4n ANNEE, Ne 260 PORT-AU-PRINCE (Haiti) LUNDI, 10 FEVRIER 1908. Le Matin _@e 7 . QUOTIDEEN — ee ee nt 0 oo ee eer ee eee, —ermaanets = _————— ABONNEMENTS : | Dingcreur! | LE , Clément Magloire par mois Une Gourde v’'avance ROK aa D&PARTEMENT® & ETRANGER | REDACTIUN-ADMINISTRATION 45; RVE RCUX, 45. prais de poste en sus. ~aeenere os ———— — Pour tout ce qui concerne l Administration du Journal, rT rTATTR é mr sf tire PLAISIRS ET MORALITE quelque chose & apporter, il Vappor- te lentement ; mais bientot la trans- formation s’opére, Vactivité environ- nante accomplit son ceuvre, il se met a Punisson de ses camarades diate- lier, et au bout d’un an, il « s’active » comme les autres. » Eh bien, ce que dans ses facons de construire, de raffiuner ses maisons, d’organiser ses trains, de rédizer ses journaux, de dépenser de Uargent, de travailler, il continue Ue le faire en ex&gérant independance des personnes. C'est pourquoi, en Amérique, lindépen- dance ftéminine se trouve etre plus grande qu’en Angleterre, et que, au sein meme de la famille, la femme ou fa jeune fille se trouve etre daus un état de complete autonomie. Dans les famil'es americaines, « les gens vivent 4 cote les uns des autres, bien plus que les uns avec les autres.» lismangent bien a laméime table, dit M. Bourget, mais sans (que personne attende personne. La fille se leve ou la femme quand le pere ou le mart vient s’asseoir pour son déjeuner, son lunch ou son diner. » Il y a— entre plusieurs autres— un coté par lequel l’organisation sociale américaine differe sensiblement de elle des Anglais: c'est au© point de ue familial. Ces deux agylomeérations anglo Saxonnes se sont bien eréées sur certaines idées fondamentales onnues, telles que le sentiment pro- fond du self-help, la imise en vigueur individuelle de énergie, le culte du ravailet mille autres po:nts sur les- juels nous sommes déja plus ou moins fixés. _ Ces deux sociétés sont d’ailleurs in- imement apparentées, elles ont des rapports de mére a fille; mais dans e cas particulier, la fille s’est ingé- iée 4 exagérer en elles les qualité. maternelies et ce tempérament, Cx- tremement voisin de l|’axces, n’est pas sans avoir feappé la plupart des observateurs. M. Paul Bourget explique le suc- es croissant des Américains par cet- te stoique disposition de leur esprit a Onsidérer comme possible tout Ce qui a’est fait déja et 4 le dépasser ; ils visent toujours plus haut et plus loin. « Le génie américain, dit-il, sermbis ) 26 pus Connuitre la mesure. Les batis- Ce simple trait, dont nous venons ges d’ulilité que ces gens construi- de voir lorigine, explique la facon sent, quand elles sont hautes, sont différente que jai dite en commen- rop hautes. Leurs maisons de plai-' vant, dont Anglais et Américains pra- bance, quand elles sont raffinées, sont: tiquent les habitudes familiales. rop ratflages. Leurs trains, quand ils’ Cette différence relevée ot expliquec, ont vite, vont trop vite. Leurs la communauté générale des senti burnaux ont trop de pages, trop de|ments reste sauve. Il ya plus de fe- Ofvelies ; et, quandg ils se mettent tes de famille en Angleterre = qu’aux dépenser de l’argent, il faut qu’'ils| Etats-Unis, mais dans lun comme bn dépensent trop, pour avoir la sen-|dans l'autre pays, les plaisirs, qu’ils tion qu’ils en dépensent asseze. '|se pratiqauent dans la famille ou au 8 habitudes américaines envelop- | dehors, pent l’Aoglais lui-méme, ce modéle cette vigoureuse santé morale carac- PAmséricain fait assique de |’énergie et de la virilité, 'téristique des sociétés anglo-suxon-: t font sur lui leur ceuvre d’exagéra- nes. Nous n’avons pas besoin d> re- on. « Une des choses les plus inté-' pcoduire, pour en convaincre le lec- ssantes A observer aux Etats-Unis, teur, tant de tratis de moeurs rappor- rit M. Fraser, c'est la métamorpho- tés par les écrivains qui ont gerit sur sd’un ouvrier anglais en ouvrieramé- ces sociétés et sur les différeates fa- ain. Cela prend environ un an, pas cons dontelles s'amusent. — Mus, Au début, il est lent et semble Ce que je veux aujourd’hui, c est » trainer; il s’arréte fré,uemment montrer, du coté ~, cOurs de travail pour se passe autour de lui. Sil y a’ muldtres, cae tenndnt aigh intataifeprare oncusendhetienannqearontipaapaatacaltnad Se es oe oe Ca — s’adresser a2 Monsieur Arthur ISIDORE, 45, Rue Roux ou Bonne-Foi. A ‘Vivresse éperonne. “moire quelques prennent leur source dans des Afro-Américains, ' ‘du cété de noscongénéres noire et: eee ao le contraste, toujours cho-. ses concitoysns pour les entreprises honné- as - eR ee ee ee ee a a AROS 