PRESENTATION Voici des pages frmissantes qui replacent dans leur climate les batailles d'hier par l'vocation de ce qu'elles furent, de ce qu'elles signifirent et pour la part d'actualit qu'elles contiennent et par laquelle elles se prolongent. Voici, claire par les perspectives du recul historique recent, l'expression sincre d'une pense com- bative qui recherchait la soudure des origins et reliait la tra- dition aux grandes heures de decision. Dans un certain sens, ces pages crites au-jour le-jour sont de l'histoire. Sans doute, elles n'ont pas la prtention de trouver une formule de synthse qui explique les dveloppements sociaux et politiques; ni non plus se proposent-elles d'offrir des hypothses grandioses au centre desquelles se trouverait une mthode rigide, une philosophie scientifique. L'atmosphre politique, l'atmosphre militant est charge d'un dynamisme particulier qui cre sinon le fanatisme, du moins l'exaltation ncessaire la continuity de la croyance la cause lue. L'atmosphre des jours denses qui suivirent la revolution de Janvier portait en elle cette force ex- plosive .que rien ne pouvait contenir et qui, semblable un pro- cessus irresistible, renversait idoles et faux-dieux. Il ,y eut, et il ne pouvait ne pas avoir de la duret dans les ides qui diffren- ciaient la priode o nous agissions du droulement uniform des faits de la dictature. Mais cette duret avait son caractre pro- pre: elle maintenait en nous l'lan qui rejoint la passion d'une. grande cause. A cette cause, nous nous tions donn totalement, avec une to- talit qui paraissait tre de l'irrflexion ou de l'inexprience; cette cause qui tait ntre et en dehors de laquelle n'existait, pour nons, aucune issue, nous avions offer nos volonts exclusives, rai- dies dans leur acharnement. Nos jeunesses, fires et propres, n'a- vaient connu que la souffrance, mais dans un culte de la dignit qui nous dfendait de la raconter et de la romancer, en l'idali- sant; nous ne rclamions aucune faveur; nous ne rclamions aucu- ne grce; nous nous moquions de la piti ou de la charity qui tentait, sous forme de pseudo-rparation, d'liminer des inga- lits ou de faire disparatre des injustices. Ce que nous dfendions avec une pret que personnel ne sau- rait nous reprocher, c'tait nous-mmes; nous venions d'une vie