SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE Ils n'ont jamais fait que souffrir. Vont-ils souffrir encore? Leur attente sera-t-elle vaine, toujours vaine, vaine jamais, vaine demain comme aujourd'hui. Tout avortera-t-il toujours, et tou- jours par nos mains? Nous ne pensions pas assez, nous rpubliques des villes, nous universe des villes, universe et rpubliques des papers et des jour- naux, nous ne pensions pas assez au mal que nous faisons tous ces gens-l. Ils ignorent les doctrines, et nous, nous prenons parti en leur nom. Nous disons que nous savons ce qu'il leur faut. L'ad- versaire le dit aussi, et propose une formule exactement contraire. Mais eux, tendent par-dessus tout la paix, la paix qui permet de travailler, de travailler dur, de travailler bien, puis de s'envoyer un bon coup de repos et de contentement. Ce mot trs beau: Pays rel, nous ne l'avons jamais trs bien compris, ou plutt nous l'avons interprt toujours dans le sens o il n'enferme que le cercle mesquin de nos propres dsirs et de nos propres revendications. Mais le pays rel est au-del de nous, la masse terre et hommes de tout ce qui est essentiel- lement ngre, noir et hatien. Nous, nous sommes des cosmopolites. Nous voulons habiter trop de terres la fois et nous savons trop de choses. Ceux du pays rel n'ont qu'un ciel, qu'un jardin, qu'une hutte, et si, nous n'y prenons garde, qu'un seul destin trac. Je voudrais oublier beaucoup de choses, et ne creuser qu'un seul sillon profound, et planter ce qui peut sauver enfin ce people des souffrances Quand le snateur lu Max Hudicourt announce qu'il aime mieux jeter sa cocarde aux orties, je dis qu'il a pens non au pays rel, mais sa propre personnel, sa pose, au milieu des hommes de son parti, qu'il a obi non l'amour d'un people ni la haine de l'injustice, mais d'instinctives rpugnances. Je voudrais que toute mon oeuvre ne servt qu' rafrachir les racines de ce qui fleurit pour le PAYS REEL.