2% Be quant, toujours désavantawenx. « hee: eeammant, i Saint-Louis meine, dit Paul Adam, fa polic2 dut fermer tous les lieux of: les hommes de cou-: leur avaient pris coutume d'organiser leurs bals, fant la liceones y dépassatt la normale. » Et il ajouta : « Dans Jes campagnes, dans petites cit's dusud, da VPousst, ces bals, les soirs de paie, ont fieu en plein air. Si la police n’e-t pas nom-) breuse, elle ne réussit gucre a empe-, cher les ébats de ces iustinclifs que | Bruyante, haive, | obs :éne, joviale, sans contrainte, les: cetfe | passion vévolte la classe blanche, moyenne qui pass3 la vie & dompter | ses appélits, & bier ses désirs, a tou sacrifier pour accroitre energie du travail lucratif. » ' Je voudrais, en maniere déditieca- | tion, offvir un tableau typique des, scenes de ce genre, et Vavinee jen | demande pardon au lecteur. i = Ee ON RO AND EE . . te Undes amisdu «Matin» nous enzoie Turticle | suivant que nous nous empressous de publier eni remerciant Dauteur de tout ce gwil exprine ds: flatteur pour nous. Le Reve et [Action La campagne sociale si courageuscinent ponrsuivie par le Matin me remet a la mé- sOuvenirs ciassiques. Le lecteur me pardonnera de n’avuir pa résis- ter au plaisir de remuer aujourd'hui la pen- sée antique. Le siécle de Périclés 4 Athénes marque un chapitre giorieux dans Vhistoire de Phu- manité. C'est la fete splendide de I'Intel- ligence et de la Pensée dans la noble cité des aris et de la libert¢é, qui bril’e de son plus grand éclat. Disciple et ami d’Anaxagore que ses con- temporains surnomimuicne I lacelligent, Pé- riclés, apres avoir vaincu le parti de Thu- cidide resta seul maitre des afaires et op- posa aux passions du peuple une digue qui sauva la République. fi consacra tous ses soins 4 embellir Athénes d'ddifices publics. En méme temps qu'il stimulait l’ardeur de -_——or ——— ——————————————————————— OOO NUMERO 10) CENTIMES. Les abonzements partent du rer. ec da rs de chaque mois et sont payables d’avance Les manuscrits insérés o&8 non Se sont pas remis. ane tes ct utiles, ’émulation pour tous les arts, la perfection a laquelle ils turent portés con- tribuérent A la gloire et & la prospcrité de la nation. Des expéditions militaires, en dé- ‘veloppant sa puissance lui permirent de fonder des colonies quidevinrent Hlorissantes en peu de temps. Le patriotisine, la pro- bite, le désintéressement, et en un mot l’¢- ‘Lévation des sentiments de Peéric'¢s lut con- quirent une confiance sans bornes et nous allons voir combien les ¢vénements qui suivirent sa mort firent sentir aux Athéniens la perte immense qu’il avaient faite. Dés que la cité fut veuve de Périclés, on délaissa le métier des armes. Ce fut l’avene- ment des sophistes et des rhéteurs. Tout le mnonde était orateur et tout était prétexte a discours. Les énergies s’usaient 1 des ver- bosi:¢s sonores. Tandis que les bavards pé- roraient, le peuple s’envourdissait dans la Pnollesse et l’inaction. Isocrate, Eschine, Hypéride, Philocrate, incomparables sertis- seurs de périodes fleuries pipaient la foule ala glu des merveilles enfantécs par leur cerveau extravagant. On vit toute une nuée_ de barbares accourus des confins du monde venir prendre part aux jeux d’élo- quence et s’extasier aux discours des ora- teurs 4 langue dorée décrivant Iles splen- deurs de la cité tuture. Les formes grecques elles-mémes, orgueil et joie des poctes qui | céicbraient leurs charmes, désertaient le fo- yer pour assister 4 ces joutes oratoires. Il veut pourtant un personnagequi veil- lait. Hl avait cultivé aussi l’éloquence et sa réputation dépassait celle de tous ceux qui se distinguaient 4 la tribune. L’austérité de sa vie, son amour de la liberté publique lui avaient soumis le peuple. Cet esprit réflé- chi, lent dans ses conceptions préparait et méditait d’avance ce qu'il devait dire. Et c’est ainsi que pour le railler, Pychias lui avait déclaré un jour que ses raisonnements sentaient Phuile. Jamais on ne levit biaiser dans scs paroles ni dans ses actions. Dans les jeux olympiques, lorsque Lamachus de Myrine récita un panégyrique de Philippe et d’Alexandre, on vit cet homme formi- dable par la parole s’élever avec tant de force contre lui qu’il ramena tous les audi- teurs 4 son avis et contraignit le sophiste i sortir furtivement de l’Assemblée. Aussi sa gloire et sa_ célébrité rayonngient-elles dans toute la Gréce. O Athéaniens, disait cet homme sévére, fils dégénérés d’une Patrie autrefois saper- be, jusques 4 quaud continuerez-vous 3 exalter les faiseurs de phrases. Platon nous dit de les couronner de roses, de les en-