SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE tion; aprs avoir t seul restituer le montant de tous les em- prunts scandaleux avec intrts usuraires qui servaient dfra- yer les dpenses folles et improductives de jouisseurs insolents et insatiables prposs la gestion de la chose publique en vue d'an bien-tre illusoire qu'on lui promettait toujours afin de mieux l'amadouer, on voudrait lui ravir son droit d'exprimer son suffrage comme il l'entend, suivant sa conception et en toute libert. On veut bien lui dire, et on lui rpte satit toutes les fois qu'on juge son action ncessaire, indispensable, c'est vous quil appartient de dcider, mais on entend, une fois qu'il a dcid lui contester la competence desirable pour ce faire. On prtend dci- der pour lui, son prejudice du choix de quelques farceurs qui serait confi le soin de faire ou d'agir plus intelligemment et plus consciemment pour lui. Hati est par ailleurs l'unique pays o l'impt du sang a sans cesse t exig de la population indigente mprise, bafoue, re- foule dans les ornires du vice et jusqu'aux limits extremes des tnbres. C'est la seule contre o durant cent cinquante ans une petite minority accapareuse trompant sans trve ni merci la grande masse de ceux sur qui repose tout le fardeau de l'difice natio- nal, essaie de persuader que le petit group restreint qu'elle cons- titue est appel, sans aucun indice de bonne foi, changer le sta- tut de l'universalit des citoyens du pays, dans le sens du mieux, parce que... dpit de ce que cette masse, en manire de protes- tation, a refus de satisfaire les esprances et les ambitions ill- gitimes de chacun des reprsentants de cette minority. On proclame alors que le people dans son universalit est in- capable de rpondre l'attente de ses leaders; qu'il a spcul avec trop de sans gne de sa carte d'lecteur, que trop de fraudes et d'irrgularits ont t commises avec sa complicit. On le d- crte inconscient. C'est cependant le contraire qu'il serait just de soutenir. Le people commence plutt prendre conscience de tout le mal qu'on lui fait et de tout ce qu'on se prparait lui faire. On lui a tout refus: l'instruction, le manger, le boire, le loge- ment, la scurit, la protection et on lui demand d'admettre qu'on le dirige encore.