SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE


la Rpublique. Aussi, la champagne prsidentielle -est-elle trs
chaude. Les innombrables candidates livrent les derniers assaults
pour s'assurer la victoire sur leurs comptiteurs. Il est certes na-
turel qu'ils se combattent tous avec acharnement; l'heure est d-
cisive. Et tous aussi, selon une tactique identique eut pleine con-
fiance dans le triomphe de leur cause. On ne peut pas certaine-
ment leur reprocher leurs diffrentes dmarches et combinaisons
en vue de la conqute du fauteuil prsidentiel, ni cet optimism
gnralement affich-souvent exagr et illusoire- puisqu'il est
une force morale assez decisive.
 Mais ce nombre lev et cette attitude mme des candidates
 nous suscitent quelques inquitudes pour l'avenir. Anxieux, nous
 sommes contraints  nous demander si les ambitions personnelles
 ne dominant pas dans cette competition l'intrt gnral. La po-
 litique chez nous n'a pas beaucoup change. Elle ne s'est pas va-
 de aujourd'hui de cet individualism forcen dans lequel elle a
 toujours t tenue prisonnire dans le pass pour s'lever jus-
 qu'aux principles claironns pourtant de tous ct> dans un va-
 carme infernal. Aujourd'hui encore on est Numaiste, Tomiste,
 Pierre-Louisiste, etc... comme hier on tait Firministe ou Nordiste,
 Pradliste ou Vincentiste, Bazelaisiste ou Salomoniste, ou Rivi-
 riste avec cette seule difference qu'autrefois, la personnalit des
 leaders tait vraiment rayonnante au point d'clipser et de tenir
 dans l'obscurit toutes les ambitions des personnages politiques
 qui gravitaient autour d'eux, et souvent la bataille se conscrivait
 entire deux chefs de file. Une autre preuve de la persistence de
 cette politique individualiste et quasi-primitive est la co-existence
 assez contradictoire d'une certain identity des doctrines en fa-
 veur dans les diffrents groups politiques, affichant tous des
 tendances dmocrates-socialistes et la multiplicit des parties po-
 litiques forms non point sous l'gide des ides politiques, mais
 seulement, selon des affinits de partisanerie et de clan. Et en
 definitive dans chaque group un homme tient lieu de programme.
 La declaration de M. Hudicourt d'abandonner son sige de sna-
teur au cas o un candidate plutt qu'un autre aurait t lu  la
Premire Magistrature de l'Etat est assez significative en ce sens.
Qu'une vedette d'un parti politique place sa personnel au-dessus des
intrts de son part, c'est une confirmation de notre dmonstra-
tion. Car le snateur Hudicourt dans sa declaration, n'a pas fait