SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE les appartements de la Lgation, cette randonne triomphale qui prcda le dpcement, aux sons de la musique de notre dernire COUDIAILLE, du cadavre de l'arrire petit parent de l'pouse de l'Empereur Dessalines, ne trouva rien opposer la tranchante apostrophe du diplomat franais. Mais la rplique cinglante du civilis ne devait point avoir la vertu de mettre fin cette chasse l'homme ni mme de ralentir la ronde infernale que devait pro- longer la course macabre travers les rues de Port-au-Prince cons- tern, derrire les lambeaux du cadavre d'un Chef d'Etat. Qui n'a pas vcu ces heures sombres de notre vie de people civilis ne saurait se faire une ide de l'enthousiasme et de l'exal- tation de ces braves qui conduisaient une populace surchauffe ce que beaucoup considraient comme une victoire INCONTES- TABLE de la dmocratie sur le despotisme. Jamais l'hrosme et la fiert pique du...peuple n'avait atteint un tel degr de tension ni une telle hauteur. Des chefs, de grands pontifes devaient mme aprs cela se procurer certaines runions rcratives au course des- quelles on eut faire le rcit de la participation de celui-ci ou de celui-l aux matines de ce 28 Juillet 1915. Mais l'heure des vpres ne devait pas tarder venir. D'autres pasteurs se prsentrent avec l'intention non dguise de dispute aux premiers officiants le droit de procder l'office du soir et de diriger dsormais les crmonies suivant d'autres rites, l'ombre d'autres barnires et en se servant d'autres ornements. Ils trou- vrent le sanctuaire vide depuis le parvis jusqu' l'autel et ils prirent possession du temple. La mainmise trangre sur l'administration du pays a t la consequence directed et indniable de la pratique et des mthodes sauvages et barbares hrites de nos anciens matres et gniteurs et don't l'lite de la nation n'a jamais voulu se dfaire, d'avec les- quelles, en dpit de nombreuses vicissitudes, elle n'ose divorcer. Gouvernants ou gouverns, ceux qui se sont donn pour tche de diriger ce pauvre people n'ont jamais entendu rompre avec la rou- tine du systme colonial sculaire qui consiste mettre en appli- cation les measures les plus tortionnaires, les plus atroces, quand il s'agit d'obtenir du subordonn qu'il excute un ordre, qu'il fasse son devoir ou qu'il reste dans les limits de la discipline. Par ail- leurs, ceux qui, par tat sont soumis au commandement et qu'on n'arrive pas gurir des tares ancestrales ou des complications 258