SOUVENIRS D'UNE. CHAMPAGNE simultanment, ou tour de rle, tantt au Comit Excutif Mi- .litaire autour duquel tous cependant venaient peine d'esquis- ser un geste d'union et de solidarity l'occasion de controver- se sur la ncessit d'avoir des civils la direction executive du pays ou sur l'epportunit d'une assemble exclusivement consti- tuante pour donner la Rpublique la nouvelle Charte qui doit la rgir: tantt certain candidates qu'on dsirerait voir frapper - assez tardivement d'ailleurs, car les lections taient dj dcr- tes, et la champagne ouverte dans toute son ampleur d'indigni- t pour avoir particip l'autoritarisme farouche et tortionnaire qui pesait depuis 1941 sur le pays; tantt au people lui-mme, cette masse de 85% de paysans qu'on proclamait incapable et... non irresponsible, parce qu'on lui a toujours refus l'alphabet, qu'on l'a rive la misre pour l'exploiter de toutes les faons depuis 1804 afin de mieux la contraindre cder sa carte d'lecteur ou son bulletin de vote contre une gourde ou un sandwich au hareng-saur pour ne pas jener un jour de plus. Il n'a pas t donn ceux qui n'ont pu que suivre ces tendan- ces d'entendre des arguments convaincants des partisans d'un gouvernement provisoire compos en tout ou en parties de civils. Des motifs pour et contre ont t noncs avec une assurance gale par ceux qui plaidaient pour une assemble caractre exclusivement constituent et par leurs adversaires. Le dbat prend une tournure autrement grave quand il s'agit de considrer les conclusions du grand nombre de ceux qui di- rigent l'opinion, l'gard de nos masses paysannes et de nos pro- ltaires analphabtes. Ils sont, allgue-t-on, parce que misra- bles et ne sachant pas lire, trs disposs constituer la client- le de ceux qui ont eu l'infamie d'tre aux affaires pendant la p- riode honnie qui vient de s'achever dans la honte et l'ignominie et don't les bnficiaires irrmdiablement rprouvs voudraient encore exercer leurs droits de citoyen de la Rpublique. Eh bien! s'il s'agit de dire la vrit et de juger sainement les faits de notre histoire, il nous faut reconnatre qu' toutes les poques, les proltaires prtendment ignorants et les paysans dguenills et affams, quand ils ont t libres de remplir leurs devoirs civiques, l'ont toujours fait avec une determination, une conviction, un sens de la dignit don't le citadin et l'intellectuel n'ont pas toujours su faire preuve. De 1843 1930, chaque fois