats affamés qui décident que lun dentre eux ferait le mort afin que le voisinage accoure pour la veillée, occasion pour eux de manger les veilleurs et ainsi de combler leur faim. Le résumé de lhistoire quelle nous a préalablement fait tenait déjà en haleine. Atravers ce simple fil et dans un monde danimaux (rat, souris, zandolite, pipirite, etc.), jen profite pour recréer toute lambiance dune veillée mortuaire en Haïtiƒ De la cuisine sélève une voix qui conte Ti Fou et le monstre à sept têtes ou comment le jour et la nuit sont arrivés sur terre(et cela sest passé en Haïti)ƒŽ Et cest le merveilleux qui devient réalité! Après ce spectacle, Mimi était encore aux anges après lenchantement quelle a créé sur les petits anges venus ladmirer et boire ses mots et sa musique. Conversation avec les amis et la branche belge de la famille de son ex-mari défunt Gérard Barthélémy, père de ses enfants, coauteur de livres et détudes diverses avec elle. Le temps était court, elle devait reprendre le Thalys le soir même. Elle se rappellera son père ex-doyen de la Faculté de médecine de Portau-Prince, ancien interne des Hôpitaux de Paris et descendant dun ancien chef marron de la guerre dindépendance dHaïti; et sa mère qui était la fille dun ancien président dHaïti des années 20. Mimi Barthélémy a beaucoup voyagé à partir de ses dix ans, dans la Caraïbe et en Floride, avant de partir faire des études de sciences politiques à Paris. Dépaysement et désappointement. Lorsque à 16 ans, la jeune bachelière que jétais quitte Haïti pour la France, elle ne tarde pas à comprendre le sens douloureux du mot exilƒ Javais des liens de parenté avec des Français, jappartenais à une famille mulâtre culti-29 Z oom 282011. Lobjectif est quà lhorizon 2009, des quantités de diamants représentant une valeur de 300 millions de dollars soient mises à disposition de ces tailleries. De son côté, le Botswana espère accroître le chiffre daffaires annuel de ses 16 tailleries de 200 à 500 millions de dollars au cours des deux prochaines années, ce qui représente léquivalent du quart de ses exportations de diamants bruts (2 milliards de dollars environ). Ce pays compte tirer parti du fait quil est le premier producteur mondial et du fait que la capitale, Gaborone, va accueillir, à partir de 2008, le plus grand centre de triage et de distribution de la Diamond Trading Company, le bras commercial de la De Beers qui délocalise au Botswana une partie de ses activités de la place de Londres. Celle-ci aura du reste lobligation dalimenter les tailleries locales à des conditions qui leur permettent dêtre compétitives, autrement dit en pierres de moyenne ou de grande dimension. LAngola évolue dans la même direction, fort de projections qui laissent anticiper dici une dizaine dannées un doublement de la production actuelle (environ 9 millions de carats pour des recettes dexportations de lordre de 1,2 milliard de dollars). De Beers, numéro un mondial de loffre de brut na pas dautre choix que de suivre le mouvement. Les trois pays qui constituent encore le socle de sa force de frappe sur le marché mondial, le Botswana, lAfrique du Sud et la Namibie, partageant le même objectif stratégique et la reconduction de ses accords de jointventure avec ces Etats étant en jeu.> Un nouvel oligopoleUn oligopole africain de loffre est donc en train de se former face à la nuée de négociants et de tailleurs dans le monde. Et il est dautant plus en position de force quà partir de 2008, la demande va excéder loffre et quultérieurement, lécart ne va cesser de saccroître, selon des projections de lautre géant du secteur, Rio Tinto Diamonds, selon qui la beneficiationŽ est inévitableŽ (sic). Même si De Beers entend investir quelque 2,6 milliards de dollars dans de nouveaux projets notamment en Afrique du Sud, au Bostwana, en Namibie et en Tanzanie, lécart va atteindre des proportions considérables. Un autre poids lourd du marché mondial, le président de la compagnie russe Alrosa Sergey Vybornov, estime quà lhorizon 2020, la demande mondiale de diamants bruts tournera aux alentours de 20 milliards de dollars, alors que loffre natteindra que 9 milliards de dollars au cours actuel. Moralité : les cours vont grimper. Cela dit, le pari de la beneficiationŽ ne pourra être gagné quà certaines conditions, prévient le managing director de De Beers, Gareth Penny. La première est quil faut prendre en compte le défi asiatique des bas coûts de production salariaux. Les tailleries implantées en Afrique devront identifier les segments du marché dans lesquels elles pourront être compétitives et laisser les tailleries indiennes traiter la production de moindre valeur, quil nest pas économique de transformer sur le continent. De surcroît, les gouvernements africains devront faire en sorte de créer un environnement attrayant pour les investissements directs étrangers dans le secteur. Mais les diamantaires anversois ne cachent pas que le pari ne sera pas facile, ne fût-ce quen raison de la pénurie de main-dœuvre qualifiée dont pâtit actuellement lAfrique. Il faut savoir que la formation dun tailleur prend un minimum de cinq ans. Et puis, les perspectives ne se présentent pas de la même manière pour les grands producteurs comme le Botswana, lAngola voire la RDC ou lAfrique du Sud, et les plus modestes comme la Sierra Leone ou le Libéria. Les premiers pèsent dun poids beaucoup plus important sur le marché mondial et peuvent exercer plus facilement des pressions sur les compagnies minières. F.M. MIMI BARTHÉLÉMYDramaturge, comŽdienne, conteuse, musicienne, Žcrivaine La métamorphose des contes traditionnels caribéens en théâtre expérimentalUne journée dans la vie de Les photos en pages 27 et 28 illustrent diffŽrentes Žtapes de la mise en production des diamants dans une taillerie ˆ Anvers. Avec l'aimable autorisation de l'Antwerp World Diamond Centre (AWDC) C ommerce PAGE 17 LOR VERT AUC–UR DESCONTROVERSESMoins médiatisée que sa sœurŽ climatique, la Convention sur la diversité biologique (CDB) a vu le jour, comme la Convention Climat, au lendemain du Sommet de la Terre de Rio en juin 1992. La portée de la CDB nen est pas moins capitale puisquelle ambitionne de conserver et dutiliser de manière durable lensemble des composants du monde biologique, dont dépend notre survie. Mais elle ne se contente pas de jouer le rôle de gardienne de la nature. Avec lavènement des biotechnologies et lextension des droits de propriété … dont le brevet … au monde du vivant, la CDB propose un cadre juridique qui assurerait un partage juste et équitable des bénéfices tirés des ressources génétiques, que ce soient des plantes, extraits danimaux, micro-organismes, à lorigine notamment des principes actifs de nombre de médicaments. Lenjeu est donc de taille. Tant sur le plan biologique quéconomique.>AppauvrissementLa richesse biologique de la terre sappauvrit. Ainsi, les scientifiques estiment que le total des espèces ayant existé sur terre est 10 fois supérieur à celui des espèces actuelles. Lextinction serait donc un phénomène normal dans la nature. Ala différence que le rythme de disparition sest accéléré. Depuis plus dun siècle, on a la preuve que lhomme est la cause de la disparition de nombreux organismes vivants. Si les tendances actuelles se maintiennent les pertes seront denviron 50.000 espèces par an au cours des prochaines décennies. Du fait de leur position géographique, la majorité des Etats ACPjouissent dun climat tropical et sub-tropical favorable au foisonnement des espèces. Ainsi, les forêts dAfrique centrale abritent un mélange extrêmement varié de plantes et danimaux. Elles comprennent quelques 400 espècesN. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 31 D e la terre 30véeƒ Cétait une France coloniale en pleine guerre dAlgérieƒ Alémigré étranger, la France noffrait que le choix de lassimilation.Ž Elle abandonnera ses études pour suivre son mari, Gérard Barthélémy, attaché culturel auprès des ambassades de France successivement en Colombie, Bolivie, Sri Lanka, et Bolivie. Elle reprendra ses études après ces pérégrinations en 1972 pour faire une licence en lettres espagnoles en France. Après un séjour dun an au Honduras chez les Garifunas, pour étudier cette culture rare … premier mélange sur le continent américain de Noirs et dAmérindiens… dont la langue, le Garifuna, est la survivance africanisée de la langue arawak. Une langue qui présente la singularité particulière dêtre sexuéeŽ, les femmes et les hommes ne parlant pas de la même manière. Les substantifs pour désigner le même objet, une table par exemple, se disant différemment en fonction du locuteur ou de la locutrice. Donc, un doctorat de théâtre sur le sujet du rôle du théâtre de lidentité chez une minorité culturelle: les Garifunas. LAmérique latine et plus particulièrement la Colombie ont été pour moi loccasion dapprocher des personnalités culturelles phares des années 1960. Mon initiation artistique sest faite par la fréquentation assidue du TEC, Teatro Experimental de Cali, fondé et dirigé par Enrique Buenaventura et de la Casa de la Cultura de Bogota fondée et dirigée par Santiago Garcia. Jai eu lopportunité de découvrir, grâce à eux, les œuvres dauteurs contemporains engagés européens et latinoaméricains comme Brecht, Kantor, Grotowski, Eduardo Manet, Jose Triana, Arrabal, Borges, Joao Cabral Do Melo Neto, etc.Ž Elle sintéressera à des théâtres aussi variés que ceux de Claude Alranq, LOdin Théâtre dEugenio Barba, le Théâtre du Soleil de Mnouchkine, Peter Brook. Elle suivra les stages dEduardo Manet et du Roy Hart Théâtre. Elle jouera en France sous la direction de Rafael Murillo Selva, connu en Colombie, et sera lassistante du metteur en scène contestataire Manuel Jose Arce, produisant alors un théâtre assez critique sur les occupations militaires américaines en Amérique centrale et du Sud. Une grande partie de ses recherches universitaires se dérouleront parallèlement à ces expériences théâtrales. Elle va sorienter par esprit de survie, dit-elle, vers le théâtre. Mes premiers pas vers le théâtre, mon apprentissage sur le tas et mes études universitaires ont abouti à une pratique du théâtre sur la mémoire de mon pays. Je devais résister à la perte didentité, à laliénation à laquelle me condamnait mon assimilation à la France. Cest dans une optique de résistance pour ma survie mentale, de révolte et de militance que jaborde le théâtre.Ž www.mimibarthelemy.commimibarthelemy.com Dernire Ïuvre parue : Livre avec disque "Dis-moi des chansons d'Ha•ti" Editeur : Lise Bourquin MercadŽ H.G. LOR VERT AUC–UR DESCONTROVERSESL'annŽe 2007 a ŽtŽ celle du climat ; 2008 sera celle de la biodiversitŽ. Du 19 au 30 mai prochain, les 188 Etats parties ˆ la Convention internationale sur la diversitŽ biologique se rŽuniront ˆ Bonn en Allemagne pour faire le bilan de leurs efforts pour tenter de rŽtablir une biodiversitŽ en chute libre. Mais aussi, et surtout, pour se mettre d'accord sur la question controversŽe du "partage juste et Žquitable des bŽnŽfices tirŽs des ressources gŽnŽtiques". Une question qui divise encore pays du Nord et du Sud, l'Union europŽenne jouant souvent le r™le de conciliateur. Fouad Maazouz (Maroc), Azzamour, SŽrie Ici et / est l'ailleurs, Biennale de la photographie, Bamako 2006.© Fouad Maazouz Pages 29 et 30 : Mimi BarthŽlŽmy durant son spectacle au thމtre de La Roseraie ˆ Bruxelles (novembre 2007).© Hegel Goutier Z OOM PAGE 18 de mammifères, plus de 1.000 espèces doiseaux et plus de 10.000 espèces de plantes dont 3.000 sont endémiques. Mais ce sont les steppes et les savanes, notamment africaines, qui renferment la plus étonnante abondance de plantes et danimaux, grâce à un mélange de luminosité naturelle et dalternance des saisons sèches et humides. Pour préserver ces richesses, non seulement continentales mais aussi maritimes, plusieurs initiatives ont été prises par les Etats ACP, de concert avec lUE. Cest le cas, notamment, du projet FISHBASE … Renforcement des capacités de gestion des pêches et de la biodiversité dans les pays ACPŽ. Le projet a pour objectif de fournir l'information pour permettre la mise en œuvre de politiques pour la conservation de la biodiversité aquatique, son exploitation durable et le partage équitable des bénéfices d'après les dispositions de la Convention sur la biodiversité. Le projet a établi trois nœuds régionaux de coordination en Afrique. Dans leurs régions respectives, les coordinateurs supervisent les activités du projet de formation et apportent leur soutien aux scientifiques et gestionnaires des pêches. >Partage des bénéficesAcôté de sa mission de conservation et de gestion durable de la biodiversité, la CBD a surtout été le premier traité international à reconnaître le rôle primordial du savoir traditionnel, des innovations et pratiques en matière denvironnement et de développement durable, et à encourager leur protection par lintermédiaire de Droits de propriété intellectuelle (DPI) ou tout autre moyen. Les communautés locales sont désormais considérées comme ayant un rôle important à jouer dans la mise en oeuvre de la CDB. Autant de préambules sujets à dissensions au sein de la communauté internationale. Acommencer par la notion même de DPI qui donne lieu à des interprétations différentes. Ainsi, lUnion africaine (UA) a-t-elle mis au point une loi-modèle, servant de cadre de référence en matière de gestion de la biodiversité, en particulier de gestion des espèces commercialement intéressantes : semences pour les agriculteurs, mais également espèces dintérêt pour lindustrie, pharmaceutique également. Cette loi confirme le privilège de lagriculteurŽ, qui lui permet de garder une partie de sa récolte pour lutiliser ultérieurement, privilège devenu facultatif dans dautres enceintes internationales. Elle reconnaît également le rôle des communautés locales détentrices de savoirs et prévoit le versement de royalties en cas dutilisation de ces savoirs. Sur le terrain, les pays africains disposent de législations encore embryonnaires, attendant sans doute que la question soit résolue dans lenceinte de la CDB. Ce qui est loin dêtre le cas. Fin 2007, les représentants des 188 signataires de la Convention nont pu quenregistrer leurs désaccords sur cette question. Des pays comme lAustralie, la Nouvelle-Zélande ou le Canada (les Etats-Unis ne sont pas signataires de la CDB) sopposant aux revendications des pays du Sud à réglementer laccès aux ressources. M.M.B. eportage N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 33 HAITIDepuis son accession ˆ l'indŽpendance en 1804, Ha•ti a endurŽ davantage de troubles politiques et sociaux que la plupart des autres nations. Ses frŽquents soulvements y ont ŽbranlŽ le bien-tre Žconomique et social. Ainsi, plus de 50% de sa population vit avec moins d'un dollar par jour. La MINUSTAH (Force de stabilisation des Nations Unies pour Ha•ti) y a instaurŽ une sŽcuritŽ relative depuis 2004, de sorte que le gouvernement peut mener divers programmes destinŽs ˆ relancer l'Žconomie et ˆ amŽliorer la vie de la population. MalgrŽ sa pŽnurie en ressources indignes, le pays dispose d'un certain potentiel commercial puisqu'il est entourŽ de pays ˆ revenus intermŽdiaires tels que la RŽpublique Dominicaine, avec laquelle il partage l'”le d'Hispaniola. "Pour attirer des investissements, il faut d'abord maintenir la paix et la stabilitŽ. Nous devons donc y consacrer toute notre Žnergie", a dŽclarŽ le PrŽsident PrŽval le 14 janvier 2008, ˆ l'occasion de la cŽrŽmonie annuelle d'ouverture du Parlement. Des bailleurs de fonds internationaux contribuent en outre ˆ la stabilitŽ par le biais de projets et d'aides budgŽtaires. Ce pays des Cara•bes prŽsente de nombreuses dichotomies. Ainsi, ses statistiques en matire de pauvretŽ sont poignantes alors que sa culture est Žtonnamment riche et envožtanteÉ32 D e la terre BIO PIRATERIEUne des craintes, vŽrifiŽes, des pays du Sud est de voir leur biodiversitŽ, et leurs savoirs, confisquŽs par des intŽrts Žconomiques. Les cas de biopiraterie sont lŽgion. Parmi eux : En 1995, l'universitŽ du Wisconsin (EtatsUnis) dŽposait quatre brevets sur la brazzŽine, une plante 1.000 fois plus sucrŽe que le sucre et beaucoup moins riche en calories. Profit escomptŽ : 100 milliards de dollars par an. Mais, alors que les baies de brazzŽine sont cultivŽes au Gabon depuis la nuit des temps, ce pays n'en tirera aucun bŽnŽfice : les dŽtenteurs des brevets ont, en effet, vendu la licence d'exploitation de la plante ˆ plusieurs firmes de biotechnologies dont aucune n'est gabonaise. En septembre 2007, le gouvernement sudafricain a dŽcidŽ d'interdire jusqu'ˆ nouvel ordre l'exploitation du pŽlargonium, une plante de la famille des gŽraniums, aprs que des centaines de tonnes de cette espce ont ŽtŽ rŽcoltŽes par les sociŽtŽs pharmaceutiques Žtrangres, dont l'une vient de faire breveter son utilisation dans la lutte contre le sida. Le ministre de l'Environnement sudafricain a annoncŽ son intention de passer en revue tous les projets de prospection biologique pour s'assurer de leur conformitŽ avec la nouvelle rŽglementation, qui vise ˆ protŽger les droits commerciaux des praticiens traditionnels. Soif.