qfe ANNEE, N* 422 a ABONNEMENTS : par MOIS Une Gourde D’aAvaNcE DEPARTEMENTS & ETRANGER : Frais de poste en sus. PORT-AU-PRINCE (nairi) QUOTIDIEN DIRECTEUR: Clément CEUX QUI MENDIENT Grice Aune tolérance coupable, le nombre de fous et de mendiants qui encombrent les rues de Port-au-Prin- ee auymente Chaque jour. La capitale stenvahie par cetta humanité yrouil- lante et malpropre qui répand partout lesrelentsempoisonneés de maladiestres ffroces. Fous, mendiants, alcooliques, tous ceux dont la raison sombra au choc d’événements déconcertants, et que ne retient pas au foyer quelque parent & I’Arne compatissanle, tous les professionnels de la mendicité— et dans quels accoutrements s’exerce ce rile épouvantable !— tous les désé- quillibrés aux yeux hébétés quiv vous soulfietentau passage de fortes et suf- focantes odeurs d’empyreume, ont envahi nos rues, nos places et nos maisons. Parfois, ils vont: par groupes tragi- ques, un squelette en guenilles con- duisant que'que aveugle triste et rési- gné, des femmes aux doigts desséchés é crochus, des enfants élevés publi- quement al’école monstrueuse du vice repoussant. Souvent, ils sont seus, é, dans une plainte de béte, montrent “passant qui se hate, le membre fogrend qui les rend inaptes au tra- wil. Mais toujours, ils passent sans discontinuer, offrant endes spectacles Myrants d’un vivant cinématogra- phe, la misére de leurs existences Maudites. Des ulcéres incurables ou s’agitent viventdes milliardsd’infiniment pe- tes, des uleéres quirayonnent, mon- { lineurabilité triomphante de fs dimensions et de leurs hor- furs ; des plaies qu’entourent de "gues haillons sanguinolents, infects crasseux, — des faces ravagées par be b lepres et des_ syphilis impi- Yables,— des moignons d’enfants lsiques, des grimaces de toute une tde de sinistres mystificateurs qui, ives hatcher le nickel, contournent voila abileté leurs membres sains, ce qui se présente constamment regards du citadin attristé. _ de verihte est parmi ces tendiants hos abies malades, qu’un service Nengaisen sation ou qu’une ceuvre de doit réclamer; il est par- mi cette armée des infirmes et des iii- capables auxquels la société doit ve nir en aide en contribuant a les lo- ger et ales nourrir. kt & ce propos, un de nos rédacteurs, celui qui traite avec cette compétence que nous lui connais- sons, les questions suciales, faisaitre-| marquer, a cette meme place, que les pauvreseties mendiantssont tellement au courant de notre détachement pour les ceuvres d’assistance yquils”*fuient les hospices comme des prisons. Cela] est absolument vrai. Dans la mesure} fliger Pinjure d’un geste du possible cependant, il serait 4 sou- haiter que fussent internés les men- diants aux maladies les plus repous- santes. Mais il est une certaine de mendiants qui fixe Vattention de ceux que ne laissent pas indiffe- rents les manifestations anormales et dont jz veux vous entretenir un ins- tant. Il s’agit de ces individus forts, bien portants dont la profession est de mendier [ls le font réellement par inétiar, suns honte, sans genc, sans pudeur. Ces gens-la vous abordent de Tair le plus naturel du monde et trouvent étonnant que vous ne vidiez pas vo- tre bourse entre leurs mains. Notez que, si par un attendrissement intem- pestif, vous vous serrez le ventre pour leur étre agréuble, vous les verriez plus tard, gavés et satisfaits, attablés 4 un jeu de Bele, en compagnie de grands personnages et d’hommes po- litiques. Incapables des moindres efforts, le tempérament encrassé dans une habi- tude indéracinable Ge paresse et de flame, ces parasites incorrigibles se trouvent partout entre vos jambes, et se rencontrent dans toutes les classes de la socict4. Ce soat les freious ina- tiles qui veulent toujours vivre aux dépens des laborieuses abeilles. Certaines besognes répugnent a leur caractére ect 4 leurs principes. Ce sont des fiers pour qui Je trava:l serait une déchéance. Quand ils sont du peuple des faubourgs, ils veulent etre emplo- vég de ministéres, voire méme chefs de bureau ; quand ils appartiennent 4 ia bourgeoisie, ils veulent étre députés, eatégorie ’ et se lancerdans les carrie- Magloire, REDACTION-ADMINISTRATION 45) RUE ROUX, 45. {controleurs ou directeurs de douane, administrateurs, que sais-je >... Y "an . _ Ne leur pariez pas des imeticrs of HS se saliraient les mains,-- is vantaze leur Ame veule, Mls connaissent tous les trucset tous les