SOUVENIRS D'UNE CHAMPAGNE NOUS REVOICI Par Jean REMY Ils taient encore dans les langes, les hommes actuellement gs de 30 ans, quand ce journal, sous l'intelligente et courageuse direction de Mes. Horace Paulus Sannon, Louis Ed. Pouget et Georges Sylvain, menait le bon combat: Celui de la Libert. L'historien de demain, lorsqu'il aura faire la revision des va- leurs qui ont paru sur la scne politique hatienne de 1915 l'an de grce 1946, consacrera sans nul doute un coin glorieux l'an- cienne quipe de La Rpublique don't la devise tait: La Libert dans la dignit et la Justice pour tous. Le climate politique pendant ces trente dernires annes a t tel, que les Aptres de la libert ont d avoir recours tous les moyens pour arriver diffuser leurs ides. Quelques jeunes fon- drent une Revue LE GLANEUR pour reprendre la lutte si bien commence par les pionniers de LA REPUBLIQUE; cepen- dant, les contempteurs avaient toujours les leviers de command; ils dispersrent les rdacteurs de la revue don't l'allure patriotique leur donnait de vives inquitudes. Mais quoi qu'on puisse faire, les causes gnreuses ont des resources infinies. C'est ainsi que, dans nos grands tablissements d'enseignement, quelques membres de la Rdaction entrrent comme professeurs. Ce champ d'action quoique trs rduit, n'en tait pas moins intressant, pour la bonne raison que le travail se faisait d'une faon plus mthodique et plus directed. C'est ces jeunes hommes d'alors qui s'appellent Georges Honorat, Flix Diambois, Bernard Desgrottes, Duval Duvalier, Dumarsais Estim et j'en passe, que revient la gloire d'avoir main- tenu le flambeau qui menaait de s'teindre sous l'action de la malfaisance et du mensonge. Je vois encore mon ancien professeur, M. Georges Honorat, dans l'expos de son course d'Histoire d'Hati. Nous tions trs jeunes cette poque, mais nous comprenions quand mme. Et c'est avec le plus grand intrt que nous suivions. Il aimait insisted particulirement sur la haute signification que devait avoir pour nous la geste hroque de 1804; et des larmes perlaient dans ses yeux quand rappelant 1915, il nous demandait de travailler rparer cette honte faite aux titans de la Ravine Couleuvre, de la Crte Pierrot et de Vertires. A 30 ans d'intervalle, Matres et lves se sont rencontrs.