SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE que le people a t convoqu pour choisir librement ses manda- taires, il a toujours eu les designer parmi les meilleurs lments qu'on pouvait trouver dans les diffrentes circonscriptions. A ces poques de libert, ceux qui trafiquaient de leur mandate ou transigeaient avec leur conscience taient encore les citadins, les intellectuals, les lus. Aux poques de grande corruption, les corrupteurs toujours se recrutent et exclusivement parmi les citadins, les intellectuels- Du reste, les manoeuvres multiples et compliques qu'exigent les operations lectorales ne sont gure la porte des simples proltaires et des paysans. Leur unique combinaison consiste spculer parfois avec leur carte d'inscription tout en se rservant, le plus souvent, voter le jour des lections, comme ils l'enten- dent, comme ils le dsirent. Tous ces faits, toutes ces considerations n'ont pas empch que des protagonistes de la revolution, de cette revolution qui in- voque la dmocratie, maudit le bourgeois et conclut son infa- mie de notoire protagoniste rclament le suffrage restreint et demandent, par consquent, que soient carts de notre dmo- cratique consultation les 95 pour cent de la population du pays. Merveilleuse dmocratie, dlicieuse rpublique! On aurait pu croi- re que l s'arrtent les controversies qui divisent les citoyens de notre singulier petit pays. Pas du tout! La situation politique incite les individus les plus dpourvus d'exprience mettre en discussion des questions qu'il conviendrait d'envisager avec pru- dence et srnit, mais que nos clercs, nos thoriciens trouvent moyen d'aborder et de rsoudre sans aucunement tenir compete des contingencies, des ralits avec l'unique souci de faire un peu de bruit, de passer pour leaders, d'avoir l'air de poser des innova- tions, en tombant leurs adversaires, en s'attaquant leur pres- tige et comme disait l'autre en essayant d'riger leur pidestal sur la reputation d'autrui. La rforme de l'Etat ?- Ils ne l'envisagent pas encore. Ce qu'ils se proposent d'entreprendre ou de faire pour une amlio- ration de la situation national? Ils n'en disent pas grand'chose. L'amlioration de la situation conomique et social du pays, l'tablissement d'une vraie justice distributive sont les cadets de leurs proccupations. Mais barrer le passage au concurrent, le ravaler, lui reprocher des fautes don't on est soi-mme plusieurs