SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE porteurs d'idal ont t volontairement et malencontreusement dis- continues par leurs successeurs, sectaires impnitents et mal in- tentionns. C'est ainsi que des mthodes ou organizations conues et appliques par de grands chefs tels que Toussaint Louverture, Henry Christophe et mme ce Faustin Soulouque qu'on s'est tant complu calomnier, mais qui, en dehors des violence qui ont mar- qu les reactions lgitimes de son gouvernement contre l'action aggressive de ses adversaires et qui resteront des modles dans le sens national de notre histoire, ont t discrdites, sabotes et rduites nant au grand dtriment de la nation entire. A la vrit, les lments d'ordre, d'organisation, les lments qu'on pourrait appeler sociaux et susceptibles d'imposer une di- rection et une discipline aux pays ont t sinon totalement inexis- tants du moins incontestablement insuffisants dans le milieu ha- tien. L'lite hatienne est en some le rsultat de la conjunction for- ce de types issues de la selection naturelle qui s'opra d'une part dans les rangs de redoutables pirates pervertis, corrompus, san- guinaires don't la vie d'aventures n'avait qu'un but: la jouissance immediate et effrne n'importe quel prix, et qui se fit d'autre part dans l'agglomration de ces redoutables et farouches lments des tribus opposes de l'inextricable continent noir, insouciants et vaniteux, affectifs, sentimentaux, rebelles, s'agitant inconsidrment plutt sous l'impression des images que sous la force et la puissance des ides, cette lite devait comprendre forcment dans sa forma- tion un inquitant pourcentage d'insubordonns, d'nergumnes, de dissipateurs don't l'instabilit et l'incohrence devaient condition- ner la vie national elle-mme. C'est ainsi qu'Haiti n'a fait qu'osciller entire la dictature et l'a- narchie don't celle-ci souvent plus prjudiciable que celle-l. On s'explique alors comment des meneurs divers tels qu'un Ption, un Geffrard, un Salnave, un Boyer Bazelais, un Firmin, pour ne citer que ceux-l, sont parvenus ameuter l'opinion, bouleverser l'ordre public, provoquer des effervescences don't le pays se ressent encore, sens manquer cependant de verser dans la contradiction au point d'aboutir des rsultats diamtralement opposs ceux qu'ils sem- blaient poursuivre et de donner l'impression qu'ils se complaisaient dans un dilettantisme trange don't le pays n'a fait que souffrir.