© IStockphoto.com/Vladm Paysan.© IStockphoto.com/Brasil2 Maisons ˆ Port-au-Prince.© Debra Percival PAGE 19 34 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008Les Taïnos, parents des Arawaks dAmérique du Sud arrivés en 2600 av. J.-C., furent les premiers habitants connus de lîle dHispaniola. Lun des personnages les plus révérés à ce jour fut la Reine Anacaona (Fleur dor) qui régna sur Xaragua, un des cinq royaumes dHispaniola dirigés par des caciques (chefs de tribus). Elle fut lune des dernières à succomber à linfluence espagnole après larrivée de Christophe Colomb en 1492, mais ses partisans furent arrêtés et exécutés au cours dun repas donné en lhonneur du nouveau gouverneur espagnol en 1503. Anacaona senfuit, mais fut ensuite capturée et pendue à Saint-Domingue. On estime quil y avait initialement de 100.000 à 1 million de Taïnos sur lîle. Ils furent décimés peu à peu, suite à larrivée de Colomb, par les épidémies et les travaux pénibles qui leur étaient imposés. Pourtant, les origines taïnos de Haïti se reflètent encore dans sa culture et certains de ses habitants affirment porter cet héritage dans leur sang. Amenés par les colons français en 1520, les esclaves africains simplantèrent dans la zone occidentale de lîle. En 1731, les Espagnols reconnurent la colonie française de SaintDomingue et une frontière fut tracée le long de deux rivières. Plusieurs leaders du mouvement des esclaves, comme François Dominique ToussaintLouverture, parvinrent à saffranchir et la France abolit lesclavage en 1803. Le cœur blanc fut symboliquement arraché du drapeau français par le chef des insurgés Jean-Jacques Dessalines tandis que les bandes rouge et bleue étaient cousues ensemble, donnant naissance à létendard haïtien  Liberté ou la Mort Ž. En janvier 1804, après une bataille décisive contre les Français, Dessalines déclara lindépendance aux Gonaïves et les Haïtiens africains prirent le contrôle de lîle, rétablissant son nom taïno HaïtiŽ, qui signifie pays montagneuxŽ.> XXe siècle Un défilement en accéléré nous mène au XX e siècle et à limportance de Haïti en tant que voie maritime. La liaison avec le canal de Panamá, récemment inauguré, déboucha sur une invasion par les Etats-Unis en 1915. Loccupation dura jusquen 1934. Plusieurs coups dEtat plus tard, François Duvalier instaura sa dictature en 1957, soutenu par la classe moyenne, en plein essor, et par les pauvres des milieux ruraux. Il renforça son pouvoir grâce aux Tontons MacoutesŽ, qui doivent leur nom au personnage folklorique du vieux paysan haïtien ravisseur denfants. Ces milices étaient autorisées à extorquer argent et biens divers à la population tant quelle protégeait fidèlement leur président. Jean-Claude Duvalier, surnommé Bébé DocŽ, succéda à son père lorsque celui-ci mourut en 1971. Il senfuit en France en 1986 et une période dinstabilité sensuivit de 1986 à 1990. Confrontée au retour des partisans de Duvalier, la Cour suprême ordonna des élections en décembre 1990. En septembre 1991, un jeune prêtre largement plébiscité par la société civile, Jean-Bertrand Aristide, arriva au pouvoir sous la bannière du parti LavalasŽ, ce qui signifie torrentŽ. Lactuel Président, René Préval, fut son Premier ministre de février à septembre 1991. Sept mois seulement après le début de son mandat, il fut renversé par un coup dEtat fomenté par le Général Raoul Cédras, qui fut immédiatement condamné et suivi dun embargo économique. Celui-ci dura jusquen octobre 1994, quand Aristide revint au pays avec lappui des EtatsUnis. Lors des élections présidentielles de 1996, Aristide fut évincé dans sa course vers un nouveau mandat par René Préval, qui devint en 2001 le premier dirigeant élu démocratiquement dans lhistoire du pays à mener son mandat à son terme. Aristide demeura populaire et créa le parti Fanmi (famille) LavalasŽ ainsi que la Fondation pour la démocratie, qui octroie des prêts exempts dintérêts aux entreprises et apporte son soutien en matière de santé et déducation. Il fut élu Président en novembre 2000, avec 91,7% des suffrages. Le 200 e anniversaire de lindépendance du pays fut marqué par des émeutes contraignant Aristide à lexil le 29 février 2004, bien quil prétende avoir été forcé à fuir par les Etats-Unis qui craignaient de voir les troubles se répandre. Boniface Alexandre devint Président par intérim, avec la tâche dorganiser des élections dans un délai de deux ans. Le 7 février 2006, René Préval obtint à nouveau la présidence, pour la période de 2006 à 2011, sous la bannière de la vaste organisation LESPWA(lespoir) qui regroupait plusieurs partis politiques et groupes issus de la société civile. Il remporta une majorité ténue de 51,21% après le comptage des votes blancs, requérant lappui dautres partis pour former un gouvernement de coalition.> Un pays en cours de changementNotre pays est en train de changer. Une autre façon de faire la politique est possible. Le pays ne doit pas basculer dans linstabilité à la moindre occasionŽ, a déclaré Préval lors de son discours annuel douverture du Parlement le 14 janvier 2008. Il a souligné certains des principaux défis économiques, ainsi que la nécessité de moderniser lEtat pour consolider la sécurité … ce qui implique ladaptation du système judiciaire, le besoin de crédits et dinvestissements (voir larticle sur lindustrie) et la mise à disposition dune énergie fiable à un prix correct. La présence de la Force de stabilisation des Nations Unies pour Haïti (MINUSTAH) a largement contribué au retour de la stabilité. Bien quil y ait encore trop denlèvements, dont les auteurs devraient être traduits en justice, a déclaré le Président. Après le départ de lex-Président Jean Bertrand Aristide, une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies a mandaté en juin 2004 une force ayant pour mission de stabiliser le pays et daider le gouvernement de transition à organiser des élections. Le pays était rançonné par des gangs armésŽ, a déclaré David Wimhurst, Directeur des relations publiques de la MINUSTAH, lors dune allocution dans son quartier général basé à lancien Hôtel Christopher (Port-au-Prince). La MINUSTAH compte actuellement 7.060 militaires, latino-américains pour la plupart, avec un important contingent brésilien et 2.091 officiers de police (chiffres de lONU en novembre 2007) contribuant à létablissement dune force de police haïtienne. Le nouveau commandant de la MINUSTAH depuis septembre 2007 est le diplomate tunisien Hédi Annabi. Wimhurst explique quil était nécessaire demployer la force pour sévir à lencontre des gangs responsables de violences et denlèvements. Il a fallu trois mois pour démanteler les gangs, certains y ont perdu la vie et 800personnes ont été arrêtées à Cité SoleilŽ, a-t-il ajouté. Depuis février 2007, il est plus aisé de circuler à Cité Soleil. Les actions de la MINUSTAH vont créer un espace propice au développement à plus long termeŽ, a précisé Wimhurst. Nous ne pourrons quitter cet Etat que lorsquil disposera dune police dotée déquipements professionnels dignes de ce nom.Ž Jusquà présent, 11.000 policiers haïtiens ont été formés alors quil en faudrait au moins 20.000. Selon David Wimhurst, la MINUSTAH finance également 16 navires destinés à patrouiller le long des côtes septentrionales de Haïti, qui constituent un point de débarquement pour les narcotrafiquants.> Une diaspora dynamique Un récent rapport de lONG International Crisis Group (ICG) 1 estime que le gouvernement devrait encourager les 3 millions de personnes issues de la diaspora haïtienne à investir davantage dans le pays, dont les rapatriements de fonds représentaient 1,65 milliard USD en 2006 … soit 35% du PIB. Daprès lanalyste principal dICG, Damien Helly, cette contribution économique devrait se refléter dans le système politique par le biais de mesures facilitant le vote à létranger et permettant la double citoyenneté ainsi quune représentation de la diaspora au sein du Parlement. De telles initiatives nécessiteraient sans doute une réforme constitutionnelle. Le rapport prône en outre la mise sur pied dun groupe de travail dédié à la diaspora et mandaté par les responsables haïtiens, les diverses tendances politiques, la société civile et le secteur privé, afin détablir une stratégie décennale bénéficiant dun soutien international. Il est également important pour lavenir du pays délaborer une stratégie binationale avec la République Dominicaine malgré le tollé international suscité par les violations des droits des tra35 CONSTRUIRE SUR LA STABILITÉUn simple regard sur les remous politiques du passŽ permet de se rendre compte de la relative stabilitŽ que conna”t actuellement Ha•ti. Pour le gouvernement, c'est une occasion de consolider son administration et de prendre les mesures qui s'imposent Ð avec l'appui nŽcessaire des bailleurs de fonds Ð afin de relancer l'Žconomie et, partant, de rŽsorber la pauvretŽ. Palais prŽsidentiel, Port-au-Prince.© Debra Percival Coin de rue ˆ Les Cayes.© Marc Roger R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 20 vailleurs haïtiens dans ce pays voisin (voir larticle de Pierre Gotson). En mars 2008 aura lieu la 3 e édition dun salon binational de lécotourisme et des liens culturels à Belledère (Haïti), organisé conjointement par lorganisme dominicain La Fondation Science etArt, laFondation pour le développement du tourisme alternatif et San Pont Ayiti, a expliqué le Dr José Serulle, Ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti (FONDTAH) 2 . La décentralisation du gouvernement progresse pas à pas depuis les élections municipales. Haïti a récemment accueilli la 23 e édition de la Conférence mondiale des maires à la Côte des Arcadins, sur le thème du renforcement des municipalités 3 . Atitre dexemple, létude de la Banque interaméricaine de développement (BID), commanditée par la Société daménagement et de développement (SODADE) de Haïti, sur lévolution des Cayes (systèmes de protection contre les inondations convertis en marinas) est lun des divers projets individuels menés à léchelon du pays afin de développer des régions, a expliqué le représentant de la SODADE Marc Roger.> Retour aux bonnes pratiques administratives Lors de son discours au Parlement, Préval a également insisté sur la modernisation technologique des administrations ministérielles et sur la nécessité denregistrer toutes les entités commerciales. Nous devons retrouver les bonnes pratiques administratives perdues au cours des années DuvalierŽ, a expliqué Price Pady, Ordonnateur national du Fonds européen de développement (FED) en Haïti, responsable de la coordination et de lapprobation des projets relatifs aux bailleurs de fonds. Les budgets alloués au renforcement des administrations ministérielles occupent une place importante dans la planification des aides financières à Haïti (voir larticle sur le 10 e FED). Nous considérons le soutien budgétaire comme un instrument du dialogue intergouvernemental axé sur les priorités et politiques identifiées par le gouvernementŽ a déclaré le chef de la délégation de lUE en Haïti, Francesco Gosetti-di-Sturmeck, tandis quil annonçait un complément daide budgétaire en octobre 2007. Lamélioration de lenseignement est perçue comme essentielle pour optimiser le réservoir de compétences du pays. 40% des plus de 10 ans ne savent ni lire ni écrire, nous a expliqué le Ministre de lEnseignement Gabriel Bien Aimé. Et de poursuivre: Pour changer la donne, il nous faut plus de professeurs qualifiés et plus dinstallations, de locaux et de matériel didactique adéquatsŽ, qui complèteraient les fonds octroyés par lUE pour les instituts de formation denseignants (voir larticle sur le FDE). Le Ministre Bien Aimé souhaite renverser les chiffres selon lesquels 80% de lenseignement est actuellement dispensé par le secteur privé et 20% seulement par le secteur public. Pour y parvenir, il faudra accroître le budget annuel de lenseignement à 8% en 2008, à 13% lannée suivante et ainsi de suite pour lamener progressivement à 25%, de sorte quil soit équivalent à celui de la plupart des pays et permette datteindre lobjectif final, à savoir lenseignement pour tousŽ, a conclu le Ministre.1 www.crisisgroup.org 2 Pour de plus amples informations, contacter FONDATH fondtah@yahoo.fr , San Pon Ayiti Sanponayiti@acn2.net et Fundacion Cienca y Arte Inc Fund.ciencia@codetel.net.do 3 World conference of Mayors www.world-conference-of-mayors.org National Conference of Black Mayors www.ncbm.orgD.P. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 S erge Gilles est un des leaders de la Fusion des sociaux-démocrates haïtiens, parti ayant lune des plus fortes représentations au parlement avec 6 sièges sur 30 au Sénat et 20 sur 99 à la Chambre des députés. La Fusion participe à la coalitionŽ, que Serge Gilles qualifie, avec subtilité, de gouvernement pluralisteŽ formé à la suite des élections de 2006. Avec 2,62% des suffrages, il était lun des 32 candidats malheureux à lélection présidentielle de 2006, qui a porté le Président Préval au pouvoir. Quant au secrétaire général de la Fusion, Robert Auguste, il est lactuel responsable du ministère de la santé. Serge Gilles, après 25 ans dexil sous le régime des Duvalier, est rentré à Haïti en 1986. Lorsque je lai rencontré à la mi-novembre, il sapprêtait à assister, laprès-midi même, à une réunion ministérielle à laquelle le Président Préval avait convié les cinq leaders de lopposition pour discuter dune évaluation du gouvernement réalisée par la Banque mondiale. Lors de notre rencontre à Pétionville, et bien quil approuvait cette consultation ouverte, Serge Gilles sest inquiété du fait que la politique menée actuellement par le Premier ministre Jacques Edouard Alexis et par le Président Préval ne soit pas encore parvenue à régler « les principaux défis du passé ».