Deuxiéme Année, No 391. PORT-AU-PRINCE (¢ Hair ) Mardi, 21 Juillet 1908 Le Hatin. ABONNEMENTS : PURT-AU-PRINCE}] Un Mois. . . DEPARTEMENTS)\ Trois Mois. . ETRANGER........ Trois Mois. . QUOTIDIEN , DIRECTEUR: G. 1. Clément Magloire, « 3.60 OI SS SSD TTS KEDACTION-ADMINISTRATION « 6. 45, RUB ROUX, 45. LE NUMERO 10 CENTIMES Les abonnements partent du 1° et da rs de chaque mois et sont payables d’avance Les manuscrits ineérés ou non ne seront pas rendus Pour tout ce qui concerne !’Administration du Journal, s’adresser 4 Monsieur Arthur ISIDORE, 45, Rue Roux os Bonne-Fei. LES DEUX Lamentalité latine tue l’'Agriculture francaise : d III dernier arti-;jteraves donnent généralement, grace: A la suite de mon cle sur ce sujet, je devrais uujour- dbui parler de la seconde Frauce ; mais i] importe auparavant de com- ble une lacune en déterminant d'une -— fagon plus precise les effets causés en France par !'éducation latine im- portée de |'Europe méridionale di- recement sotumise a Vintluence ro- Maine. Ilest bien entendu que je ne saurais Passeren revue la totalité de ces ef- fets; jeine bornerai a@ sipnaler ceux qui touchent le plus a la vitalité de la race, c’est-i dire ala production francaise. et A la source la plus vive de toute production nationale, a l’a- ériculture, Nous savens déja que l'etlet le plus direct du svsteme de concentration politique et administrative créé en fance parla royauté absolue fut dattirer ausres du pouvoir central lous les chefs de domaines locaux et @ dégarnir, par conséquent, les cam- Pagnes. Pour hitter lweuvre de concentra- lion, Richelieu et Mazarin enleverent la nobiesse ies fonctions publiques les qu’ils confierent & des em- Ployés nommes par le pouvoir, Louis rile Regent et Louis XV eurent nc;d’autant plus de facilité a attirer retenir ces yrands seigneurs a la que les préoccupations de la vie dites ue leur avaient été ainsi inter- a, S8t-Simon, dit un auteur, nous tear we Louis XIV aimait a voir au- lui beaucoup de seigneurs de Berque ; il ajoute que, dans les pro- cae: les intendants avaient ‘ordre Qver de dégout les grands sei- tan, a4 s’obstinaient a y demeurer thie, cur faire toutesles avanies pos- fiitvons quelques effets de cette me lence des campagnes francaises Tangle patrons naturels. . que, en Allemagne, les bet- fons de kilos, le mouton «oytars don- {ne exacrement le double, soit oo hee jlos de viande nette par mouton, et ‘au total, 300 tnillions de kilos. «e Avec & millions de tetes, eer M. e Lavergne, et 30 millions d‘hectares, agriculture britannique produit o00 fmillions de kilos de viande, tandis FRANCES tes et S8unlhons d’hectares, n’en pro- aux engrais et aux ainénagements,jus- duiten tout que HH). » qu’a 10 et 11.°/e de sucre; en France; Cette dilférence dans les résultats le rendement ne va pas au-delad de 4,;vient, a n’en pas douter, de ce que, a5, a cause de l’insuffisance desien Angleterre,gles campaynes ne sont engrais et aménagements, 9t_ il s'agit|}pas désertées par les propriétaires et ici des grandes propriétés du Nord/que le gout des choses rurales est de la France. ‘tres développé chez les Angla‘s. C’est C’est qu’iln’y aque des propriétaires| dans les campagynes aye |’Anylais dé- qui soient directement intéressés a; pense ta plus grande partie de yes ve- user de libéralités envers les terves ; venus. « Tandis qu’en France, dit or, en France, ce sont les fermiers: |’auteur que je viens de citer, le tra- qui détiennent les terres. ‘vail des champs sert a jpaverte luxe D’ailleurs, les fermiers eux-mémes des villes, en Angleterre, le travail se font de plus en plys_ rares, et, ily des villes sert a paver le tuxe des a quelques années, un Rapport de M. champs. » Krantz, publié dans le Journal offi-: On se rappelle cette prévenance de ciel francais, disait : « Nombre de ter- grand seigneur agriculteur faite au mes sont abandonnées par leurs fer-! Président Loubet par le roi d’Anyle- Miers, quelques unes forcément repri- terre, qui, lors du dermier voyage en ses par leurs propriétaires, et beau- Angleterre, de M. Loubet, jugea ne eoup de terres en friche. Le