SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE ALBERT MANGONES Dfenseur de la Rvolution Par Jean REMY Dcidment, on aura tout vu en notre beau pays. Albert Man- gons est aujourd'hui dfenseur de la Rvolution de Janvier. En effet depuis quelque deux semaines, le Comit Excutif Mili- taire subit les assauts de cet ingnieur qu'on nous dit tre homme d'affaires surraliste, artiste peintre et aussi artiste tout court. Ne connaissant pas trs bien le monde auquel appartient le bril- lant collaborateur du journal La Nation, pour savoir qui il est, nous avons t nous renseigner auprs d'un de ces multres dplu- ms que les adversits du temps et l'ingratitude des hommes ont raccorni au point d'en faire une espce de zoboppe, cet pou- vantail bien connu que nos bonnes mamans appelaient leur se- cours quand, il y a une trentaine d'annes environ, nous leur fai- sions voir mille chandelles. C'est ainsi que nous avons pu apprendre que notre bonhomme descend d'une famille trs humble et trs honnte qui a toujours travaill dur pour vivre. Son pre, un fils authentique du people, a dbut seul dans la vie, n'ayant jamais demand autre chose qu' ses bras la facult d'assurer le pain de chaque jour et l'du- cation de ses enfants. Profondment dgot des hommes et des choses de ce pays, il a toujours refus sa collaboration aux divers gouvernements qui se sont succd de 1915 nos jours. Patriote convaincu, dessali- nien cent pour cent, il aurait fait le serment de ne jamais toucher un seul centime de l'Etat hatien tant que l'amricain n'aura pas dfinitivement dcamp de son pays qu'il met au-dessus de tout pour rpter une expression chre aux allemands. Nous nous sommes mis rflchir. Et nous avons compris. Nous avons compris qu'un homme qui a suc un tel lait, qui a grand dans une atmosphere si pure n'aurait pas pu, vraiment, assister im- passible au sabotage de la Rvolution de Janvier, sa revolution, qui est venue enfin le sortir des griffes de cette bande de vampires, de cette socit qui s'est toujours moque de sa misre, de ses mal- heurs de toutes sortes, de cette socit qui l'empche d'avoir com- me les autres une bibliothque pour meubler son cerveau, une