4n ANNEE, Ne 120 PORT-AU-PRINCE (Hair!) VENDREDI, 23 AOUT 1907. a eee eee Le Matin QUOTIDIEN ABONNEMENTS : paR MOIS Une Gourde vD’avanceE . DéPARTEMENTS & ETRANGER Frais de poste en sus. DrirEcreur : Clément Magloire, : REDACTION-ADMINISTRATION 45, RUE ROUX, 45. LE NUMERO 10) CENTIMES. Les abonnements partent du rer. et du rg de chaque mois et sont payables d’avance Les manuscrits insérés ou non ne sont pas remis. Pour tout ce qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser 4 Monsieur Arthur ISIDORE, 45, Rue Roux ou Bonne-Foi. NECROLOGIE VU. EDMOND DEMOLINS. La courrier de cette semaine nous a apporté la bien triste nouvelle de la mortde M. EpbMOND DEMOLINS, Direc- teur de la Science Sociale qui est, com- me on le sait, le bulletin de la Société internationale de Science Sociale,— et fondateur de /’Ecole des Roches qui est le ppemier étahlissement francais on sontappliquées les méthodes nouvel- is féducation préconisées par la So- ciété. M. EomoOND DEMOLINS a été en Fran- cect a I’Etranger le promoteur des idées sociales les plus solides et les plus incontestées, en raison de _ l’ap- pul considérable des faits observés, et lécole constituée par lui et ses colla- borateurs a réellement rendu plus con- sistant et a perfectionné le procédé observation institué par Le Play,dans l'étude des phénomenes sociaux. L'Ecole des Roches, qui s’ouvrait en oxtobre 1899 avec la Maison du Vallon #00 éléves, comprend aujourd’hui, oulre cette maison, quatre autres qui sont La Guichardiére, I’Iton, le Coteau et las Sablons. Le succés de cette Eco- le vatellement croissant que M. De- Woling#a pu écrire dans le fascicule 4a mois dernier qui lui est exclusi- Yement consacré: «Cette année a vu facceatuer et s’affermir le succés de lEcole. Nos cing maisons sont p!teines nous pensons qu’au lieu d’en avug- Menter le nombre, il est préférable de lectionner de plus en plus nos élé- (es. Depuis lorigine de |’Ecole, nous} 4 Pratiqaons cette sélection, mais, cette ttnée, nous l’avons appliquée d’une on toute spéciale. fl est entendu sue les nouveaux éléves ne seront ad- rae qaaprés une période d’essai de »° Mois et qu’ensuite ils ne reste- ai que si leur conduite est tout a iva an usfaisante. La porte d’entrée se- Me trokte et la porte de sortie large- r. nt ouverte. » M. Demolins joignait ainsi l’action 4 eee et il était un travailleur aus- Ofatigable qu’émérite. Ses rinci- | @avrages sont : Les Franguis d’au- jour@hui, L’éducation nouvelle, A quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons, A-t-on inlérét d s’emparer du Pouvoir? Les grandes routes des Peuples. La mort le surprend travaillant 4 veritier et a préciser les répercussions sociales qui se dégavent du rapproche- Ment et de la concordance des _ pheée- nomeénes observés, car, écrit-il « il n’y a uae Science sociale que si les phénomeénes sociaux se répercutent les uns sur les autres, indépendam- ment de la volonté humaine et par le fait de la nature des choses. » Les rapports entre la science et 'a morale ont également préoccupé son esprit et voici 4 ce sujet les deraieres lignes qu'il a écrites : « Je ne croispas que nous arrivions a élucider la ques- tion par’ le procédé philosophique. Nous ne réussirons 4 faire la lumiere et d mettre les esprits d’accord, qu’en cherchant & déterminer, dans les faits et au moyen de Il’analyse méthodique, le répercussions qui existent reéelle- ment entre la Science Sociale et la morale. Ge travail doit étre fait. J’es- sayerai de montrer prochainement les résultats auxquels je suis arrivé. » C'est une autre voix désormais qui, apres avoir interrogé les archives et donné corps aux idées ébauchées du; Maitre, viendra nous révéler les « ré- sultuts » promis et auxquels la mort a prématurément imposé silence. M. Eimond