> Comment sorganise la coalition« René Préval a de lexpérience. Il a été Premier ministre ; il a été président de ce pays, donc il nen abuse pas. Il connaît la fragilité des choses. Sur le plan économique, on est jusquà présent arrivé à combattre linsécurité. La police nationale qui était démantelée sest reconstituée et, soutenue par la MINUSTAH, elle fait un bon travail. Avec ce gouvernement pluriel, il y a la stabilité politique. Il peut y avoir quelques critiques mais elles proviennent de personnes qui nont aucune représentation. Tous ceux qui ont une représentativité ont accepté de rester dans ce gouvernement de consensus pour garantir la stabilité afin de rendre possible la construction de routes, les services publics et pour que le gouvernement puisse avoir la tête tranquille. Il y a beaucoup de problèmes dans ce pays. Le côté négatif, cest quaprès deux ans, ce gouvernement ne réussit pas à relever les grands défis qui sétaient posé dans le passé. Ce que je vous dis là, je le lui dis. Nos discussions sont très franches. > Il faut une réforme cadastralePour moi, la réforme agraire est dépassée. Au contraire, il faut dabord une réforme37 36 Superficie : 27.750 km2Population : 8,7 millions d'habitants PIB : 5 milliards USD Croissance annuelle du PIB : 2,3% Dette ˆ long terme : 1,3 milliard USD en 2005 EspŽrance de vie : 52 ans (chiffre de juin 2005) Indice PNUD : 146 sur 177 (rapport 2007-2008) PNB par habitant : 480 USD Importations : 1,55 milliard USD (estimation pour 2006), essentiellement des produits alimentaires, des carburants, des machines et des biens manufacturŽs Exportations : 494 millions USD (estimation pour 2006), cafŽ, huiles, mangues, vŽtiver Contexte politique PrŽsident : RenŽ PrŽval depuis le 14 mai 2006 (quinquennat). Chef du gouvernement, Premier ministre : Jacques Edouard Alexis depuis le 30 mai 2006 AssemblŽe nationale bicamŽrale et SŽnat. SŽnat (30 siges) : Žlection tous les six ans. Le candidat ayant obtenu le plus de voix dans chacun des 10 dŽpartements est nommŽ pour six ans, le suivant pour 4 ans et le troisime pour deux ans. Des Žlections seront donc organisŽes en 2008 afin de remplacer un tiers des membres. Chambre des dŽputŽs (99 siges) : Žlection tous les quatre ans Ð prochaine Žlection en avril 2010. Principaux partis politiques : Fusion, Groupement de la fusion des sociaux dŽmocrates ; OPL, Organisation du peuple en lutte ; Alyans, Alliance dŽmocratique ; Front pour la reconstruction nationale ; Latibonit an Aksyon (LAAA). Sources : Banque mondiale, PNUD, Union europŽenne, CIA, Gouvernement de Ha•ti. Il faut savoir à qui APPARTIENT LA TERRE DANS CE PAYSŽ Aperu statistique de Ha•ti(chiffres de 2006 sauf indication contraire) Interview d'un leader de l'opposition Fusion, Serge Gilles Le ÔTap-Tap' est le systme de taxis publics le plus connu ˆ Ha•ti. © Hegel Goutier Monument ˆ l'esclave inconnu, Champs-de-Mars, Port-au-Prince.© Debra Percival R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 21 > Le néo-libéralismeJai limpression que lentourage de M. Préval est néo-libéral. On vit dans un monde numérique dominé par le commerce et la démocratie. Si on attend, on va se faire bouffer par le commerce international dominé par le grand capital financier. On doit donc aller vite en matière de démocratie, afin de fixer les règles du jeu pour dominer le marché et pour avoir un Etat régulateur. > La MINUSTAH Il fallait la MINUSTAH parce que les crises et le pays nétaient pas gérables après le départ dAristide. Il ny avait pas darmée à lépoque et la police était corrompue. Donc je crois que la formule MINUSTAH nétait pas mal. Ce quil nous faut, cest préparer le départ de la MINUSTAH. Il faut profiter de la MINUSTAH pour bien former la police et une autre force … certains appellent ça la nouvelle armée, peu importe le nom … pour surveiller les ports, les frontières et nos aéroports afin de combattre de façon efficace le problème de la drogue. > Un manque de capacités administrativesNous avons une administration très faible. Quand on a eu des catastrophes comme nous avons eu, on a une administration très faible. Je suis daccord avec les Canadiens qui ont beaucoup investi ici en matière de formation. Moi, je vois une école de formation dans chaque département avec encore deux écoles de formation ici (à Port-au Prince)..> La corruption en HaïtiOn ne peut pas dire que lopposition est corrompue, pas du tout. On ne pas dire que Préval est corrompu, pas du tout. On connaît des pays où la corruption va de la base au sommet. Ce qui est corrompu en Haïti, cest la drogue, et une partie de la justice, mais on vient de sortir trois lois. Préval a formé une commission de suivi pour la réforme de la justice et le Parlement vient dadopter trois lois sur lindépendance et lépuration de la justice (27 novembre 2007). Il va y avoir une école de la magistrature. Tous nos parlementaires ont soutenu cette réforme. > La décentralisationPour moi, la décentralisation fait mieux avancer la démocratie. Cest vrai que nous navons pas encore de cadre juridique. Nous travaillons avec nos parlementaires afin daccélérer ce cadre juridique pour que les collectivités territoriales puissent prendre leur envol. La collectivité territoriale, ce nest pas simplement une question de moyens. » D.P. 38 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008cadastrale, il faut savoir à qui appartient la terre dans ce pays. Il nest pas normal dans un pays comme le nôtre que nous importions du riz. Ce qui est fondamental, cest de savoir à qui appartient la terre avant de relancer la production nationale qui est le défi numéro un. Un gouvernement qui ne peut pas donner à manger à son peuple est un gouvernement qui a un problème. Or, nous avons beaucoup dhectares de terres qui ne sont pas cultivés. Seul un dixième de la terre est cultivé. Si on fait la réforme cadastrale et si on sait à qui appartient la terre, une personne aura beaucoup plus intérêt à cultiver la terre parce quelle sera propriétaire.> Un manque de créditsOn doit mettre les crédits à la portée de la majorité du peuple haïtien. Le crédit ici est prohibitif. Ce nest pas normal. Il faut recapitaliser le pays. Je suis daccord avec le gouvernement sur la construction des routes. Avec les routes, on construit un marché, mais le gouvernement doit aussi doit prendre la production nationale en main ». 39 Page 38 : Vues de rues ˆ Les Cayes.© Marc RogerPage 39 En partant du haut : Un des leaders de l'opposition, Serge Gilles.© Debra PercivalLes Cayes.© Marc RogerCarte de Ha•ti© Minustah R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 22 40 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 200865 % de la population haïtienne vit encore de lagriculture, alors que ce secteur ne génère que 25% du produit intérieur brut (PIB), déclare Jean-Baptiste Chavannes, Président du vaste Mouvement paysan national du congrès de papaye (MPNKP). Lagriculture a souffert depuis plusieurs années de négligence, estime Chavannes, déclin accéléré par la libéralisation des années 1980 et par une dépendance excessive vis-à-vis des importations. La production locale a également été mise à mal par lembargo économique décrété à lencontre de Haïti, entre 1991 et 1994, qui a interrompu les importations de produits comme le fourrage nécessaire à lagriculture. Chavannes soutient que la situation dramatiqueŽ actuelle a des racines plus profondes. Daprès lui, le report de la réforme agraire en est partiellement responsable : il ny a eu aucun partage équitable des terres depuis lindépendance en 1804, lorsque les généraux se sont réparti les terrains des esclaves démunis, entraînant ce quil qualifie de néo-esclavageŽ. La réforme agraire devient urgenteŽ, déclare Chavannes, qui souligne que 80% des affaires judiciaires locales ont trait à des litiges sur lappartenance de tel ou tel lopin de terre. Pourtant, Haïti a pu satisfaire ses besoins alimentaires jusque dans les années 1960. Le régime néo-libéral a ensuite commencé à sévir, détruisant progressivement la production locale (riz, volaille, œufs, etc.). L'île fait depuis les frais de linaction politique dans ce secteur, poursuit-il. Lexpansion démographique effrénée a également des conséquences néfastes pour léconomie du pays. Au moment de lindépendance, 85% des 500.000 habitants vivaient essentiellement de lagriculture dans le Centre, le SudEst et le Nord-Est. Aujourdhui, le pays compte 8,7 millions dhabitants (chiffre de lUE pour 2007), dont 40% vivent en zone urbaine. Vu le prix élevé des combustibles, la majorité dentre eux utilisent du bois, décimant les forêts et aggravant la dégradation et lérosion des terres arables. 50% des terres haïtiennes sont devenues impropres à la culture. Cette situation, explique Chavannes, se traduit par une augmentation des importations alimentaires : Chaque année, nous importons pour 300 millions de dollars de produits alimentaires. Cest une catastrophe.Ž> Manque de crédits Beaucoup dautres acteurs du secteur estiment que le pays pourrait mieux satisfaire ses propres besoins alimentaires, surtout en ce qui concerne la volaille et les œufs. La production industrielle dœufs a pris son essor dans les années 1980. Daprès Michel Chancy, membre de lAssociation haïtienne pour la promotion de lélevage (AHPEL) et de lONG Vétérimed, Haïti produisait alors 100.000 œufs par jour. A présent, les grandes fermes qui subsistent dans le pays ne produisent plus que 30.000 œufs par mois. Grâce à une meilleure infrastructure, une politique de crédit adaptée et un approvisionne41 Au début des années 1900, les Haïtiens partaient travailler dans les plantations dominicaines de canne à sucre desservant des usines installées ou promues par les Américains. Dans les années 60, un accord a été passé entre les deux pays pour la fourniture de travailleurs saisonniers en vue de la récolte de la canne à sucre dominicaine. Suite à la dénonciation de cet accord après la chute de la dictature des Duvalier en 1986, les Haïtiens ont continué à migrer vers la République Dominicaine, surtout à la recherche de travail. Aujourdhui, bien quil ny ait aucun recensement de la population haïtienne dans le pays voisin, les officiels dominicains parlent de plus dun million de ressortissants haïtiens vivant là-bas. Cette migration est considérée comme une charge pour la République Dominicaine, qui rapatrie continuellement les migrants haïtiens dans des conditions qui violent leurs droits humains les plus élémentaires: séparation de familles, déportation au cours de la nuit sans aucune coordination avec les autorités haïtiennes, mauvais traitement, etc. Cette situation se développe sur fond de contentieux historiques. Les Haïtiens noublient pas le massacre subi par environ 30.000 dentre eux en 1937 en République Dominicaine, sur ordre du dictateur dominicain Rafael Trujillo. Tandis que les Dominicains noublient pas que, sous le gouvernement de Jean-Pierre Boyer, Haïti a durement occupé ce pays de 1822 à 1844. Il y a aussi les différences culturelles entre les deux sociétés qui alimentent des préjugés, la République Dominicaine se réclamant dascendance indienne et espagnole, alors quHaïti met en avant son héritage africain. Ce contexte général ne favorise pas la compréhension entre Haïtiens et Dominicains, conditionne le travail des médias et affecte linformation qui circule sur la thématique haïtianodominicaine. Pendant longtemps, le thème dominicain nétait généralement abordé dans les médias haïtiens que sporadiquement, à travers les dépêches dagences internationales. La presse haïtienne fonctionnait pratiquement dans lignorance du pays voisin. Pendant ce temps, la presse dominicaine ne faisait que relayer la vision officielle dHaïti par les autorités dominicaines. Depuis quelques années, le développement des nouvelles technologies de communication et dinformation (NTIC) et laction de secteurs alternatifs dans le domaine de la communication ont permis de marquer une nouvelle orientation à linformation sur la thématique haïtiano-dominicaine, qui est devenue plus présente dans les médias haïtiens. Une des agences qui ont fait un travail systématique sur cette question est AlterPresse (www.alterpresse.org), réseau alternatif haïtien dinformation du Groupe Médialternatif , qui a commencé à fonctionner en 2002. AlterPresse a mis linformation sur la problématique haïtianodominicaine au premier plan, couvrant régulièrement en français et en espagnol les évènements-clés.> Nouvelles technologiesPlusieurs centaines darticles sont publiés, en partie avec la collaboration de confrères dominicains, et concernent principalement la migration, la frontière, le commerce binational, les droits humains, lenvironnement et les désastres naturels, la santé, le tourisme, la culture, etc. Enregistrant plus de 20.000 connexions par jour et relayée par différents médias (radios, télévisions, journaux, sites Internet) dans diverses régions dHaïti, en République Dominicaine et sur le plan international, AlterPresse a contribué à une plus grande présence médiatique de la question haïtianodominicaine et a influencé un certain nombre de décisions sur le dossier. AlterPresse entretient des rapports professionnels et cordiaux avec Espacio Insular , une agence alternative dominicaine mise en ligne en août 2006. Les deux entités ont passé un accord de collaboration en février 2007 et viennent de réaliser en novembre 2007 une étude sur lorientation des médias des deux pays en matière de traitement de la thématique haïtiano-dominicaine et une rencontre de journalistes haïtiens et dominicains à Portau-Prince. Ces journalistes se rendent compte que les deux pays se partageant lîle ont un destin commun. Un rapprochement est donc nécessaire pour surmonter les élans dinimitié, faciliter la compréhension, lharmonie et créer des perspectives de développement commun et solidaire. Gotson Pierre* LES RELATIONSHAÏTIANO-DOMINICAINESET LES MÉDIASLes relations n'ont pas toujours ŽtŽ simples, en raison de la question des droits des travailleurs ha•tiens des "bateys" dominicains**. Les initiatives destinŽes ˆ rapprocher les deux pays par l'ouverture de nouveaux canaux d'information ne peuvent que contribuer ˆ une meilleure comprŽhension. Cela renforcera la politique bilatŽrale adoptŽe par le gouvernement de Port-au-Prince et visant ˆ l'Žtablissement de relations plus Žtroites au bŽnŽfice des deux pays. NOUS AVONS BESOIN DE MESURESDIRRIGATION ET DE REFORESTATION AINSI QUE DINTRANTS Ž Tout ce qui fait Ha•ti a ŽtŽ immortalisŽ dans de somptueux tableaux, y compris la gŽnŽrositŽ de ses terres, mais... ne s'agit-il que d'une libertŽ artistique ? En rŽalitŽ, la dŽgradation des sols, les investissements insuffisants et la production mŽdiocre crient l'urgence d'une rŽforme.Vue de l'Etang Saum‰tre, depuis Ha•ti vers la RŽpublique dominicaine. © Debra Percival *Gotson Pierre est le co-fondateur de Groupe Media Alternatif**Lieu rŽservŽ dans les exploitations sucrires aux esclaves, puis aux coupeurs de canne.R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 23 ment adéquat en électricité, la République Dominicaine est par contre parvenue à sinfiltrer sur les marchés, déclare Greet Schaumans de lONG belge Broederlijk Delen. Quant à la production annuelle de poulets … 6 millions dans les années 1980 … elle est en chute libre depuis le début des années 1990 à cause de lembargo économique. Les chiffres de Vétérimed indique qu'à la fin de cette décennie, le marché a été saturé par des importations massives de poulets surgelés. Aujourdhui, la production nationale de poulets ne représente plus quun quart du niveau des années 1980, soit 1,2 à 1,5 million par an. Presque tous les acteurs du secteur affirment que ce qui manque, ce sont des crédits pour investir dans les technologies et les intrants pour concrétiser le potentiel agricole. Gabriele lo Monaco, conseiller de la Délégation de lUE en Haïti, a déclaré : Les petits exploitants ninvestissent quasiment pas dans lagricultureŽ. Le pays a connu une décapitalisation des paysansŽ, ajoute Chavannes. Chavannes précise que les agriculteurs de la République Dominicaine peuvent obtenir des crédits à un taux annuel de 12%, voire 6%. En Haïti, le crédit est inabordable ou indisponible. Les taux dintérêt de 20 à 30% sont monnaie courante. Nous avons besoin dun engagement politique envers le secteur de lagriculture, or il nous fait actuellement défaut. Nous avons besoin de mesures dirrigation et de reforestation ainsi que dintrants. Lors du Congrès du 35e anniversaire du MPPen mars 2008, nous demanderons la mise en place dune agriculture diversifiée, du libre-échange et dune réforme agraireŽ, dit-il. Serge Gilles (chef du parti Groupement de la fusion des sociaux démocrates) a également souligné, lors dune interview, la nécessité de crédits et dune réforme agraire pour permettre aux gens de devenir propriétaires de leur terrain, ce qui encouragerait les investissements personnels. Il pense aussi que Haïti a un avenir dans lagriculture biologique, dautant plus que ce type de production atteint des prix beaucoup plus élevés que les produits ordinaires sur les marchés internationaux.