SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE DEMOCRATIC Par Roger DORSINVILLE Les vrais rvolutionnaires, les rvolutionnaires intgraux, et som- me toute il n'y en a pas d'autres, car les autres ne mritent pas ce nom, pensent que la Dmocratie peut tre l'ennemi No. 1 de la Revolution et que cette forme de gouvernement doit tre esca- mote, partout o on peut 4e faire, au bnfice de la revolution immdiatement proltarienne, autrement dit, au bnfice de la dictature du proltariat. La question ne se pose pas pour Hati. Elle ne se posait pas dans le principle, et beaucoup n'avaient pas voulu le comprendre. En tout cas, elle ne se pose pas actuellement dans les faits, et bon gr mal gr, nous allons la forme dmocratique du gouverne- ment. (Forme parlementaire avec pouvoirs spars, etc.) Il appartient aux fils du people qui auront part au gouverne- ment des affaires, dans l'un quelconque des trois pouvoirs, de se souvenir que l'tat dmocratique peut tre l'ennemi du people, que le gouvernement dmocratique peut faire chouer dfiniti- vement ce que nous avions cru mettre en route sous le vocable de Revolution. Il y a moyen de gouverner en dmocratie pour qu'il ne revien- ne au people que des brimades et des misres. Il a moyen d'assas- siner lgalement un people avec le concours de tous ses fils aux affaires. Il y a moyen d'administrer la chose publique au profit de quelques families, et de perptuer jamais la misre, la pau- vret et l'ignorance au sein des masses. Nous *enons de le voir au course des quatre annes de l'homme sans tte et sans coeur. Il est vrai qu'il gardait fort peu les for- mes dmocratiques. Mais il aurait pu faire la mme chose avec le respect des formes. Ce que nous entendons avoir, ce pourquoi nous avons combattu, c'est une politique systmatiquement oriente dans le sens du peu- ple, de son mieux-tre, de son relvement. Nous avons demand un gouvernement noir, parce qu'il nous a paru que sortant d'tre brims, les leaders noirs aux affaires penseront leurs frres. Peuple, on m'a trop menti pour que je sache feindr. J'ai trop souffert pour t'oublier. Libert, tu n'auras rien craindre d'un prin- ce qui fut prisonnier. (Rostand: L'Aiglon)