1% ANNEE, Ne 240 PORT-AU-PRINCE (naft1) VENDREDI, 17 JANVIER 1908. ABONNEMERTS : par mois Une Gourde D’aVANCE D&PARTEMENT® & ETRANGE® ; prais de poste en sus. —————————— EEE Pour tout ce qui concerne |’ Adnoinistration du Journal, NOS CHEMINS DE FER QUOTIDIEN DIRECTEUR! Clément BUSS ET TRAMWAYS Vous n’étes pas sans avoir sans dou- te remarqué le peu d’intluence exer- cé par l’entreprise des tramways de Port-au-Prince sur le nombre et ta circulation des buss. Au début de cet- te entreprise, le pronostic était pour- tant des plus sombres pour les pro- priétaires de voitures publiques et dé- j4 les passayers de toutes classes for- mant de tout temps la chenteéle des cochers, promettaient, grace aux tram- ways, de se payer une éclatante re- vanche contre |’arrogance tradilion- nelle de la ge: t cochére. L’altrait de la nouveauté dut peut- étie, dans les premiers temps, faire hbaisser les recettes ds cochers et leur inspirer de sérieuses craintes sur la concurrence qui s’annoncait. Mais peu a peu ces crainutes se sont dissipées et la clientéle que lon s’at-. tndait a se voir jeter tout d’un codte se divisa par la force méme des _ cho- ses: une partie se fixa 4 lentreprise nouvelle, tandis que l’aufre accepta de toinber sous la férule des cochers. Pour préciser, le tramway devint le mode habituel de transport des gens qui ne sont pas pressés, des pro-, meneurs, de ceux qui n'ont pas 4 pas-, ser immédiatement «d’un travail a un autre», de ceux qui regagnent chez eux aprés la besogne faite ou qui ont ase rendre 4 un travail a une heure qui leur permet d’utiliser le car, enfin, et d’une facon générale, de tous ceux auxquels i! est égal prendre ce car-ci ou le suivant. On rencontre assez souvent des personnes qui se consolent facilement d’avoir manqué le car, par l’espoir de pouvoir prendre le suivant. Le buss, au contraire,— et c’est ce qui lui permet d’exister toujours— est le mode de transport des gens pres- sés, de ceux qui ne peuvent pas at- tendre; il est aussi un peu celui des Ppromeneurs exigeants et de tous ceux auxquels le plaisir a satisfaire ou l’af- faire 4 régler permet de payer la cour- se Ou I’heure. ' Rien que ces deux modes concur- de | ‘rents de transport nous fait voir, en- ‘ce qui concerne les buss, la | puissan- ce et les ressources insoupconnées de l’initiative privée. Ma pensée, en faisant cette compa- raison, n’est pas que l’administration des tramways ett du s’arranger de facon Arépondre & toutes ces fonc- tions; il lui serait peut-étre, a Vheure' voies da la civilisation qua lorsque | actuelle, hasurdeux, au point de vue des bé.clices espérés, de tendre a remplacer complétement, ou le plus completement possible, les buss. Dailleur’s, si elle veut bien &ccep- ter mes considérations pour vraies, elle peut trouver dans le nombre des buss son veritable indicateur : elle aurait intéret a s’organiserplus sérieu- sement pour la lutte si elle voyait ce nombre augmenter d’une facon sen- sible, car ce serait 4 coup sir un in- dice respectable que le nombre des gens d'affaires et le degré de notre ac- tivité sociale augmentefaient au point de rendre insuffisants les moyens ac- tuels de transport. It est bien entendu que ce que je ‘viens de dire s’applique a la circula- tion dans!|'intérieur de Port-au-Princ >. Au point de vue du trafic dela P. C. S. dans la totalité de son réseau que son. coutrat actuel fait partir de Leogine pour, aboutir alPEtang saumatre, ily a toute une autre sésie de considéra- lions que nous allons passer en re- vue sommaire. Nous devons auparavant faire une remarque (res juste a l’égard de cotte ligne urbaine. ,C’est que ce n’est pas en singeant les manifestations exté- rieures de ce qui se fait ailleurs que ‘nous pourrons dire avoir marché dans ‘le sens du p ogréa. Nous avons des ‘tramways 4 Port-au-Prince, c'est vrai- ‘ment tant mieux, et les Port-au-Prin- 'ciens en doivent reconnaissance et | gratitade a I’Etat. | Ils doivent pourtant admettre que ‘ce bienfait n’est nullement le prix de ‘leur activilé sociale, ruisqu’il est bien | évident que cette ligne ne pourrait fonctionner sans le concours de |'E- ae re ee Magloire, REDACTION-ADMiNISTRATION 45, RUB ROUK, 45. ae a amine —— a s'a@:icsser A Monsieur