> Lèt AgogoUn projet remarqué dans le domaine de lagriculture a été mis sur pied par Vétérimed, lONG des professionnels spécialisés dans la santé et la production animales, dont lobjectif est daider les petites exploitations rurales à améliorer leurs revenus. Les produits laitiers fabriqués dans 10 unités de microtransformation (lait stérilisé et yaourt, par exemple) sont distribués à léchelon national par des organismes de jeunesse et des associations rurales. Lèt Agogo, dénomination commerciale de ces produits, a décroché le prix du meilleur produit dAmérique du Sud. Lagriculture nest pas un secteur prioritaire pour le 10e FED, mais lUE a déjà financé de nombreux projets en collaboration avec des ONG afin de promouvoir la sécurité alimentaire et lancé un programme de diversification agricole pour le Centre et le Sud. Un projet récemment approuvé, à hauteur de 3 millions deuros, dont 495.000 euros financés par le gouvernement haïtien, permettra de rassembler des informations sur la vulnérabilité des personnes dépendant de lagriculture à léchelon national. Il sera mené par lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (OAA) et lInstitut haïtien de statistique et dinformation, afin de développer des stratégies de lutte contre linsécurité alimentaire. Quelques produits de niche comme le café Rebo et Haitian Blue et la mangue Francis, très appréciés par la diaspora haïtienne de Miami, ont remporté un certain succès à lexportation. Et ce, malgré les infrastructures médiocres et des systèmes de réfrigération limités, qui font obstacle aux exportations à grande échelle de produits périssables. Daucuns estiment que Haïti devrait suivre lexemple du Brésil et produire davantage de canne à sucre pour la fabrication de bioéthanol, ce qui réduirait la facture énergétique du pays. Un rapport de lONG belge Broederlijk Delen affirme toutefois quavant dopter pour cette solution, il faudrait déterminer si elle favoriserait la meilleure utilisation des terres. Daprès lONG, une exploitation plus intensive des terres pour la production de bioéthanol augmentera le prix des denrées alimentaires. Pour un pays tributaire des importations comme Haïti, cette conséquence pourrait annuler le bénéfice engendré par la réduction des frais de carburant, en plus des investissements colossaux en eaux et infrastructures quexigerait toute unité de production de bioéthanol. D.P. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 43 42 Bounty of Haiti's land(La gŽnŽrositŽ de la terre ha•tienne), toile de Casimir exposŽe ˆ la Villa CrŽole (Port-au-Prince). © Debra Percival Vendeuse de fruits de la passion, Port-au-Prince. © Debra Percival R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 24 Vétérimed a quant à lui amélioré le quotidien des agriculteurs via des unités de traitement et de commercialisation des produits laitiers. PRIMAoffre diverses formes de soutien aux PME et associations commerciales en phase de démarrage. Il peut notamment leur octroyer des fonds pour des études de faisabilité, des ateliers, des services dassistance technique, des formations individuelles, lachat de matériel de bureau, la participation à des salons commerciaux et la réalisation ainsi que limpression de brochures publicitaires. Daprès Handschuh, la transformation de fruits et légumes et la production de ciment et dautres matériaux de construction offrent un potentiel considérable. Le projet finance également le renforcement du dialogue entre les secteurs public et privé afin de lancer des joint-ventures. Les deux secteurs ne communiquaient pasŽ, explique Handschuh. Soucieux de couvrir un maximum de Haïtiens, conformément à la politique de décentralisation globale du gouvernement, PRIMAa également implanté un bureau à Les Cayes, dans le sud du pays. Handschuh précise que lobjectif final est dobtenir le soutien des établissements de crédit pour les projets en cours. Pour linstant, la disponibilité des services de crédit et dassurance est particulièrement désastreuse dans le secteur agricole. > OptimismeDautres initiatives sont en cours dans le secteur commercial. Organisé les 15 et 16 novembre 2007 à Port-au-Prince, le Forum sur le commerce et linvestissement en Haïti (FCIH) a réuni les représentants du gouvernement et du secteur privé afin daccroître les activités commerciales en Haïti sous limpulsion de linitiative haïtienne HOPE (Hemispheric Opportunity Partnership Encouragement, cest-à-dire Encouragement au partenariat hémisphérique), laquelle entend faciliter laccès aux marchés régionaux. Parmi les domaines pressentis comme prometteurs figurent le tourisme, le négoce agricole, les biocarburants, les télécommunications et lartisanat. Le Secrétaire général adjoint de lOrganisation des Etats américains (OEA), Albert R. Ramdin, qui dirige le groupe de travail HaïtiŽ de lOEA, a déclaré aux journalistes présents à lévénement que la création dentreprises sous-tendrait la démocratie et la sécurité. LAmbassadeur de Haïti à Bruxelles, Raymond Lafontant Jr., nous a également déclaré que lamélioration des règles dorigine était lune des priorités essentielles du pays dans le cadre du nouvel Accord de partenariat économique (APE), que lUE a lancé à la fin du mois de décembre avec tous les pays de la CARICOM.* Il permettra à Haïti dutiliser des produits importés dans la fabrication, tout en continuant à exporter, sans droits de douane, ses produits finis vers lUE. D.P. *Ha•ti est devenu membre ˆ part entire de la CARICOM en 1996 et est le seul pays en voie de dŽveloppement du groupe. Autres membres : Antigua et Barbuda, les Bahamas, le Belize, la Dominique, la RŽpublique Dominicaine, Grenade, la Guyane, la Jama•que, Sainte Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, Saint Christophe et Nevis, le Suriname et TrinitŽ et Tobago. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 45 44Ce qui ressemble à une activité prospère dans un marché urbain de près de 9 millions de consommateurs cache, en réalité, un manque dorganisation, une demande interne limitée, une absence de crédits anémiant les investissements dans les secteurs performants, et une faible valeur ajoutée pour les produits. En 2004, la balance commerciale globale de Haïti vis-à-vis de lEurope était déficitaire de 77 millions deuros, avec lexception du textile, qui affichait un surplus dexportations (2 millions deuros). Grâce à lamélioration de la sécurité dans les rues et à la stabilité du gouvernement, les Haïtiens sattendent à une économie domestique plus saine, capable de leur procurer des emplois et daméliorer leur quotidien. Des problèmes de sécurité ont récemment dissuadé plusieurs sociétés internationales dinvestir en Haïti mais il y a désormais des signes dinvestissements étrangers. Digicel, gestionnaire dun réseau de téléphonie mobile couvrant toutes les Caraïbes, compte parmi les grandes sociétés régionales à avoir pris conscience des réelles opportunités offertes par le marché haïtien. Ses panneaux publicitaires rouges attirent dailleurs lattention dans les espaces publics de la capitale. La créativité foisonnante de Haïti ainsi que son marché national très prometteur, de même que ceux très proches des Etats-Unis et de lensemble des Caraïbes, constituent des atouts évidents mais en ce qui concerne la création de petites entreprises, tous les interlocuteurs rencontrés dans le cadre de notre rapport mentionnent le manque de crédits comme étant le principal obstacle au démarrage dune activité. La réputation commerciale du pays souffre aussi de son infrastructure médiocre, surtout si lon considère létat des routes reliant la capitale au reste du pays, les fréquentes coupures délectricité et la rareté des matières premières indigènes.> Le projet PRIMA Pour stimuler la production nationale, lUnion européenne (UE) a notamment lancé le projet PRIMA, ou en créole : Pwogram Ranfosman Entegre na sektè Komès an Ayti. Etalé sur 4 ans (de 2005 à 2009), ce projet de 8 millions deuros vise à donner un coup de pouce aux petites entreprises. Il est déjà sursouscrit, déclare son directeur Klaus Dieter Handschuh, qui invite ainsi lOrdonnateur national Price Pady à suggérer quun projet de suivi serait bénéfique. Le programme sinspire du succès rencontré à léchelon national par certaines petites et moyennes entreprises (PME), parmi lesquelles lINDEPCO pour lindustrie et lONG Vétérimed (voir larticle sur lagriculture) pour le secteur laitier, explique M.Handschuh. LINDEPCO, Institut de développement et de promotion de la couture, dirigé par Hans Garoute, importe des tissus pour la fabrication duniformes scolaires et autres vêtements. B B A A R R B B A A N N C C O O U U R R T T U U N N E E M M A A R R Q Q U U E E P P H H A A R R E E E E N N H H A A Ï Ï T T I I R ŽputŽe dans le monde entier, la marque de rhum ha•tienne Barbancourt n'a cessŽ de gagner du terrain malgrŽ le rŽcent climat d'insŽcuritŽ du pays, dŽclare le directeur gŽnŽral de l'entreprise Thierry Gardre. Barbancourt est reconnu par les magazines spŽcialisŽs comme l'un des cinq meilleurs rhums au monde. Gardre explique que la maturation en fžts de chne blanc du Limousin et l'utilisation de sucre de canne au lieu de mŽlasse importŽe font toute la diffŽrence et donnent ˆ ce rhum sa douceur caractŽristique. L'entreprise, qui emploie 250 personnes, produit actuellement 3 millions de bouteilles de 4, 8 et 15 ans d'‰ge par an. Ses ventes sont particulirement florissantes aux Etats-Unis, au Panama et au Chili. Gardre reprŽsente la 4e gŽnŽration de cette entreprise familiale fondŽe en 1862. Il explique qu'un projet rŽgional de l'UE (70 millions d'euros sur 4 ans) axŽ sur les producteurs de rhum des Cara•bes a nettement accru la production. Au dŽpart, ce projet unique a ŽtŽ mis en place afin de compenser les pertes de l'industrie, partiellement occasionnŽes par l'OMC lors de l'ouverture des marchŽs aux alcools blancs ˆ Singapour en 1996. LancŽ en 2002, il a rŽcemment ŽtŽ prolongŽ jusqu'en juin 2010 afin de permettre l'utilisation de tous les fonds disponibles. Gardre explique que son entreprise s'est vu octroyer ˆ ce jour 1,2 million d'euros, afin d'amŽliorer ses installations ainsi que la fabrication de ses produits. Cette somme lui permettra Žgalement de rŽaliser une Žtude sur l'utilisation des produits dŽrivŽs de la canne ˆ sucre. Les entreprises doivent dŽbourser 40 ˆ 60% des fonds requis pour chaque projet, selon le montant souhaitŽ, tandis que l'UE se charge du reste sous la forme d'une subvention. "Nos ventes ont progressŽ de 20% au cours des deux dernires annŽes", dŽclare Gardre. Un succs qu'il attribue en partie ˆ l'effet-MINUSTAH : les soldats chiliens prennent gožt au rhum durant leur service pour l'ONU ˆ Ha•ti et continuent ˆ acheter du Barbancourt quand ils sont de retour chez eux. DesCRÉDITS pour le COMMERCE Si vous vendez des fruits de la passion, des vtements ou de la musique sans vous rŽveiller ˆ l'aurore, n'espŽrez mme pas trouver un emplacement ˆ Port-au-Prince ou dans la zone commerciale voisine de PŽtionville. Chaque centimtre carrŽ de trottoir sera dŽjˆ occupŽ. Les vendeurs ambulants gagnent durement leur vie au jour le jour.Gr‰ce ˆ l'amŽlioration de la sŽcuritŽ dans les rues et ˆ la stabilitŽ du gouvernement, les Ha•tiens peuvent escompter une Žconomie domestique plus saine, capable de leur procurer des emplois et d'amŽliorer leur quotidien. © Debra Percival © Debra Percival R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 25 > Les routes : une clé de léconomieTous les projets sont prioritaires en HaïtiŽ, déclare lOrdonnateur national Price Pady. La construction et la modernisation de routes, destinées à stimuler la croissance économique, sont les principaux objectifs du 10e FED (175 millions deuros). Sur les 3.400 km de routes haïtiennes, seuls 10% sont en bon état. Les tronçons entrant en ligne de compte pour le 10e FED sont la route Saint-Raphaël-CapHaïtien, les périphériques ceinturant CapHaïtien et Mirebalais et une route allant de Mirebalais à la frontière dominicaine. Une aide financière devrait être accordée au secteur ainsi quau Fonds dentretien routier (FER) de Haïti afin dentretenir le réseau. La Banque mondiale et la France sont censées rénover un tronçon entre Hinche et Saint-Raphaël (voir la carte) afin de parachever lartère qui relie la capitale et Cap-Haïtien. Le 10e FED affectera également des fonds au financement de la bonne gouvernance (36 millions deuros), un volet prioritaire pour consolider la stabilité politique du pays. La réforme du système judiciaire est le principal défi du gouvernement à court termeŽ, précise le document de stratégie de lUE pour Haïti dans le cadre du 10e FED. Une aide sera octroyée en vue de favoriser la décentralisation et la mise en œuvre du Document de stratégie national pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP), programme gouvernemental attendu de longue date. Un soutien budgétaire direct avoisinant les 48 millions deuros est en outre prévu, les versements annuels étant liés à la gestion adéquate des finances publiques. Lassistance aux acteurs non étatiques (8,8 millions deuros), les initiatives culturelles (3,7 millions deuros), laide technique à lOrdonnateur national et aux institutions (7,5 millions deuros), les stratégies binationales en collaboration avec la République Dominicaine et la mise en œuvre du nouvel Accord de partenariat économique (12 millions) sinscrivent en marge des secteurs primordiaux. D.P. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 46Eligible au Fonds européen de développement (FED) pour la première fois en 1990, au titre de la Convention de Lomé IV, Haïti a essuyé une série de crises politiques et institutionnelles au cours des années 1990 et ce, jusquen 2004. Par voie de conséquence, la plupart des fonds européens destinés à des secteurs-clés de léconomie ont été réaffectés à des projets durgence, daide humanitaire et dintervention post-conflitŽ. Le coup dEtat contre le Président JeanBertrand Aristide en 1991 a reporté la mise en œuvre du 7e FED (1990-1995), doté dune enveloppe de 112, 2 millions deuros. Quant au versement des 148 millions deuros au titre du 8e FED (1995-2000), il sest heurté à une absence de gouvernementŽ débouchant sur la prise de mesures appropriéesŽ par lUE en 2001. Les fonds disponibles ont ainsi été directement affectés à l'aide aux populations, couvrant lassistance durgence et divers projets de la société civile, les habitants bénéficiant également de laide complémentaire de lOffice humanitaire de la Communauté européenne (ECHO). Lun des rares projets à plus long terme a été le soutien au secteur de lenseignement en 1999. Le Programme damélioration de la qualité de léducation (PARQUE) a bénéficié dune aide de 28 millions deuros … montant destiné, notamment, à la construction/rénovation de 17 instituts de formation denseignants (Ecoles fondamentales dapplication et centres dappui pédagogique, EFACAP), desservant 350 écoles dans 4 départements. Ce programme au succès phénoménalŽ, explique Price Pady, a récemment bénéficié de 14 millions d'euros supplémentaires au titre de l'aide post-conflitŽ dans le cadre du 9e FED (voir plus bas).