SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE Chronique UN GOUVERNEMENT DU PEOPLE Si le gouvernement de demain doit tre le gouvernement dmo- cratique que le pays entier appelle de tous ses voeux, la some d'efforts fournir par le Chef de l'Etat sera de beaucoup plus grande qu' aucun autre moment de notre histoire. Une tche im- mense attend la bonne volont conjugue des citoyens aviss. Le prochain Prsident de la Rpublique n'aura pas le loisir d'- tudier nos problmes lorsqu'il lui plaira seulement de les consi- drer. Il devra se pencher constamment sur toutes les solutions que ses collaborateurs immdiats, les Chambres, la Presse et les autres citoyens, par voie de petition, pourront lui soumettre. On sait que quelques-uns de nos hommes d'Etat se sont pris soudain croire qu'ils taient omniscients, une fois parvenus la Premire Magistrature de la Rpublique. Ils se sont dit sans doute que si on les avait levs l, c'est parce qu'ils taient d'une essence peu commune, et voil comment ils en sont venus s'intoxiquer eux- mmes avec les stupfiants de l'orgueil et de la vanit. A de tels hommes, la moindre suggestion passe pour tre une insulte grave, un empitement injurieux sur leurs attributions quasi papales. Cette conception par trop personnelle du gouvernement est d- sormais condamne. Car notre people malgr ses malheurs, n'a pas besoin de matre: une telle preoccupation serait fort peu d- mocratique. Le temps du gouvernement individual et capricieux est bien rvolu. A la direction des affaires publiques, il faut un Hatien de bonne volont et qui acceptera se mettre au service de ses concitoyens les plus humbles. En definitive, le gouverne- ment est donn pour le people, et nul ne peut prtendre conna- tre mieux que lui ses problmes. Il imported donc qu'il soit admis les exposer par tous les moyens lgaux en son pouvoir. Toute restriction d'une telle libert procderait de la crainte d'envisa- ger les questions nationals sous leur vrai jour. D'ailleurs lorsque le people aura le sentiment de concourir ainsi au fonctionnement de la machine gouvernementale, il ne se croira plus abandonn de ses mandataires. Il est desirable, au plus haut point que l'administration de la chose publique cesse d'tre des operations occultes, fermes de