HATI : DE L AIDE OU DES MARINES . Si Haiti a besoin d'une mobilisation in- ternationale exceptionnelle, sa prise de contr61le militaire par Washington rev6t des aspects contre-productifs et n'est pas sans arriere-pensees g6ostrate- giques. Cinq jours apres le seisme qui a ravage Haiti on est toujours tres loin d'avoir fini de mesurer I'etendue de la desolation qui touche le pays. Les secouristes a pied d'oeuvre avouent souvent leur im- puissance. Catherine Bremer, envoyee special de I'agence Reuters, relevait ainsi samedi : "Le chaos est tetque tout manque ici: mi ecins, infirmiers, medica- ments. CDes blesses gimissent un peu par- tout, couchids sur des Cits de camp, des ma- teCas ou des planchies, souvent en plein sofei, en attendant qu'on s'occupe d7 eiu s'iCs ne meurent pas avant. L'ONU rap- portant a la population du pays le nom- bre de victims (sans doute bien supe- rieur aux 50 000 6valuees officiellement jusqu'ici), evoque I'une des plus graves catastrophes qu'ait connues la plan6te. C'est dire le besoin d'une mobilisation international exceptionnelle pour sau- ver les derniers rescapes et surtout ces dizaines de milliers de survivants en sur- sis. L'envoi de 10 000 marines La plupart des Etats, et en premier lieu les voisins d'Hafti, se sont efforc6s de repondre aussit6t aux appeals a I'aide d'urgence. On comprend donc bien que la premiere puissance mondiale, les Etats-Unis don't les c6tes sont A quelques encablures d'Haiti et qui abri- tent une important communaute hai- tienne, ait decide de deployer de tries gros moyens. Barack Obama a declare que son pays s'engageait dans "'Tune des pfus grandes operations de secours" de son histoire. Et d'appeler ses deux pr6d6cesseurs a la rescousse, competee tenu de leurs experiences avec Hafti", pour lancer un "fonds li'iton- (Bushi"destine a finance I'intervention. Probl6me, si Washington a pris incontestablement le ' iLi'.n mondiaCde Caide", comme il ne cesse de I'affirmer, sa m6thode a consisted d'abord, sous couvert de d6s- organisation du pays, a en prendre to- talement le contr6le, en commengant par depdcher sur place la bagatelle de 10 000 marines. La methode apparait plus que contestable, d'abord sur le plan de I'efficacit6 humanitaire elle-m6me. L'armee US qui a pris le contr6le de I'a6roport de Port-au-Prince ne se fie qu'a ses propres priorities pour autoriser ou non les appareils en provenance du monde entier A atterrir. C'est ainsi qu'un avion frangais ayant a son bord un h6- pital de champagne a du 6tre derout6 vendredi sur Saint-Domingue. Ce qui a ete A I'origine d'une brouille franco-6tats- unienne de quelques heures. Le minis- tre de la cooperation, Alain Joyandet, soulignant d'abord devant la press qu'il avait "proteste"officiellement aupres de Washington. Avant d'6tre corrige un peu plus tard par le Quai-d'Orsay qui, fiddle a son suivisme a I'egard des orienta- tions de la Maison-Blanche, a nie l'inci- dent, clamant que la cooperation entire les deux pays s'effectuait "de fa meif- feurefacon possible ". logiques imperiales La France n'est pas la seule A avoir fait ce genre d'experience. Un avion-cargo de I'armee argentine transportant du materiel medical et une unite de purifi- cation d'eau est rest bloque a Saint- Domingue. Deux appareils mexicains ont connu les m6mes deboires. Et 40 tonnes d'aides en provenance du Perou ont dO finir le trajet par voie terrestre depuis le pays voisin. Michel Clancy, responsible d'un comite haitien charge de coordonner la distribution de I'eau et de la nourriture, deplorait le manque d'informations des autorites US qui controlent I'a6roport : "Lesfaftiens, dit- if, ne sont pas avertis de Carrivee des ap- pareis ". Plus grave, le deploiement militaire US est programme dans la duree. Hilary Clinton, en visit sur place samedi, a insisted sur ce point. D'ou les craintes de voir se confirmer, comme sous d'autres formes au Honduras ou en Colombie, un attachment tout particulier de Wash- ington a de vieilles logiques imp6riales. D'autant qu'Haiti est situe dans une po- sition strategique aux confins de I'Ame- rique central et du Sud. Daniel Ortega, le president du Nicaragua, a evoqu6 sa "tres forte preoccupation samedi : "If sem6be, a-t- iCldcare, que [es bases mili- taires (sur fe continent Catino-amnricain - NDLRe ne suffisent pas et que Washing- ton souhiaite tirerprofit de la tragidie du people fiaftien pours'instalferen Jafti. Et je veux le denoncer". Bruno Odent Humanity du 18/01/10) (O! ~torn dL01 fUnVer 0.60- out, p41ofabn adivhIIfrsff'VqFde nofre pag