> Soutien post-conflitLorsque la crise politique de 2004 sest terminée, le 9e FED était en cours (2000-2007). Son budget de 167,6 millions deuros a donc été redirigé vers un soutien post-conflitŽ pour les élections de 2006 et la relance du pays. Le solde de lenveloppe des 7e et 8e FED a été regroupé, totalisant 276 millions deuros affectés à laide post-criseŽ. Ces fonds ont permis de financer lorganisation délections (18 millions deuros), laide commerciale via PRIMA(voir larticle sur lindustrie), laide à lenseignement, la construction de quelques routes et de nombreux projets menés par la société civile (voir AVSI ci-dessous). Le tronçon routier reliant Port-au-Prince et Mirebalais était en cours dasphaltage lorsque nous avons visité les lieux, bien que les travaux sur le terrain escarpé et rocailleux qui sélève depuis Port-au-Prince aient été difficiles, comme lexplique Roberto Rivoli, ingénieur routier de la société française BCEOM qui coordonne les travaux du groupe de construction dominicain. La section en question se situe entre la capitale et Cap-Haïtien, sur la côte nord. Une autre section de cette route, jusquà Hinche, ainsi que la route entre Cap-Haïtien et Dajabon, le long de la frontière avec la République Dominicaine, sont également en voie de réfection grâce aux deniers du 9e FED. Lamélioration de la gestion économique par le nouveau gouvernement sest également traduite par une aide budgétaire générale de 36 millions deuros pour 2006-2007. RESPEKTE MOUN,Bati KayŽ"N ous pouvons dŽsormais circuler en sŽcuritŽ", dŽclare Fiammetta Cappellini, consultante socioŽducative auprs de l'ONG italienne AVSI, qui mne actuellement un projet du FED visant ˆ instaurer un climat pacifique ˆ CitŽ Soleil, au nord de Port-au-Prince. La population de ce bidonville est estimŽe ˆ 350.000 Ha•tiens. PrŽcŽdemment contr™lŽes par des gangs armŽs perpŽtrant violences et enlvements, ses rues sont devenues moins dangereuses depuis fŽvrier 2007. Bon nombre des fauteurs de troubles ont, en effet, ŽtŽ arrtŽs avec l'aide de la MINUSTAH. Le projet Bati lap, ŽtalŽ sur trois ans (20072009) et bŽnŽficiant de 1,2 million d'euros, dont 200.000 de l'ONG Justice et Paix, prouve qu'"il existe une alternative aux gangs armŽs", dŽclare Carlo Zorsi, reprŽsentant de l'AVSI en Ha•ti. On peut aisŽment comprendre les frustrations des gens contraints de vivre dans cet espace de 5 km‚ sans infrastructures de base, sans emploi et sans savoir d'o viendra leur prochain repas. Les impacts de balles dans certaines cabanes tŽmoignent de la prŽsence d'armes ˆ feu. "Nous avons eu du mal au dŽbut ˆ vŽhiculer un message de paix", explique Fiammetta Cappellini, car les gens avaient l'habitude de recevoir des biens matŽriels en contrepartie. Le programme assure la formation de "mŽdiateurs de la paix" chargŽs de transmettre le message ˆ d'autres personnes, qui signent une dŽclaration d'engagement en faveur de la paix. Pour Carlo Zorsi, il Žtait difficile de transmettre une vision de l'avenir aux jeunes, essentiellement ‰gŽs de 18 ˆ 28 ans. Le programme apporte Žgalement une aide plus gŽnŽrale, notamment pour la rŽdaction d'un CV. Il prŽvoit en outre une aide sociale ainsi que des consultations psychologiques pour les jeunes enfants. La violence omniprŽsente a en effet engendrŽ des violences familiales ˆ l'Žgard des femmes et des enfants, prŽcise Fiammetta Cappellini. Zorsi ajoute qu'il reste beaucoup ˆ faire ˆ CitŽ Soleil et dans le bidonville de Matissant, au sud de la capitale. Un projet d'horticulture urbaine, basŽ sur l'utilisation de pneus et de toitures, pourrait s'avŽrer utile, souligne-t-il, tout en insistant sur la nŽcessitŽ d'aider les autoritŽs locales. Et de conclure : "Le maire (de CitŽ Soleil) a ŽtŽ Žlu mais n'a gure d'influence ou de capacitŽ d'action" www.avsi.org 47 Travaux sur la route entre Port-au-Prince et Mirebalais, financŽs par le FED.© Debra Percival En haut : Projet d'Žducation de l'AVSI pour les enfants, CitŽ Soleil, un bidonville ˆ Port-au-Prince. © Carlo ZorziLa construction et la rŽnovation de routes en vue de stimuler la croissance Žconomique sont les principaux objectifs du 10meFED, qui a affectŽ un budget de 175 millions d'euros pour un total de 3.400 km de routes. © Debra Percival Carte de Ha•ti montrant les principaux rŽseaux routiers.© Avec l'aimable autorisation de Vincenzo Collarino Le10eFEDSUR LESTRAVAUXROUTIERSET LA GOUVERNANCE Le10eFED SERA AXÉ SUR LES TRAVAUXROUTIERSET LAGOUVERNANCE L'actuelle stabilitŽ politique en Ha•ti permet au 10e FED de s'orienter vers des secteurs essentiels pour l'avenir du pays. Dans le cadre du programme 2008-2013, 291 millions d'euros seront affectŽs ˆ la gouvernance, la construction de routes, la rŽforme du systme judiciaire, la dŽcentralisation et certaines mesures gŽnŽrales d'aide budgŽtaire. R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 26 Les touristes ne doivent surtout pas manquer Port-au-Prince. En plein cœur de la ville, les Champs-de-Mars construits en 1953 et récemment rénovés par le Président René Préval sont une sorte despace récréatif ou de lieu de rencontre, un endroit où les Haïtiens peuvent voir et être vus. Le Musée dArt haïtien y abrite une importante collection dart naïf. Et face au Palais présidentiel immaculé, on peut imaginer les allées et venues des dirigeants de Haïti. Non loin de là, les soirées voodoo jazzŽ du jeudi à lHôtel Oloffson sont un must. LHôtel Trianon de Graham Greene dans Les Comédiens est dailleurs inspiré de lHôtel Oloffson, où il a écrit une partie de son roman. Les nombreuses maisons de style pain dépiceŽ de Port-au-Prince sont rehaussées de magnifiques balcons, tourelles, pignons et toits en pente victoriens. En haut de la colline, les galeries du quartier commerçant de Pétionville regorgent dœuvres réalisées par les artistes très prisés de Haïti. Un peu plus loin, Boutilliers offre un superbe panorama sur Port-au-Prince. Au nord-ouest, Les Gonaïves est la ville où lindépendance de Haïti fut proclamée le 1er janvier 1804 ; et dans la pointe sud-ouest, le Parc national Macaya est le dernier sommet de forêt montagneuse humide du pays, avec un point culminant à 2.347 mètres. Anne Rose Durocher ne demande quà partager sa passion : Nous devons montrer le pays extraordinaire quest Haïti.Ž> 600.000 visiteurs dun jourAvec aussi peu de voyageurs qui passent une nuit à Haïti, il est surprenant dentendre le ministère du Tourisme affirmer que pas moins de 600.000 personnes visitent le pays chaque année. En fait, ce sont presque tous des visiteurs dun jour amenés par le paquebot de croisière Liberty OverseasŽ de Royal Caribbean . Le navire fait 2 ou 3 escales par semaine le long des plages de sable blanc de Labadie (au nord), débarquant à chaque fois quelque 4.300 touristes. Les visiteurs doivent sacquitter de 6 dollars, dont une moitié revient au gouvernement haïtien et lautre alimentant les caisses de la société gestionnaire des installations de la plage. La Citadelle étant toute proche, les visiteurs pourraient soffrir des excursions vers cette forteresse qui côtoie le ciel, mais la médiocrité des infrastructures rend les visites difficiles, explique Paul Emile Simon, architecte urbain auprès du ministère du Tourisme. Les projets binationaux avec la République Dominicaine suscitent également de grands espoirs, comme le développement de lEtang saumâtre et du Lac Enriquillo en République dominicaine. Ces deux lacs font partie de la même étendue écologiqueŽ, explique Simon, et ont une faune identique : crocodiles, iguanes, flamants roses, etc. Pour Simon, le terrain plat qui sétend sur les deux rives offre dexcellentes opportunités pour des hôtels et des parcours de golf. Certains estiment que Haïti devrait être proposé comme destination parallèleŽ dans les circuits intégrant la République Dominicaine, la Jamaïque et Cuba. Bien que le pays dispose dhôtels familiaux de très bonne qualité, les investissements dune chaîne internationale viendraient à point nommé, pense Giliane Joubert de lATH. La diaspora de Haïti a, elle aussi, été encouragée à investir davantage dans le secteur. Le Sommet sur le développement du tourisme en Haïti, organisé par MWM & Associates à Port-au-Prince, du 20 au 22 juin 2008, examinera notamment comment les partenariats privé/public peuvent collaborer pour développer le secteur. D.P. N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 49 48 U ne visite de trois jours en novembre 2007 par un groupe de touristes japonais a fait la une du journal haïtien Le Nouvelliste . Car pour une fois, il ne sagissait pas de spécialistes du développement, damis ou de membres de la famille demployés de lONU, ni de participants à lune ou lautre conférence, qui faisaient les beaux jours des hôtels haïtiens depuis quelque temps. Un autre contingent de ces vraisŽ touristes dExtrême-Orient est prévu pour début 2008, ce qui donne à penser que les vacanciers ont été séduits par Haïti. Le tourisme a été épinglé comme une des priorités du gouvernement en matière demplois, de revenus et de croissance, mais attirer les visiteurs demeure une véritable gageure en termes de relations publiques. Les casques bleus de lONU sont nombreux dans le pays et ils le resteront pendant quelque temps encore. De même, les enlèvements sporadiques contre rançon, rapportés par la presse internationale, effraient également les touristes. Quant aux routes, elles sont tellement dégradées que les excursions, pourtant superbes, nattirent plus guère que les aventuriers. Dun autre côté, on comprend aisément pourquoi le gouvernement se montre optimiste quant au potentiel touristique de lîle. Haïti dispose de sites extrêmement diversifiés pour immerger les visiteurs dans ses richesses historiques et culturelles, tout en bénéficiant des principaux atouts commerciaux des Caraïbes : sable blanc et ambiance décontractée dans presque tout le pays. Haïti est un cocktail de destinationsŽ, explique Giliane César Joubert, directrice administrative de lAssociation touristique de Haïti. Anne Rose Schoen Durocher, directrice de lagence publicitaire ARCA à Port-au-Prince, vit en Haïti depuis 28 ans. Un pays quelle a découvert en tant que guide pour un éminent tour-opérateur européen. Elle se souvient que le tourisme était florissant dans les années 1970. Alépoque, lun des sites les plus célèbres du pays, La Citadelle construite sur le spectaculaire Pic-la-Ferrière par le roi HenriChristophe afin dempêcher une nouvelle invasion par les Français, avait coutume de recevoir 600 visiteurs par semaine Ases pieds gisent les ruines du palais Milot Sans Souci de Henri-Christophe, détruit par un tremblement de terre en 1842. Le triste spectacle des réfugiés fuyant Haïti en bateau vers la fin des années Duvalier et la crise du VIH … mal gérée sur le plan des RP… ont effrayé les touristes, et le secteur ne sen est jamais remis, déplore Durocher : Le pays a régressé à toute vitesse, à linstar du tourisme. Vers 1986-1987, le tourisme était au point mortŽ, précise-t-elle. > Les sites incontournablesŽSes sites incontournablesŽ incluent Jacmel, une ville pittoresque du XIXe siècle, perdue dans le temps et dans le Sud. Construite par des négociants en café, qui lont agrémentée de colonnes victoriennes en fonte, elle est aujourdhui associée à lartisanat. CapHaïtien, dans le Nord, est la deuxième ville de Haïti, non loin de La Citadelle. Les Cayes, construite en 1720, est une ville paisible du Sud-Ouest. Le Sud est littéralement virginal, avec des kilomètres de plages délicieusement sablonneusesŽ, explique Durocher. La Côte des Arcadins, juste au nord de Port-au-Prince, dispose également de plages sablonneuses. ATTIRER les TOURISTES vers un pays extraordinaire Vue d'une plage prs de Les Cayes.© Marc Roger "Ha•ti est un cocktail de destinations", explique Giliane CŽsar Joubert, Directrice administrative de l'Association touristique de Ha•ti.© Marc Roger Scnes de rues ˆ Les Cayes.© Marc Roger R eportageHaïti R eportage Haïti PAGE 27 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008> Un parcours instable Carrefour entre lOrient et lOccident, la Roumanie constitue une île de latinité dans un océan slave. Son histoire alterne les périodes de modernisation accélérée et de glaciation dévastatrice. Des origines géto-daces et romaines de lAntiquité à la formation dune nation, les pays roumains ont connu les invasions barbares, les principautés indépendantes médiévales, la domination ottomane, celle des Habsbourg, avant de sunifier au XIXe siècle. Les territoires de ce qui devait devenir la Roumanie ont absorbé quantités dinfluences, comme par exemple celle des colons saxons envoyés par les souverains hongrois au Moyen-âge pour sécuriser une frontière orientale en proie aux attaques des Tatars et des Turcs. Ces derniers, une fois maîtres de la Moldavie et de la Valachie nont ni colonisé ni islamisé ce qui était pour eux une marche dempire. Ils ont laissé une large autonomie à leurs vassaux, tout en les faisant administrer par de puissantes familles grecques de Constantinople, les Phanariotes. Autant dinfluences allemandes ou grecques qui perdurentƒ Cest finalement au lendemain du premier conflit mondial que le pays a pu acquérir les frontières de ce que lon appelle la Grande RoumanieŽ. Au cours de cette histoire mouvementée, les Roumains ont souvent vu la guerre sur leurs terres mais nont jamais été du côté des agresseurs. Ils ont dû composer avec les appétits des trois grands empires qui les ont entourés voire englobés : russe, austro-hongrois et ottoman. La Seconde Guerre mondiale aux côtés de lAllemagne nazie de 1941 à 1945 a coûté cher au pays, non seulement en terme de pertes humaines mais aussi par son incorporation au bloc communiste. La révolution de 1989 a mis fin à la version extravagante et destructrice du communisme du dictateur Nicolae Ceausescu. Le 1er janvier 2007, la Roumanie a rejoint lUnion européenne gage dune stabilité sans doute bénéfique à son développement. Latine et orthodoxe, elle constitue une synthèse originale entre Ouest et Est qui ne peut quenrichir lEurope. 