SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE diocrit et s'vader de leur milieu; conspuons-les, tous futurs dser- teurs de leur classes, tous futurs tratres leurs frres ncessiteux. Mais reconnaissons en mme temps que la grande masse noire, victim sculaire de la plus odieuse injustice, n'a jamais prononc d'ostracisme contre personnel, elle a toujours demand qu'on le re- lve seulement du sien, et ses vrais fils n'ont jamais rclam de privileges, ils se sont toujours contents de revendiquer l'galit. A la vrit, ils ont quelquefois exerc de sanglantes reprsailles, mais ce fut souvent sous le coup de l'exaspration son paroxys- me; leur just colre tait ces heures une excuse lgitime la violence de ces actes regrettables. L'Histoire en atteste et au- jourd'hui, je n'en veux pour preuve clatante que certain passages de la prcieuse lettre de Mazin Isaac Louverture, publie par L'Homme Libre, lui-mme sous la rubrique de Papiers in- dits. Si le 11 Janvier par example, le people s'tait laiss aller contre ses trop arrogants bourreaux de la veille des excs irr- parables, serait-il donc impardonnable ? Heureusement il fut sage rendons-en grce au ciel ; car il y et eu invitablement des vic- times innocentes. L'Union oui... mais la vraie Nous savons que pour L'Hom- me Libre le mot est rest pur et sacr. Mais beaucoup l'ont jus- qu' ce jour souill et profan qui le prononcent cette heure sans y mettre un rel amour de leur concitoyen, une pense de sincre fraternity; ils trafiquent honteusement du pouvoir de ce vocable magique sur les mes naves pour sauver leurs intrts menacs par la vague montante de la rvolte populaire. L'Union! oui... Mais sans de nouveaux Suisses, de grce ! L'Union oui... Mais puis-je vraiment y croire aujourd'hui, quand le mot est sur les mmes lvres, que j'entendais hier encore, de mes propres oreilles, prononcer la condemnation irrvocable de la plbe hatienne son malheureux sort? Je le demand; en toute bonne foi, puis-je vraiment y croire sans danger? Aussi long- temps que du people surgiront des prophtes douteux et des pr- cheurs de haine; aussi longtemps que dans la bourgeoisie l'on ver- ra des faces de rengats rpudier l'hritage du pass des lvres blasphmer la mystique de nos Pres et des fronts rougir de nos vraies origins; aussi longtemps qu'on sentira ici ou l, des curs indiffrents au drame du paysan, l'heure ne sera pas encore ve- nue d'une Union sincre et durable.