SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE Les rvolutionnaires Quand ils se furent aperus que Lescot n'enrichissait qu'une toute petite quipe d'amis, les- bourgeois de Port-au-Prince com- mencrent de s'agiter. Car il leur faut chacun faire un coup plus ou moins long pour retaper la fortune qui menace de s'va- nouir parce qu'elle ne se renouvelle pas. Comme vous voyez tout cela n'a rien voir avec les affaires du people, cependant ils sont rvolutionnaires. Les vieux prirent alors les jeunes de les endoc- triner et l'un d'eux, un matin, dclara brle-pourpoint un autre : Mon cher qu'attendez-vous pour vous fire communiste? Son interlocuteur, un honnte homme naf, tomba de son haut mais trouva enfin la force de lui dire : Mais c'est impossible puisque fai des biens comme vous, nous serions exposs les voir partager... Et le plus cyniquement du monde le vieux bourgeois lui fit ,cette leon : Gad non, mon ch, nous communist pou pran, c pas pou nou bail Toutes leurs ides rvolutionnaires s'arrtent cela : prendre. Plus le diable en a, plus il veut en avoir. Ces gens-l sont imp- nitents. S'ils en voulaient Lescot, Rouzier et autres, c'est qu'ils craignent que ne ft tarie la source qui les alimente de pres en fils. Leur dmocratie La bourgeoisie de Port-au-Prince ennemie No. 1 du bien-tre de la Rpublique, rclame aujourd'hui la dmocratie comme si elle n'en avait jamais joui. Adroitement, elle s'est subtitue la masse du people contre qui elle a toujours gouvern ce pays. Si la dmocratie garantit les liberts publiques, il n'est pas nces- saire d'avoir bonne mmoire pour se souvenir que cette dmo- cratie est une vieille connaissance en Haiti, pour les bourgeois. Eux seuls, il est vrai, ont accoutum d'en bnficier et mme sans limits. Les lois n'ont jamais exist pour eux. Depuis les contraven- tions de simple police jusqu'aux infractions les plus criminelles