51 D écouvrir l’Europe 50 Sergine André est tout ce qui rend le pays captivant : vibrante, créative, sensuelle, libre desprit. Ses peintures reflètent le mélange extrême despoir et de désespoir, doptimisme et de pessimisme du pays. Les premières œuvres de Sergine André représentent des personnages à peine discernables, tapis dans le fond de la toile. Certains sont bien concrets, avec des traits visibles et souriants, nimbés dun décor orange. Ils sont presque protecteurs. Dautres sont quasi imperceptibles. Leur silhouette fantomatique et squelettique, qui ne laisse quune simple trace sur la toile, est plus menaçante. Toutes ces formes sont-elles des représentations des esprits iwa du Vaudou ? Le vaudou ou vòduŽ en langues fon et éwé dAfrique occidentale, signifie espritsŽ ou création divineŽ. Il a été amené en Haïti lorsque les Bkongo dAfrique centrale et les Igbo et Yoruba dAfrique occidentale sont arrivés dans le pays en tant quesclaves. Les adeptes du Vaudou vénèrent un dieu (BondyèŽ), et servent les esprits (Sèvis LwaŽ). Il existe des centaines desprits ou LwaŽ qui sont grosso modo répartis en Rada, esprits chaudsŽ et plus sympathiques, et Petro, esprits froidsŽ mais très agités. Aucun des deux groupes nest purement bon ou mauvais. Le Vaudou intègre également certaines influences des premiers colons du pays, les Indiens taïnos, et recourt au symbolisme des saints de lEglise catholique pour représenter les esprits. Cette coutume proviendrait du temps où les esclaves devaient cacher leur religion à leurs maîtres coloniaux. Durant les cérémonies vaudoues, diverses offrandes (nourriture, boissons, présents) sont faites aux esprits tandis que les prêtres (HougansŽ) et prêtresses (MambosŽ) essaient dentrer en contact avec eux ainsi quavec les esprits des ancêtres par le biais de chants et de prières. Les esprits peuvent prendre possession dindividus en transe afin de parler et dagir via leur corps. Chacun est censé avoir une relation particulière avec un esprit mais peut en servir plusieurs. Je suis influencée par le Vaudou, bien sûr, cest une part de moi-mêmeŽ, déclare Sergine André. Elle précise néanmoins que les personnages quelle peint peuvent tout simplement représenter les ombres ou rêves des nuits sombres dans la région rurale de lArtibonite où elle a grandi. Après ses études aux Ecoles des Arts dOttawa (Canada), elle retourne en Haïti. En décembre 1997, elle remporte le concours Connaître les Jeunes PeintresŽ de lInstitut français. Elle est ensuite sollicitée par lEcole nationale des Beaux-Arts à Paris en tant quartiste invitée, davril à juin 1998. Durant la période avriljuin 2006, elle se rend en Afrique du Sud avec la Bag FactoryŽ, afin de travailler avec de jeunes artistes. Les dissensions de la société sud-africaine lattristent. Parmi ses sources dinspiration, elle cite Jean-Claude TigaŽ Garoute. Récemment décédé, cet artiste abstrait haïtien utilisait de lencre et un acide afin de conférer un aspect doré à ses œuvres. Sergine rend hommage à cette méthode, baptisée Solèy BrileŽ, dans ses propres tableaux. Les oranges, rouges et autres couleurs vives expriment son énergie et sa passion. Elle travaille actuellement sur une série de peintures en teintes bleues. Réalisées avec de larges rameaux, des formes symétriques apparaissent dans le fond, un peu comme des fenêtres. Peutêtre sagit-il des sages esprits Iwa ? Peutêtre... je peins juste ce que je voisŽ, dit-elle en se dirigeant vers une fenêtre ouverte de son studio. Le regard de Sergine Andre est une fenêtre sur lâme de Haïti. D.P. Jean-Franois Herbecq R R O O U U M M A A N N I I E E , , p p a a y y s s d d e e c c o o n n t t r r a a s s t t e e s sNouvelle frontire orientale de l'Europe, la Roumanie est sans doute le pays du continent qui change le plus rapidement. EntrŽe il y a un peu plus d'un an dans l'Union europŽenne, elle combine croissance Žconomique rapide et structures en attente de rŽformes. Le pays offre aussi de forts contrastes entre rŽgions. A ce titre, il se rŽvle une destination touristique mŽconnue mais prometteuse. Avec ses multiples minoritŽs, la Transylvanie donne un bel exemple d'un modle de cohabitation multiculturelle. Saisir lâme de Haïti :SERGINE ANDRÉParmi les innombrables peintres, Žcrivains, musiciens et talents cinŽmatographiques de Ha•ti, Sergine AndrŽ, alias "Djinn", semble Žvoquer l'‰me mme de Ha•ti.Sergine AndrŽ dans son studio de PŽtionville avec une de ses peintures. © Debra PercivalSergine AndrŽ, "Sans titre", Huile sur toile, 30 x 40 cm. Avec l'autorisation de l'artiste. Photo : Debra PercivalSur le fond : Sergine AndrŽ, "Sans titre", Huile sur toile, 30 x 40 cm. Avec l'autorisation de l'artiste.Photo : Debra Percival Scne populaire ˆ Bucarest.© J.-F. Herbecq Le Roi Decebal.© J.-F. Herbecq Rue de Bucarest.© J.-F. Herbecq R eportageHaïti PAGE 28 UN NOUVEAU PAYS DONATEUR 52 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 L e 1er janvier 2007 a représenté un moment historique pour la Roumanie. Les bénéfices de son adhésion à lUnion européenne se sont déjà fait sentir avant cette date avec des réformes et une croissance de 6% en moyenne au cours des sept dernières années. Les investissements étrangers ont connu une forte progression, le chômage est resté bas. Ladhésion a apporté de plus les bénéfices dun accès complet au marché interne, aux politiques économiques et de cohésion sociale de lUE. Elle permet aussi une présence renforcée sur la scène internationale. Bref pour la Représentation permanente de la Roumanie auprès de lUnion européenne, cette première année dadhésion 2007 a été pour le pays une réussite très claire, au plan économique, social et politique. Quen est-il dès lors de sa politique envers les pays ACP? Le soutien sans retour accordé par le régime communiste de Ceausescu à certains pays africains a noirci limage de la coopérationŽ, avertit dentrée de jeu Daniel Daianu, fraîchement élu sur les bancs libéraux du Parlement européen. Les régimes politiques sen vont, les gens restentŽ, rappelle pour sa part le Ministre des Affaires étrangères Adrian Cioroianu qui nexclut pas du dialogue politique une dimension économique afin de récupérer les marchés et diversifier les sources dapprovisionnement énergétique. Car la Roumanie perd des marchés en Afriqueƒ Les principaux pays dAfrique subsaharienne avec lesquels la Roumanie a des échanges commerciaux sont lAngola, la Côte dIvoire, lEthiopie, le Ghana, la Guinée, le Nigeria, le Soudan et lAfrique du Sud. Les relations économiques et commerciales se sont réorientées vers les partenaires occidentaux ou géographiquement proches. La Roumanie dispose dune série davantages intéressants pour les Etats africains, rappelle-ton à la Représentation permanente : en économie et pour la technique par exemple. Plus de 30.000 spécialistes sont formés dans les universités roumaines. Ces spécialistes roumains ont contribué à la réalisation des constructions civiles et dinfrastructure au Nigeria et au Ghana, des exploitations minières et pétrolières au Nigeria, Sénégal et Burundi, des cultu53 Aslan : mis au point par le Dr Ana Aslan dans les annŽes 1950, le Gerovital H3, aux extraordinaires vertus anti-vieillissement, guŽrit tout ou presque : de l'arthrite ˆ la dŽpression en passant par la chute des cheveux. C'est devenu l'emblme de la recherche roumaine, et un cadeau fort prisŽ. Brancusi : le plus cŽlbre sculpteur roumain a ŽtŽ l'un des premiers ˆ expŽrimenter dans l'abstrait. Surtout en France o il a passŽ une grande partie de sa vie. Ceausescu : il aurait dž devenir cordonnier mais accde un peu par surprise au pouvoir en 1965. Aprs des annŽes flamboyantes o il se positionne de faon trs indŽpendante par rapport ˆ Moscou, il fait sombrer son pays dans une dictature surrŽaliste qui lui vaudra mme un tŽlŽgramme de fŽlicitations de É Salvador Dali. Son grand ami Mobutu fut trs affectŽ par sa mort. Dracula : "Le fait que Dracula n'ait pas existŽ ne veut pas dire qu'il n'existe pas", Žcrit l'historien Lucia Boia. Le prince Vlad Tepes, l'Empaleur, du XVe sicle, est bien ˆ la base de ce mythe souvent associŽ ˆ Ceausescu, le "vampire rouge". Ecologie : mot inconnu en Roumanie jusqu'ˆ il y a peu. Francophonie : ”lot de latinitŽ dans un ocŽan slave, la Roumanie conserve avec le franais une fentre ouverte sur le monde, notamment sur l'Afrique. Garde de fer : mouvement extrŽmiste des annŽes 30 qui mle mystique nationaliste, antisŽmitisme et ferveur orthodoxe. Ses "lŽgionnaires de l'Archange Saint-Michel" ont finalement ŽtŽ ŽliminŽs, politiquement et physiquement, par le MarŽchal Ion Antonescu. Hongrois : principale minoritŽ en Roumanie, 1,7 million sur les 22 millions de Roumains, ils reprŽsentent un cinquime de la population de Transylvanie o ils continuent d'affirmer leur identitŽ aprs les annŽes de chape de plomb du communisme. Industrie cinŽmatographique : depuis les succs des Cristi Puiu, Cristian Mungiu et Corneliu Porumboiu sans oublier le regrettŽ Cristian Nemescu, le 7e art roumain est reconnu. Mais derrire les Palmes d'Or et les prix, il y a des milliers de professionnels. De nombreux cinŽastes Žtrangers viennent filmer en Roumanie profitant aussi des dŽcors uniques, dont Francis Ford Coppola n'est pas le moindre. Juifs : selon la commission Wiesel, "la Roumanie porte la responsabilitŽ de la mort de plus de Juifs que n'importe quel pays autre que l'Allemagne elle-mme", mais ˆ c™tŽ des massacres commis en Bessarabie, en Bucovine et en Transnistrie et malgrŽ les persŽcutions, une majoritŽ de Juifs de Roumanie a survŽcu ˆ la guerre. Mais 250.000 Juifs et Roms ont ŽtŽ assassinŽs par le rŽgime d'Antonescu pendant la guerre. Kronstadt et Koloszvar : noms, respectivement allemand et hongrois, de deux villes de Transylvanie, Brasov et Cluj, ce qui illustre la diversitŽ ethnique de la rŽgion. Logan : plus de 700.000 exemplaires dŽjˆ ŽcoulŽs en moins de quatre ans. Dacia a fait un carton dans 55 pays avec cette voiture voulue "ˆ moins de 5.000 euros" par Renault. Produite dans sept pays dont la Roumanie, le Maroc et bient™t l'Afrique du sud, elle existe en trois versions, berline, break et van pour rŽpondre aux besoins de tous les marchŽs Žmergents. Manele : style musical ˆ la mode. C'est un mŽlange de musique traditionnelle roumaine et de mŽlopŽes tziganes, dopŽ de pop commerciale aux relents orientaux. Compte sans doute autant d'amateurs, chez les jeunes et les Roms, que de dŽtracteurs, chez les intellectuels. Les textes, souvent vulgaires, parlent d'argent et de femmes, de maffia et d'amourÉ C'est un peu le rap, le n'dombolo ou le zouk local. Nouveau leu : un nouveau leu vaut 10.000 anciens lei et les nouveaux billets sont en plastique donc lavables en machine ! Orphelins : enfants des rues ou placŽs en foyers, ils constituent toujours une des catŽgories les plus dŽfavorisŽes, mme si on note une amŽlioration rŽcente. Petit Paris : surnom de Bucarest hŽritŽ de la volontŽ d'occidentaliser la ville et les mÏurs au XIXe sicle. Quadrilatre : deux dŽpartements bulgares du sud de la Dobroudja incorporŽs ˆ la Roumanie entre 1913 et 1940. PrŽtexte ˆ la dŽfiance envers ce qui est bulgare. Religion : la population roumaine est orthodoxe ˆ 86%. La chute du communisme a laissŽ le terrain libre ˆ une Žglise orthodoxe aux valeurs conservatrices et nationalistes. Sarmale : feuilles de chou en saumure farcies, plat national, accompagnŽes de mamaliga, sorte de polenta. TškŽs Laszlo : pasteur protestant hongrois qui mit le feu aux poudres en condamnant publiquement Ceausescu en 1989 ˆ Timisoara. Vient d'tre Žlu au Parlement europŽen. UniversitŽ : c'est sur la place de l'UniversitŽ ˆ Bucarest que la rŽvolution de 1989 dŽgŽnŽra. Plus d'un millier de manifestants tuŽs. C'est le "kilomtre zŽro de la dŽmocratie en Roumanie". VŽgŽtarien : un repas sans viande n'est pas un repas. Sauf en pŽriode de carme. Wurmbrand Richard : nŽ ˆ Bucarest en 1909, il a ŽtŽ, jusqu'ˆ sa mort en 2001, l'un des plus grands prŽdicateurs chrŽtiens. Ce Juif allemand de Roumanie s'est converti au protestantisme et a passŽ 14 annŽes dans les ge™les communistes. XŽnophobie : les Roumains ont tendance ˆ charger de tous les maux de la terre les Tziganes ou Roms qui reprŽsentent prs d'un dixime de la population, mais bien moins selon le gouvernement. Yuan : cigarettes, meubles, bicyclettes, agro-alimentaire : les investissements chinois affluent en Roumanie suite ˆ l'entrŽe dans l'Union europŽenne. Un nouveau Chinatown est aussi en construction ˆ BucarestÉ dans le quartier appelŽ Europa ! Zizanie : ambiance de travail dans la classe politique roumaine. J.F.H. Romania from A to Z UN NOUVEAU PAYS DONATEUR L'entrŽe dŽbut 2007 de la Roumanie dans l'Union europŽenne a marquŽ un tournant dans sa politique Žtrangre : le pays a intŽgrŽ les objectifs europŽens de coopŽration et surtout il a rejoint le groupe des pays donateurs. Pourtant cette politique en direction des ACP reste encore embryonnaire. Photo des T-shirt de Dracula.© J.-F. Herbecq Eglise ˆ Timisoara.© J.-F. Herbecq Le Berlaymont, Bruxelles 2006. © EC D Žcouvrir l'Europe RoumanieD Žcouvrir l'EuropeRoumanie PAGE 29 ETRE AFRICAIN EN ROUMANIEDeux millions de Roumains expatriŽs et seulement 60.000 ressortissants Žtrangers installŽs au pays, et pourtant la Roumanie commence ˆ devenir une terre d'immigration. L'Žconomie du pays conna”t une relance et a besoin de main-d'Ïuvre. Les nouveaux arrivants sont Moldaves, Turcs ou Asiatiques mais aussi parfois Africains. Pour ces derniers, l'intŽgration n'est pas toujours facile.54 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008res agricoles au Mozambique et à Madagascar, des forages deau en Zambie, des installations dassemblage pour lindustrie auto et ferroviaire au Nigeria. Et actuellement, un nombre significatif dexperts roumains travaillent dans différents pays africains. Pour leurodéputée socialiste Corina Cretu, cest le moment de forger de nouvelles relations entre la Roumanie et les pays tiers. Elle rappelle cependant que, comme donateur, la Roumanie devra tenir compte de ses propres capacités. Lancien Ministre des Finances Daniel Daianu se veut rassurant : Lélargissement de lUnion européenne à lest ne signifie pas une réduction du budget réservé à la coopération, au contraire, le budget global est en croissance. Cela dit, la politique de coopération au développement de la Roumanie reste un peu paroissiale, cela doit changer !Ž>Bon petit soldatMême si depuis son adhésion à lUnion les relations de la Roumanie avec les pays dAfrique subsaharienne constituent une dimension importante de sa politique extérieure, cest lintégration euro-atlantique qui reste son objectif numéro un, explique-t-on à la Représentation roumaine à Bruxelles. Les pays proches géographiquement, notamment les pays de lEst et les Balkans occidentaux ont la priorité, de même que les pays en voie de stabilisation où la Roumanie participe à des forces de paix comme lIrak ou lAfghanistan. En effet depuis longtemps déjà, la Roumanie est le bon petit soldat de la scène internationale. Sans rechigner, Bucarest participe à des opérations de maintien de la paix sur quatre continents : Haïti, Congo, Côte dIvoire (autant de pays francophones !), Ethiopie et Erythrée, Soudan, Libéria, Afghanistan, Népal, Timor Leste, Géorgie et Kosovo. Ladhésion de la Roumanie à lUnion européenne la fait passer du statut de bénéficiaire à celui de donateur daide. Elle contribuera bientôt au FED, le Fonds européen de développement. Elle envisage de cofinancer des projets sur le continent africain avec dautres pays membres de lUE. En même temps, le gouvernement roumain a exprimé sa volonté dappuyer les Objectifs de développement du millénaire, ainsi que les activités de lONU dans les domaines de léducation et de la santé, des changements climatiques, de la sécurité alimentaire, de laide humanitaire et du maintien de la paix. >FrancophonieAvec 5 millions dhabitants maîtrisant le français sur une population de 22 millions environ, la Roumanie constitue un poste avancé de la francophonie en Europe orientale. Le gouvernement roumain a mis en place en 2007 un système de bourses détudes baptisé Eugène IonescoŽ destiné aux ressortissants étrangers dans les institutions denseignement supérieur de Roumanie. La Roumanie accorde ainsi un montant dun million deuros annuellement pour les doctorants et les chercheurs des pays du Sud, membres de la francophonie. Le but de ce programme est de permettre aux chercheurs et aux doctorants des pays du Sud de bénéficier dun stage de maximum 10 mois dans 15 institutions denseignement supérieur roumaines, reconnues pour leur excellence. Le nombre minimum de bourses accordées annuellement est de 70, il sera de 120 en 2008. Le programme Eugène Ionesco se trouve maintenant dans sa première année dexistence et, parmi les chercheurs déjà inscrits, il y a des représentants du Bénin, du Cameroun, de la Côte dIvoire, de la Guinée, de la Mauritanie, de Madagascar et du Sénégal. Le 10e Sommet de la francophonie à Bucarest, du 25 au 29 septembre 2006, a présenté une série de manifestations culturelles couvrant plusieurs aspects de la vie artistique. Ainsi, sous le nom de Rythmes et images de la francophonie, des artistes et des groupes provenant du Maroc, Haïti, Congo, Djibouti, Vietnam, Sénégal et Guinée ont donné des spectacles en plein air, hautement appréciés du public roumain. Une exposition de peinture sous-verre Sénégal … Roumanie : dialogue sur le chemin du verre a relevé le défi de conjuguer la diversité culturelle de ces deux pays en présentant le travail de dix artistes. J.F.H. Amadou Niang, ancien étudiant, peut en témoigner : Comme boursier sénégalais, de prime abord jai été déçu par les mauvaises conditions réservées aux étudiants en troisième cycle. La chambre à la cité universitaire était défoncée, il a fallu louer un studio à mes frais. La qualité des études laisse aussi à désirer. La corruption existe au niveau des examens.