SOUVL.IRS D'UNE CHAMPAGNE Il serait donc incontestablement naf et dangereux aprs les mrultiples examples de dfaillance que nous avons sous les yeux, aprs les dviations d'opinion et d'attitude, les incohrences, les contradictions que nous avons constates chez ceux-l mme qui ont contribu diriger la revolution, il serait suprmement dan- gereux, rptons-nous de tabler de faon plus ou moins exclusive sur la conscience, l'intgrit, la probit d'un citoyen ou de s'en rapporter de manire quelque peu absolue la vertu corrective de l'opinion d'une classes ou de celle de la majority. C'est Thiers qui disait dj Ne livrez jamais la Patrie un homme, n'importe l'homme, n'importent les circonstances, tandis que Voltaire, si je ne m'abuse, faisait la remarque Il n'y a pire dictature que celle de la foule. Ceci admis, il conviendrait sur- tout, puisqu'il s'agit pour nous de travailler instaurer enfin chez nous la dmocratie pour ne pas prir dans la honte et l'i- gnominie, sous le ridicule et le sarcasme gnral, d'adopter la mthode contraire celle que semblent vouloir dicter certain esprits artificiels et routiniers enclins rpter ce qu'ils en- tendent dire et peu disposs apprcier, discuter les ides d'autrui, suivre les vnements et observer les ralits. Ils s'vidente de nos jours que l'individu moyen, plac dans un milieu favorable, arrive se faire une just ide de ce qui se passe autour de lui, apprcier et critiquer assez srement et assez sainement pour que sa faon de voir et de dcider puisse avoir son effet dans la conduite de ceux qui sont charges de la direction des affaires qui l'intressent. Il s'agit de tenir compete de cette observation base sur des faits anciens et des vne- ments contemporains pour envisager et adopter -en 'dehors de notre vieille routine plus que sculaire mais absurde et inf- conde- un systme de gouvernement qui fasse de nous un peu plus que la dernire et la plus dnigre des nations de la terre. Au lieu d'tre une miserable bande de ngres diviss en castes diffrentes, toujours en butte l'action et aux ralisations no- cives d'une strict minority audacieuse, vaniteuse, suffisante, fai- sant reposer tout son prestige sur un total de ridicules prten- tions et de prjugs honteux et qui ne rougit pas de se prvaloir de sa dchance ou de la msalliance ou encore de l'aldutrinit qui corrompt son origine, il est question enfin pour nous de nous considrer comme un people, une vraie nation et d'avoir