SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE Et alors? Et alors, c'est ce qui explique toutes ces tendances de mon tre la rvolte contre toutes les injustices les unes naturel- les, les autres sociales qui acculent certain tres une vie de pa- ria, de bte, de fauve, tandis que d'autres, quand ils en ont assez du coton pour leur matelas, ils en appellent aux plumes, et quand ils en ont assez de plumes, ils en appellent au marodme. Les uns assistant chaque jour un drame qui se joue en eux et don't leur cerveau, quand ce n'est pas leur estomac, est le thtre; ils n'ont qu'un mets habituel, l'air qu'une couverture naturelle, la vote cleste; qu'un lit, le sol; ils n'ont pour s'abriter que les ar- bres. D'autres au contraire choisissent entire les mets de plus en plus dlicats, ils ont tout et ils n'ont rien fait pour cela! Si le monde a volu de 1789 jusqu' nos jours pour nous permettre d'assister, en plein 20e sicle tant d'injustice, c'est que la grande Revolution, pour avoir rapport des fruits travers tous les - ges, n'en a pas encore assez rapport, c'est--dire, il lui reste se transformer en une fume paisse qui recouvrira toute la surface du monde afin de remuer jusque dans leurs entrailles tous les coins de terre o la misre, la souffrance, la maladie, l'oppression, l'in- justice, la mort rgnent en souveraine; il lui reste prendre pos- session de l'esprit et du coeur de chaque individu pour arriver au triomphe de la vertu sur le vice, de la justice sur l'iniquit, de la joie sur la douleur, au triomphe de la Vrit sur le mensonge et sur l'opprobe! Il y a des misres soulager d'abord, enrayer ensuite. Il y a une croisade entreprendre pour le soulagement et l'enrayement des misres. Cette croisade doit tre entreprise par toute une ar- me d'Hatiens, non pas philanthropes, mais patriots; car la phi- lanthropie suppose un bien raliser et auquel on n'est pas tenu, tandis que, nous autres qui avons un peu de lumire nous nous de- vons de rparer les fautes extrmement graves que nos devanciers ont commises et auxquelles nous ne sommes pas trangers puis- que nous avions eu trs certainement un de nos proches au moins y participer. Je crois que, s'il faut appeler tous les fils du pays signer dfini- tivement le pacte de concorde auquel on ne cesse de les convier, il faut que d'abord, cte cte nous luttions tous pour vaincre la mi- sre, l'opprobe et l'ignorance du people avec la mme ardeur, avec le mme dvouement, avec le mme esprit dsintress, la pour-