SAMEDI, 14 DECEMBRE 1907. 4" ANNEE, N° 215 PORT-AU-PRINCE (ait!) ABONNEMENTS : park MOIS Une Gourde D’'avaNcE D&PARTBMENT? & ETRANGER ; DIRECTEUR! Clément Magloire, LE NUMERO 40 CENTIMES. Les abonnements partent du rer. et da rs de chaque mois et sont payables d’avance' Les manuscrits insérés ou non Be sont pas remis. REDACTION-ADMINISTRATION 45, RUBE ROUX, 45. grails de poste en sus. ed Pour tout oe qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser 4 Monsieur Arthur ISIDORE, 45, Rue Roux ou Bonne-Foi. Dans Jes grandes batailles de I’édu- calion, je ne connais vraiment pas de pille qui récalcitre avec plus de rai- r gue les marmots en couchettes. Forts de leur faiblesse, ils semblent comprendre toute la somme de pitie qe’on leur doit et, intelligents sans y wonger, c'est sur cette pitié méme qu'il Yaayent pour batir leur empire et pouverner leur entourage. Ils sont a peu prés comme lee femmes et les rofs se figurent volontiers que tout Jeur est du. _ Alors malheur 4 la mére qui se fera le sujet de ce souverain minuscule. Elle hasisiera, passive, Al’émiettement pro- sif de toutes ses libertés et ce sera ientOt sa plus grande honte d'avoir a lout le temps génulléchir et salamulé- ker devant la majesté naine de ce su- perbe empereur nain. Qu’on ne vienne pas me dire qu’avec le temps tout ren- lrera dans V’ordre. C'est peut-ctre ici le teul cas ot: le Temps ne fait pas son ceu- we habituelle d’usure. Au coutraire, le mal vi suivant le plus triste pronostic Mt n’aboutit en somme qu’d I’esclavage définitif Jes méres par les enfants. On pourrait pour ainsi dire eu sul- ire les élapes jour par jour. _— Hier, les commandements stridaient tugosierou gymnastiquaient dans un in- nt sans facon des jambes et des me- hotles potelées. Demain ce sera l’in- e€: « maman,ratti.che-moi mon ta- , boutonne-moi mes souliers. » tard les ordres seront tacites tant ls deviendront impérieux! Ce sera, sans résentation du tire- mot di ‘ ! n on ety dos e robe entr’ouvert lnlesant voir la chair jeune et tendre. Ka,teront de tyranniques regards rou- des menaces fauves pour la.... Meobéissance maternelie et, plus tard eacore, des manifestations Denysiaques fea tempéramen: toujours em érec- & toutes les conséquencesd’un il @tat de choses et dites-moi si cet itlevage des méres par les enfants n est une fausse route sociale | Je dirai ) bas comment per lui, on mécom- lee deveirs sociaux en opérant /a @ompromission des ictéréts de Vindividu, de la famille et de la société. Qu’on y prenne garde ! I! s‘installe avec la plus grande aisanze et une fois cet esclavage poussé trés avant dans la vie, n’altendez pas que le joug se brise, car c'est Vhistoire du jeune arbuste 4 la ti- ge crochue... x 6 ¢ C’est d’abord la coutume de bercer les enfants dans*les_ bras “eu ailleurs our les endormir, puis celle d’obéir a eurs moindres volo9tés. Je crois savoir qu’en France, les hy- giénistes ont bieu vite eu raison de ces habitudes détestables. Il est vrai pour- tant de dire qu’on y croit encore indis- par sable,powrensommeiller les enfants, la vertu des caresses dans le Jit ou bien celle plus lyrique des chansons d’antan, tandis que les genoux supportant le bé- bé vont et viennent dansun mouvement de dodine. Sur ce point, la France ne nous dépasse yue d’une coudée 4a pei- ne. Eh! bien, vrai, je vous le dis. J'aime bien la poésie et |u musique, mais celles qui ne semblent point faites pour délec- ter mes oreilles -- c’est bien domma- e! - cesont la poésie et la musique, ensemble discordantes du « dodo ti tili- te! crabe nan .calalou! ». Savez-vous pourquoi? parce que si la pauvre man- man vient a étredistraite deces soins —il lui faut étre parfois plus prosaique—elle y sera rappelée empérativement par les cris de enfant quine voudra pas dormir sans avoir dégusté l’étrange et abstrait somnifére au crabe et au calalou. Voila donc, a priori, les autre occupations du ménage en sonffrance, pour le seul et absurde plaisir du marmot intransi- geant qui prétend faire du sommeil un travail de collaboration. Que dis-je ? en- core ne joue-t-il dans cet cuvre qu’un role quasiment passif. Et comment pouvez-vous faire Wun pareil étre un individu capable de comp- ter sur ses propres forces. S'il vous faut faider a dormir, que ne vous fau- dra-t-il pas I’.ider a faire lorsque plas tard les aspérités de l’existence se dres- yeront drus et menacants devant lui ?..