SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE Il est avocat et malgr ses connaissances gnrales et une suf- fisante facility d'locution, il n'a jamais su marquer son passage au barreau. On ne lui connat ni un succs de cabinet, ni un triom- phe la tribune. C'est qu'il lui manque les qualits essentielles pour convaincre, pour persuader, pour mouvoir. La nature semble l'avoir dou de toutes les qualits ncessaires pour nuire, contrarier et dtruire et lui avoir refuse toutes les aptitudes requises pour plaire, collaborer, construire. Il a eu tous les projects, il s'est attaqu toutes sortes d'entre- prises et il n'est parvenu rien difier: cela s'explique aisment, car la grandeur d'me, le dtachement, la gnrosit, la noblesse du coeur sont totalement absents chez lui. Jactancieux, hbleur, il se croit un personnage unique, ayant reu du Ciel le mandate de juger l'humanit entire et de la r- genter coup de boutades et de dnigrements. Il croit dpasser en vertus les sept sages. Il n'a pu se signaler cependant que par ses multiples et vaines tentatives d'riger son pidestal sur la reputation d'autrui. Ce dmolisseur se paie mme le luxe de saper le plus souvent ce que personnellement il entreprend d'riger. Il n'a jamais pu tre compltement d'accord avec personnel. On ne l'a pas encore surprise l'tre avec lui-mme, cependant que l'homme a presque achev sa carrire. Au fond, Zolocan est n comdien, comdien bouffon, cynique et souvent sinistre; si vrai que s'tant toujours proclam pa- triote, il n'hsita pas nanmoins mener une ignominieuse cam- pagne de dnigrement contre ses compatriotes chez le plus mor- tel ennemi de sa patrie; candidate la prsidence, il ravala pu- bliquement, par anticipation en les mettant au niveau du chim- panz les membres de l'Assemble don't il se rservait de faire parties et de qui il devait solliciter le suffrage. A certain points de vue, le personnage pourrait bien tre l'homme qui cherchait Diogne, en plein jour, avec sa lanterne la main, mais Diogne le trouvant aurait t oblig de le bannir.