Ž Ses études terminées, Amadou Niang a voulu rester en Roumanie. Par amour. Mais même le mariage avec une Roumaine nempêche pas les discriminations, administratives ou à lembauche. Quant à la difficulté dexister comme couple mixte: La loi anti-discrimination est de la poudre aux yeuxŽ, estime-t-il, elle nest pas efficace. Au-delà dune amende, elle ne prévoit pas de réparation pour la victimeŽ, insiste-t-il en relevant que les Roms sont sans doute plus victimes du racisme que les Africains et quil a tout de même beaucoup damis roumains. Amadou Niang a créé une association pour aider les immigrants à sinstaller. Et il nest pas le seul à réagir : un programme intitulé Démocratie et courageŽ va former les jeunes à dire non au racisme dans les écoles.J.F.H. 55 " E n 2004, lors de nos débuts, peu de gens nous donnaient une chance de réussiteŽ, se souvient Andrei, toutefois nous voilà sur le marché depuis trois belles années. Notre image, un blanc et un noir, a eu un impact très fort.ŽNotre message passe bienŽ, renchérit Kamara, en nous voyant ensemble, deux amis et deux races pour une même musique, les gens ont compris que l'entente est possible entre deux hommes de couleurs et de cultures différentesŽ. Les musiques guinéenne et française m'ont toujours fasciné. Jai été influencé par ma culture franco-guinéenne enrichie avec le temps avec celle de RoumanieŽ, raconte le Guinéen de Bucarest. Et cela fait de Kamara un personnage à part sur le marché musical roumainŽ, ajoute son comparse blanc Andrei. Les hits dAlbNegru Noi doiŽ (Nous deux) ou Muza meaŽ (Ma muse) conjuguent le roumain et le français. Un pari audacieux dans un pays de la Francophonie certes, mais qui associe souvent la modernité à la langue anglaise. C'était une nouveauté la langue française dans la musique roumaine. Les années ont passé et nous pouvons dire que la fusion entre rap français et pop roumaine est un pari gagnéŽ, estime Kamara. Trois albums en trois ans, une participation à lEurovision avec un groupe cosmopolite et des projets à la pelle, dont des tournées en Espagne et sans doute en France : le succès dAlbNegru nest pas en demi-teinte.J.F.H. BLANC NOIR Blanc Noir : le duo AlbNegru formŽ par le Roumain Andrei et le Franco-GuinŽen Kamara est un manifeste vivant en faveur de la tolŽrance. MŽlange de pop roumaine aux accents orientaux et de hip hop franais teintŽ de reggae, la musique d'AlbNegru chante l'amour et l'ouverture ˆ l'autre. Remarquable dans un pays o les Žtrangers sont parfois regardŽs avec mŽfiance. Festival francophone de Bucarest 2006.Bernard Verschueren Signature du TraitŽ d'adhŽsion ˆ l'UE par la Bulgarie et la Roumanie, le 25 avril 2005. © EC Ancienne devise. © EC Amadou Niang© A. Niang Le duo AlbNegruAlbNegru D Žcouvrir l'Europe RoumanieD Žcouvrir l'EuropeRoumanie PAGE 30 Le long des routes, souvent en chantier, on contemple un trafic vrombissant. Au passage à niveau, ça ralentit. Des Tziganes armés de Motorola photographient les bolides qui défilent. Les grandes villes captent déjà lattention des touristes. Cluj continue à bosser et à phosphorer. En 2007, Sibiu, connue aussi sous son nom allemand de Hermannstadt, a décroché le gros lot avec lannée culturelle : ce bijou de ville a pu être rénové pour accéder au statut de destination de tourisme de qualité. Brasov, moins courue, ne manque pourtant pas de charme au pied des montagnes. ASighisoara, autre cité saxonne, les touristes japonais ont déjà débarqué. Ca mitraille sec la moindre plaque draculesque. Les parkings des châteaux et citadelles affichent complet. Les agoraphobes éviteront la visite du château dit de Dracula à Bran, encadré par un marché parfaitement kitsch. Il est beau et bien restauré mais a du mal à absorber la foule des touristes en haute saison ! Plus à lest de la Transylvanie, à partir de Tirgu Mures, puis dans le pays sicule, on est comme dans une île hongroise en plein milieu de la Roumanie. Bilingues roumain-hongrois au mieux, les inscriptions sont souvent uniquement en magyar. Les parcs mémoriauxŽ sont ornés de statues enrubannées aux couleurs hongroises. On vend des souvenirs divers, tasses ou t-shirts vantant la Grande Hongrieƒ Sensibleƒ J.F.H.N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 56La Transylvanie attire. Le ciel est beau au coucher de soleil. Ici, le long de la route, des vendeurs doignons, de mûres ou de framboises. Là-bas, des eaux thermales, des lacs chauds ou salins. Danciens volcans, des mines de sel aux vertus curatives. Des vallées boisées ou des alpages verdoyants. Quelques campings plus ou moins sauvages, beaucoup de barbecues, les Roumains adorent cela. La région est une mosaïque de cultures. Ici on parle hongrois, là on cause roumain. On vous interroge en allemand, on vous répond en anglais. Il ny a pas de frontière, mais la langue changeƒ T T R R A A N N S S Y Y L L V V A A N N I I E E : : T T E E R R R R E E P P R R O O M M I I S S E E D D U U T T O O U U R R I I S S M M E ELa Transylvanie doit sans doute beaucoup ˆ l'auteur irlandais Bram Stoker qui, en crŽant le personnage de Dracula en 1897, inaugure une galerie de clichŽs qui collent ˆ la peau de la Transylvanie. La rŽgion ne se rŽsume cependant pas ˆ des ch‰teaux perdus dans les brumes des Carpates. Son patrimoine architectural compte aussi d'incomparables Žglises fortifiŽes, des villes saxonnes et des villages intacts. Ses montagnes et collines offrent aussi de magnifiques paysages. Autant d'atouts ˆ mettre en valeur. 57 P. 56 Les ch‰teaux et vallŽes offrent un potentiel touristique considŽrable. © ECP. 57 A gauche : A Sfantu Gheorghe, un mur divise la rue Varady Jozsef. © J.-F. HerbecqPhoto centrale : La Transylvanie assure la promotion de l'identitŽ hongroise. © J.-F. HerbecqEn bas : Les parcs ÔcommŽmoratifs' sont ornŽs de statues arborant les couleurs hongroises. © J.-F. Herbecq UNMURSƒPARE UNERUEENDEUX ËSFANTUGHEORGHENous sommes dans le Szekelfšld, le pays de Sicules, des Hongrois ethniques habitant l'est de la Transylvanie. Il s'agit d'une petite ville o l'on parle plus hongrois que roumain. Pour le touriste, mis ˆ part un musŽe, elle prŽsente fort peu d'intŽrt. A l'Žcart du centre ville, une rue rŽsidentielle grimpe vers les hauteurs. Au dŽpart, rien ne la distingue des autres: passŽ une Žglise, le quartier rŽsidentiel se fait plus modeste. Moins de villas, plus de pavillons, puis des blocs d'appartements. Rien de spŽcial. Mais tout d'un coup, la rue est divisŽe en deux, dans le sens de la longueur : un mur de deux mtres cinquante de haut sŽpare le c™tŽ droit du c™tŽ gauche. D'un c™tŽ c'est asphaltŽ, quelques voitures sont garŽes le long des blocs d'appartements. De l'autre c™tŽ, la rue se mue en chemin de terre longeant les petites maisons modestes. Pas une voiture. Quelques gamins jouent. Un coup d'Ïil suffit pour identifier les deux populations sŽparŽes. D'un c™tŽ les "blancs", de l'autre les "noirs", les "bronzŽs", les Tziganes, les Roms. Entre eux, un mur de bŽton. D Žcouvrir l'Europe Roumanie D Žcouvrir l'EuropeRoumanie PAGE 31 La 7 e édition des Rencontres africaines de la photographie, une des trop rares initiatives qui valorisent les réalisations des créateurs dAfrique, est un moment attendu pour tous ceux qui, au Sud comme au Nord, sintéressent à ce média particulièrement contemporain: la photographie. Proche de la vidéo, que manipulent dailleurs intelligemment nombre de photographes professionnels, la photographie dart, dexpression, ou plus simplement dauteur, savère difficilement rentable pour un créateur africain trop éloigné des maisons dédition, des salles dexposition, des réseaux de diffusion et des points de rencontre professionnels. Cela rend dautant plus indispensables les Rencontres photographiques africaines et nous ne pouvons que regretter quà part lAfrique du Sud où sactivent bon nombre dauteurs et dorganisateurs, trop peu de projets professionnels liés à la photographie sont développés sur le continent. On ne peut citer que quelques actions au Mali, au Botswana, au Gabon, au Zimbabwe et en Tunisie. Dans cette perspective où tout reste à faire, les 7 e Rencontres de Bamako savèrent indispensables même si, de fait, elles étaient initiées, organisées et supervisées à grand renfort dexperts au départ de Paris en collaboration avec la Maison africaine de la photographie de Bamako. Comme le disait avec humour un visiteur malien: Avant on les regardait nous photographier, maintenant ils nous aident à regarder nos propres photosŽ et de mettre les opérateurs culturels maliens devant un dilemme: N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 59 réativité 58 L a petite région montagneuse du Maramures, adossée à lUkraine au nord de la Transylvanie, est parfois présentée comme le Shangri-La de la roumanité. Le mythe du paysan roumain a en effet la vie dure dans un pays resté majoritairement agricole à lheure de son entrée dans lUnion européenne. Loin du tourisme de masse du littoral de la mer Noire ou des châteaux ayant soi-disant abrité Dracula, cette région verte aux traditions bien ancrées a vu débarquer une race à part : celle du touriste post-moderne, explique Raluca Nagy. Il y a 10 ans, il découvrait Prague, aujourdhui il a mis le cap sur Bucarest ou SofiaŽ, résume-t-elle. Lethno-touriste refuse de bronzer idiot. Au contraire, il sinforme et se montre curieux et attiré par lAutre. Le paysage de carte postale du Maramures et le mythe dune authenticité roumaine (quelque peu fallacieux vu son histoire qui a vu défiler Hongrois et Ukrainiens) ont fait le succès de la région. En quelques années, le tourisme amitié basé sur lhospitalité traditionnelle a fait place à une relation plus commercialeŽ a pu constater sur place cette anthropologue. Les gens du Maramures, souvent agriculteurs à mi-temps en raison de la pauvreté de la terre, se sont mis au tourisme rural. Certains, qui travaillent à létranger, ont même bâti du neuf pour recevoir le visiteur plus confortablement que dans les traditionnelles maisons de bois. Le développement de ces pensiuniaseptisées menace justement ce qui fait la caractéristique principale du tourisme en Maramures : son authenticité. Il risque même lépuisementŽ, dit la chercheuse. Et pourtant, le tourisme vert est un atout pour la Roumanie, dit Raluca Nagy : nul autre pays en Europe na une offre plus vaste, mais cest un potentiel à utiliser intelligemmentŽ.J.F.H. QUEL AVENIR pour le TOURISME RURAL enROUMANIE ?Les campagnes et les montagnes prŽservent leurs paysages et leurs traditions. Le tourisme vert est une opportunitŽ pour la Roumanie. Mais son dŽveloppement menace l'authenticitŽ de rŽgions uniques comme le Maramures.Rencontre avec Raluca Nagy chercheuse en anthropologie ˆ l'ULB ˆ Bruxelles et ˆ l'UniversitŽ de Cluj Mirko Popovitch* Une trop rare OCCASION DE VALORISER les PHOTOGRAPHES AFRICAINSRencontres africaines de la photographie de Bamako A partir du haut : Fanie Jason (Afrique du Sud), Carters on the Way to the epping scrap yard, SŽrie Cape Carting, Biennale de la photographie, Bamako 2005. © Fanie JasonSamy Baloji (RDC), GŽcamines 4, SŽrie MŽmoire, Biennale de la photographie, Bamako 2006. © Samy BalojiLe port de Bamako, lieu surprenant d'intense activitŽ et de vie © Anne Sophie Costenoble En haut : IntŽrieur typique d'une maison ˆ Lunca Livei. © ECLa vie dans les zones rurales. © EC D Žcouvrir l'EuropeSlovénie PAGE 32 La Fondation Prince Claus pour la culture et le développement a été créée le 6 septembre 1996 à loccasion du 70 e anniversaire du Prince Claus, époux de la Reine Beatrix des Pays-Bas. Depuis 1997, elle récompense des artistes, des penseurs et des organisations culturelles dAfrique, dAsie, dAmérique latine et des Caraïbes. La Fondation Prince Claus a décerné un prix à Faustin Linyekula pour le dynamisme de son engagement au Congo, sa chorégraphie exceptionnelle, son retour courageux dans son pays et la manière novatrice dont il y stimule la vie culturelle malgré linstabilité et la turbulence. Originaire de Kisangani, le chorégraphe se sert de mouvements, de textes, dimages et de sons pour communiquer et sensibiliser son public à la vie en plein conflit, que son pays connaît depuis des décennies. Il se décrit lui-même comme un conteur dhistoire. Ses créations, fortes et marquées par un langage davantgarde, nont pas échappé au jury. Faustin Linyekula a été primé en décembre 2007. La Fondation Prince Claus attribue chaque année, depuis 10 ans, un prix de 100.000 euros à des hommes, des femmes et des organisations qui se sont distingués en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, dans le domaine de la culture et du développement. Plusieurs personnalités issues du monde entier sont invitées à proposer des noms. Ensuite, après enquête, un jury restreint sélectionne un nombre limité de candidats, parmi lesquels un lauréat est élu. Celui-ci se voit remettre son prix au cours dune cérémonie officielle qui se tient à Amsterdam, en présence de la famille royale néerlandaise. En 2007, la Fondation Prince Claus a décidé de rendre hommage à des artistes et à des organisations dont lœuvre est de contrer les effets dévastateurs des conflits et, face à la dévastation, de promouvoir la beauté, le dialogue et le respect, la dignité et lestime de soi. Dix autres récompenses mineures ont été décernées, entre autres au producteur de théâtre et révolutionnaire culturel Augusto Boal (Brésil), à lactrice et poétesse Patricia Ariza quitravailleen Colombie, au caricaturiste tanzanien Gado ,au groupe artistique Ars Aevi (Bosnie-Herzégovine), à l Uniondesécrivainssoudanais (Soudan)et à Radio Isanganiro, fondée en 2002 au Burundipar un groupe de journalistes. C r ŽativitŽ 61 60sautogérer ou subir. Dans un superbe catalogue de 269 pages, français-anglais, magnifique outil édité par CULTURES FRANCE, on découvre un véritable répertoire des multiples sensibilités qui alimenteront pour des décennies la diversité culturelle tant chérie. Cest là lenjeu dune telle rencontre. LAfrique photographiée par les Africains; lEurope, lAmérique, le monde photographiés par les Africains. ABamako 2007, le thème précis était  La Ville et lau-delà Ž, cela a inspiré autant de regards différents, autant dappels au dialogue, de clichés révélateurs, dimages damour et de paix. La ville africaine est un improbable labyrinthe pour le visiteur étranger à la recherche de repères familiers. Les codes sy inventent au fur et à mesure. Selon le souffle du vent. Et le vent est celui qui fabrique ce syncrétisme hasardeux qui, malgré tout, fonctionne. Parce quil est fait de chair et de sang. (Simon Njami, Commissaire général des Rencontres de la photographie de Bamako) Lintérêt dune rencontre photographique réside dans le fait quelle est une occasion pour des photographes de se confronter à la création la plus actuelle. Bien entendu à Bamako, les références étaient de qualité. Lœil averti de Simon Njami et celui de son commissaire associé Samuel Sidibé, directeur du Musée national du Mali, ont permis la sélection dune pléiade de talents issus de 16 nationalités dorigine africaine. Mais de quoi sagit-il lorsque lon évoque lorigine dun artiste et surtout dun photographe? Dune identité de