SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE ment d'un gouvernement dfinitif avant l'ouverture des travaux constitutionnels. D'autre part, il convient de. se rappeler qu'au moment du vote de la Constitution, il faudra qu'au banc de l'Excutif ce pouvoir soit reprsent pour certaines questions tout au moins. Or quelle sera la situation du C.E.M. en face de l'Assemble Nationale ? Tant par sa nature que par la formation et le temperament de ses membres, il ne pourra pas intervenir avec bonheur dans les discussions constitutionnelles. Bien qu'tabli depuis quatre mois et reconnu par les puissances trangres, il ne perd pas son ca- ractre d'exception et demeure en dpit de tout un gouverne- ment de facto, n de circonstances extraordinaires, ayant acc- d au pouvoir la faveur des vnements de janvier. N'oublions pas non plus que ces officers devront bientt reprendre leur m- tier de soldat et rintgrer leur vraie function. Ainsi il faudra de toute manire appeler un gouvernement civil. Sur ce point pas de contestation. La question se ramne.donc celle-ci : un gou- vernement provisoire doit-il remplacer le C.E.M. pendant l'la- boration de notre Charte Fondamentale? Les dfenseurs de cette thse en s'opposant l'lection pralable du Chef de l'Etat ont cri leurs contradicteurs: coup d'tat. C'est l'un des principaux ar- guments sur lesquels ils reposent leur opinion. Mais nous voyons difficilement comment un Prsident lu lgalement et librement par l'Assemble Nationale se serait empar de la premiere ma- gistrature par un coup d'tat. Au contraire! Quoi qu'on en dise, un gouvernement provisoire civil, quel qu'il puisse tre, ne sera jamais parfaitement neutre et indifferent au choix de son successeur d- finitif et il fera jouer toutes ses influences ou bien pour s'y cram- ponner ou bien pour tenir l'trier un favoris. C'est alors que l'escamotage du pouvoir sera craindre. Du reste, un gouverne- ment provisoire ne pourra tre constitu que par l'Assemble Na- tionale o dix quinze candidates la Prsidence essayeront de faire placer la tte de l'Excutif un homme favorable leur fu- tur avnement ou d'y monter eux-mmes et de s'y maintenir. Ce sera toujours le jeu de la majority qui l'emportera. Alors pourquoi retarder les choses et prolonger inutilement et dangereusement cette priode transitoire? A notre sens, il n'y a aucune bonne raison, moins que certain groups minoritaires n'esprent par la creation de cette situation