SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE Gonaves d'tre la Cit de l'Indpendance et l'Arcahaie celle de la Creation du Drapeau, ces orgueils de localits ne sont pas, mon avis, anti-nationaux. La Corse est fire d'tre la terre natale de Napolon et elle n'en est pas moins attache la France. Dom- remy s'honore de la naissance de Jeanne d'Arc, hrone et mar- tyre, qui sauva son roi et son pays et il n'est pas le moins patrioti- que des coins de terre franais. On ne renie pas son Dieu en v- nrant ses saints; on sert mieux sa patrie, quand on aime son patelin. Il est aussi indniable que les glorieuses batailles de l'ind- pendance seraient impossible sans l'union des soldats et des chefs, ngres et multres. Rien ne prvaudra contre ce fait pr- cis et clair. Certainement Mais il faut nous souvenir aussi que quand les affranchis tentrent, au lendemain de la Rvolu- tion Franaise, de conqurir leur mancipation, ils ne pensrent point leurs frres esclaves. Il tait au contraire de leur dsir de ne pas renoncer leurs droits d proprit sur leur btail human. Le triste sort des vainqueurs de Pernier les accuse encore et la mmoire de ces victims sera ternellement leur honte. Ce n'est pas la fraternity qui les avait jets dans les bras des esclaves; seul l'intrt leur avait dict cette conduite; car, aprs leurs pre- miers checs, ils avaient enfin compris que seul ce prix, la victoire pouvait leur tre assure. Et l'alliance ainsi conclue fut ce point fragile que deux ans peine aprs la Victoire Finale, les conspirateurs de l'Ouest et du Sud en dnouaient les liens au Pont-Rouge. La rupture fut scelle d'un sceau fratricide tremp dans le sang de l'Empereur, du Fondateur de la Patrie et le pacte de 1804, aboli, fut souill d'une grande tache ineffaable. L'ancien libre n'avait pu se rsoudre admettre la parfaite galit entire lui et l'esclave d'hier, sa proprit et sa chose; son frre d'armes de la veille redevint son opprim. Il invoqua sa filiation blanche, se proclama hritier du colon et entendit prendre la place de son pre. Hati avait remplac Saint-Domingue; le nom avait chan- g et les matres aussi. Crions ensemble, je le veux bien. Arrire ceux qui font de la couleur de leur peau un programme politique et un plan de gouvernement, jetons l'anathme aux faux-prtres, aux dfen- seurs hypocrites du people, dmasquons tous ceux qui, de leur naissance obscure, se font un bon tremplin pour chapper la m-