SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE


de la Rvolution et de s'attaquer  la racine mme de nos maux.
N'oublions pas que l'exercice de la libert est plus dlicat et plus
difficile que son acquisition. La tyrannie la guette d'un ct et
l'anarchie de l'autre et en vitant l'un de ces cueils, gardons-nous
de verser dans l'excs contraire.
 Certes, une dictature ouverte n'est plus immdiatement possible.
Mais nous ne voulons pas non plus d'une profession de foi men-
songre, d'une dmocratie caricaturale dictant des lois inappli-
cables ou inappliques don't la lettre-quitable devra cependant
rester morte; ni d'une tolerance aveugle, d'un nouveau libralisme
coupable  l'allure dmagogique qui remettrait en honneur la de-
vise demeure clbre, la formule anarchique d'un de nos anciens
Chefs d'Etat : Laisser grainnin. L'un et l'autre systme se-
raient dangereux et nous conduiraient  un retour lent et indirect
peut-tre, mais certainement inevitable, vers le despotisme. Il nous
faut inaugurer une re de libert consciente et sincre. Un gou-
vernement dsireux de bien faire et mis au service de la Patrie
ne saura craindre les saines critiques, ni repousser les heureuses
suggestions de l'opinion publique. Il ne doit pas se croire infaillible
et toujours bien inspir en toutes matires. La Presse, bte noire
du Tyran ne peut tre qu'un conseiller, un prcieux auxiliaire,
honnte et soucieux du bien gnral. Il est temps aussi de rfor-
mer la vieille attitude du Chef du Pouvoir Excutif qui tend 
considrer les fonctionnaires publics comme de simples valets
sans initiative et sans autorit relle, soumis au bon plaisir de celui
qui ca bien voulu les nommer, astreints dans l'exercice de leur
function  un seul devoir : celui d'une. reconnaissance servile au
supreme bienfaiteur. Qu'il ne tranche point les procs selon ses
sentiments ou ses intrts, en dictant ses volonts aux membres
du corps judiciaire! Qu'il permette au contraire une saine distri-
bution de la Justice en assurant aux Magistrats la plus entire
indpendance. Que la mdiocrit et une morality douteuse ne
soient plus les meilleurs titres de recommendations. Que les fa-
veurs cessent, accordes ici  un nom, et l  des intrigues sou-
vent inavouables.
 D'autre part, la question social doit tre au premier de tout
 prchain programme gouvernemental. La condition sine qua non
 de l'volution social de la communaut hatienne est le relve-
 ment de la classes majoritaire, particulirement de la masse pay-