naissance, administrative, culturelle? Sachant quune part des photographes présents à la Biennale vivent à Londres, Paris, New York et vont de temps à autre, appareil au cou, se ressourcer au pays, nous sommes en droit de nous demander ce que signifie aujourdhui la photographie africaine. Est-elle réellement africaine, plus africaine que celle du quidam dorigine occidentale qui a passé la moitié de sa vie en terre dAfrique et qui sattache à regarder et palper les lumières et contrastes de la vie africaine? Et quid de la condition des photographes africains moins nantis, ceux qui ont choisi de rester sur la terre des ancêtres et sefforcent daffirmer, dans lindifférence, une sensibilité de terrain? Revenons à lévénement: les Rencontres de Bamako, cétait aussi limpressionnante présence de la Fondation Jean-Paul Blachère, du nom de son mécène, qui depuis son lieu de résidence dartistes dApt (France) valorise depuis plusieurs années avec subtilité les œuvres des artistes africains les plus originaux. Sur le plan de la photographie, on lui doit davoir révélé très tôt Saïdou Dicko (Burkina Faso), qui sest encore vu attribuer cette année un Prix, celui de lOrganisation internationale de la francophonie. ABamako, dans une friche aménagée, elle exposait les travaux de 16 artistes qui combinaient photographies et vidéos dans une étonnante scénographie. Le Cadre de promotion pour la formation en photographie (CFP) de Bamako, soutenu par lUnion européenne, nétait pas en reste. Ce centre de formation à limage, épaulé par lassociation ContrasteŽ de Bruxelles, accueillait une formation croisée de 18 stagiaires maliens et belges. Ce projet soutenu par Africalia a permis de créer 200 photos qui furent toutes exposées et projetées dans les quartiers populaires de Bamako. Parallèlement, le Cinéma numérique ambulantŽ promenait un studio numérique sur les marchés de la ville, captant ici et là, dans une folle ambiance de fête, des centaines de portraits dhabitants quil associait ensuite, par le biais dun ordinateur, à des paysages du village global. Succès assuré pour les projections sur grand écran des figures du quartier qui se retrouvaient ainsi souriant devant la tour Eiffel, les pyramides de Chéops, la Grande Muraille de Chine! Enfin parce quil est indispensable de multiplier les croisements de regards, de plonger les créateurs dans des confrontations esthétiques, de créer des occasions de visionner des œuvres, les organisateurs avaient invité la Finlande et sa nouvelle génération de capteurs dimages à exposer leurs travaux. Choc, découverte, échanges de valeurs, de sensibilités, durgences, avec toujours une question: Quest-ce qui peut rapprocher des mondes aussi étrangers les uns des autres? Lhomme caché derrière le geste artistique? Le désir de connaître lailleurs? La générosité dun visage? Ou simplement lenvie de vivre une expérience positive: voir des photos?* Mirko Popovitch, directeur d'Africalia (Belgique) C rŽativitŽ Sandra FedericiPRIXduPRINCE CLAUS 2007 En haut : Biennale de la photographie, Bamako 2007.© Afrique in visu /Baptiste de Ville d'Avray Dans l'encadrŽ : Biennale de la photographie, Bamako 2007.© Afrique in visu / Baptiste de Ville d'Avray Faustin Linyekula avec Papy Ebotani et Djodjo Kazadi dans The Dialogue Series III, Dinozord, 2006.© Sammy Baloji, avec l'autorisation de Faustin Linyekula Sudanese Writers Union Avec l'aimable autorisation de SWU Dessin de Gado.Avec l'aimable autorisation de Gado N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 Le Palmarès : PRIX SEYDOU KEìTA : Calvin Dondo , Zimbabwe PRIX SEYDOU KEìTA : A•da Muluneh , Ethiopie Prix de l'Organisation intergouvernementale de la francophonie (OIF) : Sa•dou Dicko , Burkina Faso Prix Elan de l'Agence franaise de dŽveloppement (AFD) : Mohamed Camara , Mali Prix de l'Image : Amal Kenawy , Egypte Prix spŽcial du Jury : Nontsikelelo "Lolo" Veleko , Afrique du Sud Prix Afrique en CrŽations : Sammy Baloji , RŽpublique DŽmocratique du Congo Prix Fondation Blachre : Adama Bamba (premier prix) Les Rencontres africaines de la photographie Žtaient coproduites par la Maison africaine de la photographie, le ministre malien de la Culture et CULTURES FRANCE, avec le soutien de l'Union europŽenne, et bŽnŽficiaient du soutien de l'Agence franaise de dŽveloppement (AFD) et de l'Organisation intergouvernementale de la francophonie (OIF). Publication Facts par Ars Aevi.Avec l'aimable autorisation d'Ars Aevi PAGE 33 N. 4 N.S. … JANVIER FÉVRIER 2008 O n dit de plus en plus que beaucoup de petites îles lointaines, dans la région du Pacifique et celle des Caraïbes par exemple, qui sont si belles, risquent de disparaître. Depuis quelque temps, il fait de plus en plus chaud sur la terre. Dans les pays où il fait plus froid comme en Europe, il y a moins de neige qu'avant, il pleut un peu moins et parfois il fait chaud même quand il devrait faire froid. Dans les pays où il ny a pas dhiver, il fait très chaud, trop chaud presque tout le temps. Dans certains endroits, il ne pleut presque plus. Il est alors difficile de faire pousser des plantes, de trouver de leau à boire car cest la pluie qui fait entrer de leau profondément dans la terre. C'est cette eau qu'on pompe et qu'on recueille en ouvrant son robinet. On a vu aussi qu'il y a plus de grandes catastrophes qui tuent les gens : des ouragans, des tremblements de terre, des inondations, des volcans en éruption. Au pôle nord et au pôle sud, là où il y avait tout le temps des quantités énormes de glace, la glace fond vite. Quand elle fond, ça fait beaucoup plus deau dans les mers. En certains endroits de la Belgique et de la Hollande par exemple en Europe, et surtout dans les petites îles du Pacifique qui sont comme de gros coraux plats, à peine plus hauts que le niveau de la mer, ça peut être grave. Dans un de ces pays, Kiribati (il faut prononcer Kiribass), deux des petites îles ont petit à petit disparu sous la mer. Elles nétaient pas habitées mais les gens y allaient en promenade. On raconte que le prince de Galles, le prince Charles dAngleterre, quand il était très jeune avait pris une fois son lunch sur lune delles. Sur certaines petites îles de Kiribati, la population a peur ; des gens de ce pays et aussi d'un autre pays, les îles Marshall, sont déjà partis se réfugier dans un autre petit pays de la région qui sappelle Niue. Niue a de la chance, elle est montagneuse. Mais le pays menacé du Pacifique dont on parle le plus, cest Tuvalu. On dit que cest peut-être le premier pays qui disparaîtra en entier si leau de la mer continue de monter. Nous avons visité Tuvalu. Une grand-mère nous a dit : Je laisserai partir mes enfants et mes petitsenfants mais je resterai ici, c'est là que je veux mourirŽ. C'est triste. Les enfants apprennent dans les écoles ce quil faut faire pour aider le pays, ne pas gaspiller leau, protéger les arbres, etc. Ils apprennent aussi ce quils doivent faire sil y a un danger, si leau monte. Ils ne veulent surtout pas partir. Susana a 9 ans ; elle nous a dit : Je ne sais pas ce quil faut faire mais je ne veux pas partirŽ. Une autre fille, Tepula, a dit quelle montera sur un arbre et attendra que leau baisse. Un garçon, Teisi, veut rester pour surveiller son pays et Kanava, un autre garçon, dit quil remplira la mer pour faire une montagne. Et bien, Kanava na pas tort. Il pense la même chose que les chefs qui dirigent son pays et qui veulent bâtir une île artificielle plus haute près de la plage. Mais ils auront besoin de beaucoup dargent et de matériaux. Ils croient que les gens de partout, les enfants, ne veulent pas que leur très beau petit pays disparaisse et que tout le monde les aidera. H.G. 63 ux plus jeunes 62 C rŽativitŽ L e patrimoine, quil soit matériel ou immatériel, est un élément essentiel de lidentité dun pays. Sa protection savère donc une obligation morale et une responsabilité publique. Le Cameroun la bien compris et fait de vigoureux efforts dans ce domaine. Le ministère camerounais de lInformation et de la Culture, lors de la tenue des Etats généraux de la culture, a pris des résolutions et des engagements pour la valorisation du patrimoine de ce pays. En réalité, cest dès 1980, avec lOffice de la recherche scientifique et technique doutremer et le Fonds universitaire dappui à la recherche, quil sest lancé dans un vaste programme de recherche relative à linventaire de son patrimoine. Ce qui a engendré la mise en place des structures qui devraient être des centres dinformation, déducation, de formation et de recherche. Ainsi, quelques musées, galeries et monuments existent à Yaoundé, à Douala et certaines localités de lOuest Cameroun. On y trouve des collections de nature diverse (ethnographie, histoire locale et régionale, géographie, histoire naturelle, arts plastiques). Le ministère de la Culture sest doté aussi dune politique dacquisition dœuvres contemporaines par la voie des concours de création. Seulement, le réseau muséal est très faible si lon tient compte de toute cette richesse. A peine 15 musées sont en fonction et certains ne méritent pas cette dénomination. Les musées privés représentent plus de la moitié de telles institutions en activité. > LéthargieEn dépit des résolutions prises, une certaine léthargie apparaît dans la gestion des musées publics. Pour cette raison, on y rencontre quelques problèmes. En plus du manque despace et déquipement nécessaires pour lexposition permanente, les moyens financiers sont très limités pour le bon fonctionnement des musées, léquipement de contrôle du climat, les services éducatifs, les missions de collecte et de transport des œuvres à travers le pays et pour le montage des bibliothèques spécialisées en muséologie et en sciences auxiliaires, les œuvres sont donc exposées à divers facteurs de dégradation. Nous avons aussi et surtout la difficulté de recruter un personnel qualifié. Doù les énormes retards observés en matière de conservation et de restauration. Toutes ces lacunes ont dailleurs posé le problème de la pertinence même de la création de telles institutions en Afrique en général. Heureusement, léquivoque a été levée lors dune rencontre organisée par lICOM au Ghana en 1991 (Quels musées pour lAfrique ? Patrimoine en devenir), qui a eu pour effet lamélioration de la situation du musée africain. Et actuellement, des mesures sont prises par des organismes internationaux pour aider ces pays à relever réellement les défis susmentionnés. Puissent les spécialistes de la culture du Cameroun qui prennent part à ces séminaires mettre en application leurs suggestions pour surmonter les difficultés liées à la conservation des collections et garantir une meilleure valorisation et médiation du patrimoine culturel camerounais auprès des publics. Historienne de lart. Enseignante à lUniversité de Yaoundé I, Cameroun1Actes des Etats gŽnŽraux de la culture, YaoundŽ, Palais des Congrs, ministre de l'Information et de la Culture, 23-26 aožt 1991, pp. 54, 55. 2Bulletin ZAMANI, 1993, n¡5/6, p. 8. Les îles lointaines vont-elles VRAIMENT DISPARAÎTRE ? Radek Steska, 2007 Manifesta!© Africa e MediterraneoExposition de masques, MusŽe de Bandjoun, Grassland, Cameroun.© Projet de musŽes du GrasslandMusŽe national du Cameroun : entrŽe principale© Achille Komguem © Kirill Livshitskiy. Image from BigStockPhoto.com dans les Musées du Cameroun Ruth Colette Afane Bellinga*HISTOIRE NATURELLEdans les Musées du Cameroun PAGE 34 Les pays Afrique Caraïbes Pacifique et Union européenne AFRIQUE Afrique du Sud Angola BŽnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert Comores Congo C™te d'Ivoire Djibouti ErythrŽe Ethiopie Gabon Gambie Ghana GuinŽe GuinŽe Bissau GuinŽe Equatoriale Kenya Lesotho LibŽria Madagascar Malawi Mali Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigeria Ouganda RŽpublique Centrafricaine RŽpublique DŽmocratique du Congo Rwanda Sao TomŽ et Principe SŽnŽgal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Zambie Zimbabwe CARAìBES Antigua et Barbuda Bahamas Barbade Belize Cuba Dominique Grenade Guyane Ha•ti Jama•que RŽpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint Vincent et les Grenadines Suriname TrinitŽ et Tobago PACIFIQUE Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats FŽdŽraux de MicronŽsie Nauru Niue Palau Papouasie Nouvelle GuinŽe Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu UNION EUROPƒENNE Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France Grce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne Portugal Royaume-Uni RŽpublique tchque Roumanie Slovaquie SlovŽnie Sude Les listes de pays publiŽes par Le Courrier ne prŽjugent pas le statut de ces pays, territoires et dŽpartements, ni l'Žvolution de ce statut. Le Courrier utilise des cartes de diverses origines. Cette reproduction n'implique la reconnaissance d'aucune frontire particu lire ni ne prŽjuge le statut d'aucun Etat ou territoire. Janvier 2008 > 22-23 Forum du secteur privé africain organisé par le Département des affaires économiques de lUnion africaine … Addis-Abeba> 28-29 Conseil des ministres de lUE Affaires générales et Relations extérieures … Bruxelles> 31-2.2 Conférence des chefs dEtat et de gouvernement de lUnion africaine … Addis-Abeba Février 2008 > 18 Conseil des ministres de lUE Affaires générales et Relations extérieures … Bruxelles> 20-22 PNUE … Forum ministériel mondial pour lenvironnement … 10esession extraordinaire … Monaco Mars 2008 > 10-11 Conseil des ministres de lUE Affaires générales et Relations extérieures … Bruxelles> 15-22 Assemblée paritaire ACP-UE … Ljubljana> 17-20 CNUCED … Conseil du commerce et du développement … 24esession extraordinaire … Genève Avril 2008 > 28-29 Conseil des ministres de lUE Affaires générales et Relations extérieures … Bruxelles Mai 2008 > 16-17 Sommet UE-Amérique latine-Caraïbes (EU-LAC) … Lima> 26-27 EU General Affairs and External Relations Council, Brussels AGENDA Janvier Ð Mai 2008 6 votre écoute C'est avec joie que nous voyons revenir ce magazine trs Žducatif et nous sommes impatients de lire ˆ nouveau les ŽvŽnements qui concernent les pays ACP.< peterskwi >Merci pour le premier numŽro du Courrier. Je l'ai lu et me rŽjouis de ce nouveau style.Michel Baudouin , professeur dagronomie à lUniversité de Gembloux (Belgique) et expert en développement rural FŽlicitations pour votre magazine. Cordialement,Paméla dAuthier Cirad Direction des Relations européennes et internationales Délégation pour l'Europe communautaire (Montpellier France)J'Žcris du forum europŽen de la jeunesse (YFJ). Nous sommes heureux de savoir que Le Courrier ACP-EU a ŽtŽ relancŽ.Angela Corbalan Responsable de la presse et des relations extérieures YFJ (Bruxelles Belgique)Permettez-moi de vous fŽliciter ˆ l'occasion de la reprise de la publication, qui a toujours eu beaucoup de valeur pour nous en Ouganda. Merci, Michel Lejeune Directeur exécutif adjoint NCHE (Kampala Ouganda)Heureux de vous retrouver ! Le Courrier est un magazine trs Žducatif sur les pays ACP-EU. FŽlicitations ˆ l'occasion de la reprise de sa publication. Bien ˆ vous,Asagaya Jasper (Yaoundé … Cameroun)La parole aux lecteurs Vos points-de-vue et vos rŽactions aux articles nous intŽressent. N'hŽsitez pas ˆ nous en faire part Adresse : Le Courrier Ð 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles (Belgique) Email : info@acp-eucourier.info Site internet : www.acp-eucourier.info PAGE 35 Interdit ˆ la vente ISSN 1784-682XC urrierN.4 N.S.JANVIER FƒVRIER 2008LeLe magazine des relations et CoopŽrations Afrique Cara•bes Pacifique et Union europŽenne REPORTAGEHAITI Aube despoirDOSSIERIles Pacifique.Changement climatique bien visible LAfrique profite plus de ses diamants REPORTAGEHAITI Aube despoirDOSSIERIles Pacifique.Changement climatique bien visible LAfrique profite plus de ses diamants