° Dans cette téte accouluméeda se pencher on a, de mollement sur tialive privée, ou sera ta place de en soi que doit avoir celui a qui il trance et sans pa'ron 7 Meére, votre eufant -e trouvera fecueux de votre role social sa vie des flanges. Lui se béatiliguement chez et Rot. Il ne pourra pas seu? prendre du pain ferez petita petit son pannecier et son échan- son. Tl sera en puissance de barbe qu'il bon- nement a vos dépens et d’étre un imber- bus juvenis tlandemcustode remoto. Mais alors, mére, vous n’allez pas me préten- Via Un votre ni se verser a boire. Vous vous continuera de se laisser vivre tout dre avoir regu du Ciel le secret de longérité,da nommé Mathusaler. jour done, il fiudra bien quitter lion superbe et pas pénereux dautout — puisguil vous rendre compte, si jJ’en ciois ces Pierre, Luc et autres, de volre emplu du temps sur la terre. Eh ! bien, 1) serait triste de vous la- Vvouer, vous n’uurez pas fail wuvere qui vaille ; car Cest vous qui aurez replan- té parmi nousla série des étres goutants de veulerie, infestants de pa- resse et qui, apres s’élre laissé vivre mollement, aiment mieux se daisser nouriic wmatniensa t, purce que dans les maltériaux de leur construction sociale, on avait omis les piéces «du courage, de la force qu’ou puise eu soi-méine et qui donneta foi méme au milieu des désastres. Is sont pessimistes et ne savent méme pas pourquoi Ils ne peuvent l'étre que parce qu’il le sont — vest du moins ce qu’ils prétendent — mais ils ne savent pas que l’optimisme n'a jamais habité les ames d’acier lou- che comme la leur, les dmes d’étres dé- pendants et de dégénérés sociaux. Ce sont eux qui traineront leur vie dans nos cafés o¥ sans vergogue, faisant le prét de leur silhouette aux miroira res- molles épaules de femmes, off sera la place du self-gov. rn- ment cerébral, ott sera la place de Vini- ces rudes qualités de courayve, de confian- est dévolu d’espadonner dur avec les Con- lre-Temps et de struggle forlifer 3 ou- bien de cette tutelle tout le temps que le bon Dieu et la S* Anne vous préteront vie. L’amour maternel aidant, le concept dé- devers lui vous poussera aux pires extrémités, en- tre autres 4 Jti agréalsternent coentinuer prélussera vous en Selyueur épluche — pour aller MmMes- sleurs qui répondent aux nome de Paul, dé- plendissants, ils voudront qu’on leur fasse le cadeau du grog. Plus tard, qaand is seront moins....chics, ils des- cendront jusque dans nos tavernes pour quémander U'absinthe ou le rosat et le boul de poye infect du bourgeois qui avait demandé son cigare a ses mus- cles. Et s’ils ne rebroussent pas chemin, s‘ils continuent de descendre, téte bais- sée, le rapide escalier des dégradations sociales, plus tard encore, grace a la tempeéte orageuse et bienfaisante de Métellus Benoit, ils iront échouer sur le rocher hospitalier de St Vincent de Paul. Meéres, je vous en conjure, si vous ne voulez pus voir ainsi sombrer’ vos fils et nos fréres, préchez leur depuis le berceau, le plus saint Evangile qui soit, PEvangile de lindépendance du travail el de initiative privée. Quand vous re- marquerez chez votre enfant certaine tendance au sommeil, placez-le tout éveillé dans son lit et qu'il crie, qu’il brame, qu'il vous adresse de ses jam- bes, des appels mimiques et désespérés, demeurez intransigeantes et faites-lui la réponse formelle et éloquente du dos. Bientdt il s’apaisera, il se pénetre- ra de ceci qu’on ne se doit point a lui et prendra finalement la bonne habitu- de de s’endormir tout seul. Et s'il s’endort tout seul aujourd'hui, demain, dius les luttes pied & pied con- tre les sorts ennemis, il pourra penser toul seul et travailler tout seul a son sa- lut. Fort par lui méme, ce n’est pas lui qui ollrira jamais le spectacle Jamen- tuble du lierre obscur qui circonvient un trone Et s’en fait untuteur enlui léchant lécorce. Ii sera fait de cette pate consis- tante pourvue du levain de l’éduca- tion rationnelle qui amplifie les hom- mes jusqu’a ce qu'ils atteignent la taille da ces puissants citoyens de l’espéce « géant social » capables de jeter le bon mot dans. la grande balance des idées a émeltre en vue du progrés. Dr C. PEARSON. eee Priére qa@’aviser l’administra- tion de la moindre irrégularité dans le service du«MATIN» afin qu'il y sonst de suite reme- die.