SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE


se peut pas que dans un pays o les noirs prennent le chemin
du Pnitencier National pour les moindres fautes, les moindres
carts, il puisse se trouver des gens pour exciper de leur naissance
ou se prvaloir de la couleur de leur peau pour se mettre au-
dessus des lois et rclamer l'impunit comme un des lments
de leur heritage historique.
 Or tandis que Dumarsais Estim saisissait l'opinion de cette
affaire en contraignant le Cabinet  des explications publiques.
le Docteur Telson de son ct dfrait Raoul Rouzier  la Justice.
On connait le reste. Est-il tonnant, aprs cela que Max Hudi-
court combatte avec tant d'acharnement l'homme qui osa faire
arrter et juger son cousin? Ce n'est que trop human.
 A ses ressentiments contre Estim s'ajoutent son sectarisme a-
gressif et son sens aigu des intrts de sa classes. Dans le conflict
qui oppose aujourd'hui l'une  l'autre les deux classes Max Hu-
dicourt a naturellement pris parti pour la bourgeoisie de couleur.
Retranch derrire des principles auxquels il ne croit pas, parlant
au nom de vertus qu'il n'a jamais professes, il attaque tous ceux
qui ont pris position contre sa classes. Qui pourrait l'en blmer ?
Or Estim a dj pris parti. Ds 1926, en effet, il s'indignait dans
la Revue Le Glaneur contre les meneurs gnralement dpravs
de notre bourgeoisie. Ds 1926 galement il se rvoltait, avec
quel accent! contre la bourgeoisie de couleur don't l'un des
membres, rappelait-il, ministry des Finances, sous Leconte osa
proposer au Prsident d'lever au Champ-de-Mars des barrires
qui empcheraient les zoulous d'accder aux hauts quarters de
la ville et qui ne s'ouvriraient que pour livrer passage aux habi-
tants de ces quarters. Telle fut la colre de Leconte que le Mi-
nistre dut dmissionner. C'est  la suite de cet article qu'Estim
fut rvoqu du Lyce National o il occupait avec distinction
une chaire de mathmatique. Emport par la reaction multre.
Estim regagne sa province. Quatre ans plus tard, aux lections
libres de 1930, la population noire des Verrettes l'envoie siger
au Parlement.
 Bientt il est ministry de l'Instruction Publique. Il n'a qu'une
ide : servir le people. Rompant avec la routine de ses prd-
cesseurs il aborde hardiment tous les problmes sans en luder
aucun. Il utilise au maximum toutes les possibilits qui s'offrent
La competence non la couleur determine le choix de ses colla-