A 2” CRASS oA ES 6: > A. 9. SEY. si u ee ae eee | ss 1 ee ene rihur tat exprimé sous forme de subvention. Dés lors, nous nous faisons une -étrange illusion en montrant les de- hors que cons‘ituent cette institution, ‘ainsi que celle des télégraphes et du télépho e, comme des gages de notre civilisation. Il est certain que toutes ces admi- nistrati- ns ne sont soutennes que par Peétai artificiel du secours badgetaire, et non par la force naurelle de notre ‘activité ; supprimez cel étai, elles s’é- lcroulent comme autantde chateaux de cartes. ' Nous neserons vraiment dans les “nous aurons commencé 4a avoir cons- ‘cience que notre puissance agricole, _industrielle et commerciale nous met ‘&méme de pouryoir 4tous nos_ be- |soins sociaux de transports, de com- ‘munications, d’assistance et autres ‘par les moyens purement nagurels, c’est-a-dire, pour parler le plus claire- ment possibles, lorsque les recettes ‘des tramways ou du chemin de fer, ,des télégraphes ou des téléphones auront permis de fuire directement les It i frais de ces administrations respecti-. ‘ves et de réaliser un bénéfice suffi- ‘samment rémunérateur pour les capi- 'talistes qui y auront engagé leur ar- 'gent. Je sais bien que cette civilisation n’est pas celle de tout monde ; nous sommes accoutumés a remplacer Ia réalité des choses par leur dehors, tout comme nous avons lNhabitude de remplacer la_ réalité des sentiments par leurs formules. Nous faisons vraiment 1’effet d'un groupe d‘hommes totalemenut incul- tes qui tion personnelle rien qu’en s‘affublant marque de de redingotes, de hauts-ds-forme et. de bottines vernies. J'ai conzcience de ne ricn exagérer et je ne puis oub‘ier avoir eu naguere 4 rappeler a lordre des écrivains et .des publicistes qui jugeaient de I’état intellectuel dans nos campagnes par le nombre. .. budgétaire de nos éco- les rurales ! A cette heure, il -ous fant ouvrir les yeux sur tout. Nous avons passé cent ans &agir d'une certaine facon qui a consisté pour nous 4 ne faire les choses que par délégation ; or cette facon est incontestablement mauvai- le - croiraient élever lenr condi-' ee ee LE NUMERO 10) CENTIMES Les abonnements partent da rer. et du rs de chaque mcis et sont payables d’avance =e Lee manvecrits insérés ou pon De sont pas remis. eee Ee RE, 45, Rue Roux oa Bonne-Foi. ISIDS Ise, puisqu’elle est d’ailleurs condam- ineée par les faits. Il nous faut, méme a l’avance, ‘'vouer une grande somme de recon- | naissance X I’Etat detout ce qu'il peut faire pour nous aider 4 évoluer ‘dans le sens de nos destinées réelles ; ‘mais le deuxi¢me siécle que nous al- ons vivre doit étre véritablement ‘pour nous celui de leftort fertile et -transformateur, et non plus celui d’une ‘nouvelle et slérile expectative. ' Nous n’avons rien 4 attend e de ‘personne autre que nous-mémes et ‘nous devons cesser d’agir par déléga- ition pour faire un peu nos propres ‘affaires. C’est la le seul secret de la ‘prospérité sociale des nations vigou- ‘reuses. . . . et respectées. a] | LES ‘Affets du collectivisme CHEZ LES ABEILLES ( SUITE ) , It est temps maintenant dedire un mot des quelques “expériences qui ont \été faites par divers auteurs et dont les irésultats semblent diamétralement op- posés a tous ceux que j'ai cités. Le dernier en date, et celui qui com- porte le plus grand nombre d’expérien- ces, est le travail de Mile Wéry ( 1905 ) dont la conclusion est que la couleur des fleurs attire les abeilles dans une proportion de 80 pour cent par rapport aux autres motifs d’attraction : nectar, pollen et parfum. Pour arriver 4 ce résultat inattendu, inadmissible pour tout observateur sans idée précongue, Mile Wéry se fonde en partie sur des expériences ot les buti- neuses allant sur des fleurs nectarifé- res ne prennent pas le miel gui les est olfert. Nous avons vu pourquoi ce ré- sultat n’a aucune valeur. Il n’ya donc pas 4 tenir compte de ces expériences. Dans d’autres expériences, |l’auteur compare les visites des abeilles a deux bouquets : l’un de fleurs naturelles, l'autre de fleurs artificielles les imitant ,parfaitement, mais dépourves de mie ;ou de nectar. Notons ue ces deux bou- quets sont placés, dit l’auteur, aux mé- mes endroits que la veille. Ceci est trés