prix des devoir rien lui donner de plus pre- baux a notablement baissé. Cette bais- cieux qu'une paire de bueuts sélec- se est allée jusqu’da 33 »° » dans cer- honneés pat ses suins. tains arrondissements. C'est cette pratique des choses agit- Tandis qu’un domaine anglais arri- coles qui explique les turtes depen-. ve a nourrir deux moutons par hec- ses ellectuées: par les) propnétaires tare, la moyenne en France est seule- anglais pour | amenagement mcessant ment de deux tiers de mouton ; les de leurs terres. On u relevée que les moutons anglais valant, en outre, le propriétaires frangais achttent annuel- double des moutons frangais, en rai- lement pour deux ou trois millions de son du perfectionnement de la race, guano, et les propriétaires anglais il en résulte que, au seul point de vue pour quarante millions, Ou u retevé, de cet élevage, le domaine anglais encore que les propriétaires francais, rapporte six fots plus que le domaine, aidés des encouragements de l'adminis-. francais, encore que le sol de la Fran- , fratton, ne dépensent guere qu'un mil- ce soit plus fertile que celui de fa ‘ison par an pour le drainage de leurs, Grande- Bretagne. iterres et quills Ont a peine drainé ta! Autre comparaison : il taut, en milliéme partie du sol francais; tandis | France, une moyenne de cing hecta- que les propriétaires anglais, livrés a| res pour nourrir une béte a cornes ;, leurs seules forces, dépensent annuel-' en Angleterre, «on en nourrit une lement vingl.cing millions en travaux | rois hectares. » de drainage et qu’ils ont drainé Sur a production annuelle de moutons douziéme partie du :ol anglais. i nce est environ de 8 Je fais grace au lecteur des som- faite par la Eva moins mes fabuleuses productivement en- Ww ; VAngieterre . . + pecs millions de betes - ene guantité. fouies par les propriétaires anglais Mais tandis que le mouton francais | dans les travaux agricoles. Le peu donne une moyenne de 18, kilos de que nous venons de voir suffit ample- viande nette, soit au total 144 mil- j que la France, avec 10 miutlons de te-: la, ‘cole de Angleterre, et je crois sa- voir que Cette supériorité est celle qul importe le plus, quand il s’ayit de tiesureret de comparer les forces ~ocrales dun pays. Eo Haiti méme. on nous chante tous les matins que Vagriculture est « la principale sour- ce de la richesse nationale ». kt notez que toutce que je viens .de dire de l agriculture francaise s’ap- pligue aux yrandes propriétés du Nord de la France. La désertion des campagnes, dit un auteur, y est telle que, dans ce nord de la France, on ‘est obligé de faire appel aux ouurtera jrurauc étrangers. cli s’est créé, en ‘Belgique, des associations qai ont pour but de procurer des ouvriers aux termiers francais. Ces ouvriers sont enbrigadés et envoyés au fur et a me- sure des demandes. Ce sont eux qui, actuellernent, sauvent des derniéres extremiutés Payriculture du Nord. » « On entend retentir, dit M. Demo- lins, ce cri d’etfroi: « L’agriculture manque de bras!» Or ce sont preé- cisé¢ment les grands propriétaires non résidants qui, se sentant plus = direc- tement atteints dans leurs intéréts, poussent le plus hautce cri. Ils ne paraissent pas se duouter que l’agri- culture manque cussi de téte, et que c'est précizément pour cela qu'elle inauque de bras ». kt pourquoi alors en Haiti,les Fran- gais et leurs amistrop zélés nous font- ils les veux rouges quand nous essa- vons de leur démontrer que l’abus de la politique et de la littérature est un funeste présent offert a la France par la « mMentalité » latine et que le triom- phe incessant du Midi sur le Nord marque l'étouffement de la France particulariste par la France commu- nautaire ? Ne vaudra-t-il pas toujours mieux que l’on produise une prose passable et méme mauvaise, et des denrées Meilleures, et des animaux de rende- ment pertectionnés ” Ne vaut-il pas mieux prodaire plus de kilogrammes de viande et moins de kilogrammes de manuscrits ? tiers daviser Vadministras on de la mo e dans le service du Tari, afin qu'il y soit de suite remé- ment pour 6tablir la supériorité agri-' dié