chantayes 3 ils savent se rengorger comme des messieurs qui «ne se lials- sunt pas faire, »etdevenir humbles en pariant de Ia maison sans pain et du profes- ;senf toutes les lachetés. Ils ont toutes N’attend»z d’eux Its vous en veulent d’avoir pu leur in- wenereux..., j dernier-neé treés-malade. Hs jles complaixances. saucune gratitude. AQ contratve. * » © sivnent ses facuites et ses forces. Des professions sont 4 créer chez nous, dautres réeclament des bras et des éneraies... Si vous voulez faire une bonne ac- ‘ion, dites au citoven me2ndiant et fort ‘que sa besozae est infecte, qwil pest pas trop tard pour Ini, apres avoir vé- ecu aux dépens de tout le monde de se res rudes ot fatizgantes qui donnent fla liberté et le bien-ctre. ~ Fr Hl Nous avons hublié derniérement le Rapport présenté a la Chambre francaise sur la cone vention franco-haitienne par le député Siegfried. Voici Popinicon du «Courrier des Etats-Unis.» La Chambre frangaise des députés, avant de clore sa session, a donné sa sanction 4 une convention commerciale entre la Fran- ce et la république d‘Haiti. On sait que Haiti comprend la partie oc- cidentale de la grande ile de Saint- Domin- gue, qu’elle a appartenu pendant de lon- gues années 4 la France, et que_ ses_habi- tants, en tres grande miajorité, noirs ou mulaires, ont conservé notre langue. Haiti a une superficie de 28,676 kilométres car- rés et une population de 1 million 425,000 habitants. Port-au-Prince, sa capitale, qui poseséde un excellent port, en 4 70,000. J pre- ferent encore mMendior et salissent da- Et pourtant, la grande loi du travail appelle chacun ct la tache que lui dé- LUNDI, 26 AOUT 1807. Le Matin LE NUMERO 10) CENTIMES. Les abonnements partent du rer. et du rs de chaque mois et sont payables d’avance Les manuscrits insérés ou non ne sont pas remis. Pour tout ce qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser 4 Monsieur Arthur ISIDORE, 45, Rue Roux ou Bonne-Foi. oe ee a Les productions de la république d’ Haiti sont principalement avricoles ; elle se com- posent surtout de caré dune excellente qualite, et dont) Ta France regoit chaque annee une quantite variant de 200,000 4 80,000 qguintaux, valiant de 16 millions a 30 millions de franes. C'est en France que wt production catéi¢re haitienne trouve son plus important débouche, et c'est grice luomouvement datfaires augquel donne licu le commerce des cutés gue la France a pu maintemiren Hai, male’ des circonstan- ces partois désavantaveuses, une situation relativement considérable. Les autres productions avricoles haitien- Nes se COMPOseNt principrzliement de cacao, de coton, de sucre et de bois d'ébeénisterie cide teinture. Le commerce de Haiti re- presente environ 20 millions de frances A "importation, et environ 43 millions a4 Vexportation. D’aprés Ics statistiques, les importations haiticnnes en France se sont clevees en 1905 A lasomme de 24 millions 690,900 tranes, et les exportations fran- gases en Hatt, do da somme de 4 millions 500,000 franes. Nul doute que les exporta- tations = frangaises ne puissent aupgmen- ter beaucoup dans ce pays si prodigteuse- ment fertile, et qui pourrait ctre si pros- pere, metaient les décortres qui Vappau- Vrissent et entravent son développement. C'est cette perspective de la possibilitd d’¢- largirle courant des exportations gui a enga- gé le ‘gouvernement francais A n¢gocier la convention que vient d’approuver la Cham- bre et qui, par les avantages qu’elie assure aux produits ftancais, aura certainement pour consequence d’accroitre le chiffre des affaires. _ Quelles sont les bases de cette conven- tion ? Le gouvernement haitien, dans le but d’augmenter ses recettes budgétaires, a établi un nouveaa tarif le 4 septembre 190%, élevant notamment les droits dedoua- ne, qui forme le plus clair des ressources de I’Erat. Ce tarif constitue le tarif minimum, dont les taux sont augmentés de so p. c. au tarif général. La nouvelle con- vention accorde 4 tous les produits frangais le tarif minimum, et elle consent une ré- duction de 33 1/3 p. c. aux produits natu- rels ou fabriqués énumérés dans un tableau qui comprend 61 catégories de marchan- ises et 667 articles du tarif haitien. Pare mi ces articles, signalons les meubles, bou- chons de liége, capsules pour bouteilles, étiquettes, amers et quingquinas, cassis, eaux-de-vie, liqueurs, vins en barriques et en boateilles, sirops et vermouts, les cone