Demolinsa été un pro- fond patriote et les yénérations futu- res, pour lesyuelles 11 travaillait si ar- demment, viendront confirmer que la route du salut social, pour la France est bien celle qu'il a si puissamment jalonnée, et non les chemins équivo- ues et tortueux qu’indiquent aux foules crédules les aventuriers politi- ques. Le Matin salue avec émotion l’hom- me considérable qui vientde disparalitre et dont la pensée a constamment iIns- piré nos écrits et nos idées. La consécration de sa parole est ve- nue d’ailleurs fortifier chez nous la pensée que la vraie et patriotique ceu- vre — et celle qui doit aboutir au re- lavement national — est bien la tache sociale que nous avons assuméea eta laquelle il a lui-méme consacré toute une vie d’efforts sincéres et laborieux. Et contre l'ineptie des uns, et con- tre la mauvaise foi des autres, nous aurons toujours les encourazgeantes paroles du Maitre qui nous écrivait le 28 Juin dernier . _ «Je vous prie d’agréer toutes mes félicitations. Vous avez parfaitement compris Pusuvre de Science et de pro- gtes social que nous poursuivons. » Gontérence dela Paix Nous avons publié dernic¢rement la_pro- pesition de S. Exc. M. Horace Porter, dé- égué des Etats Unis d’Ame¢rique, relative 4 la limitation de l'emploi de la force ar- mée pour le recouvrement des dettes contractuelles. Cette proposition a été admise par les nations suivantes : Allemagne, Etats-Unis d’Amerique, Re- publigue Argentine, Autriche-Hongrie, Bo- liive, Etats-Unis du Brésil, Chili, Chine, Colombie, Cuba, Dinemark, République Dominicaine, Equateur, Espagne, France, Grande-Bretagne, Guatémala, Haiti, Italie, Japon, Etats-Unis Mexicains, Monténégro, Nicaragua, Norvége, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Pérou, Portugal, Russie, Salva- dor, Serbie, Siam, Uruguay. Nous extrayons du procts-verbal de la séance «tu 27 juillet les passages suivants : M. PreERRE HupicoutT dével>ppe les considérations suivantes : La Déléyation d'Haiti, en déclarant se rallier sous la réserve qu’on con- naft, Ala proposition des Etats-Unis d’Amérique, concernant le recouvre- ment des dettes publiques ayant leur origine dans les contrats, n’a pas en- tendu admettre qu’en pareille matiére Vemploi de la force puisse étre léyiti- me. Carla République d’Haitii qui, elle aussi, a eu, dans le cours de “on exis- tence nationale 4 subir des actes de violenée, ne lesa jamais considérés avec larésignation des faits accomplis: ce n’a jamais été qu’en protestant et en appelaot 4 Phistoire et & Phumani- té6 qu’Elle s’est plidée aux exigences qui lui furent imposées. Mais elle a voulu, en tenant compte de l'état ac- tuel fes choses, contribuer A un pro- eres dans le droit international. Au point of) nous sommes arrivés devices) débats, mattendsz pas de moi un dissours ; mais en présence de la contradichiomapparente des arguments respectiverment opposes, j'estime que quehpues preeisonus sort absolument nEcessaiLes. Pour bien appreécier le caractére philanthropique de la proposition des Etats-Unis d’Ameéricque, il fant se re- porter & Fannée 1002, oft a été formu- be par la République Argentine la doctrine connie depuis. sous le nom Doctrine de Drago. Q.a-lle était, a ce Moment-li et quelle est, a Pheure ac- fuelle, la pratique internationale, en matiere de recouvrement de = dettes publiques par les Puissances ? kn vertu duo droit de Souveraineté ui fait que chaque Pulssance, dans le retement de ses rapports internatio- naux, n2 prend conseil que de ses in- téréts, le puissant tat reclainant or- wanise une expedition, L’escadre ve- nue & destinatien, apres un ultimatum A courte écheance ¢ quelque fois trois heures) salsit ou coulelies navires trou- ves dans le port.bombarde los éditiees publics, tue quelques personnes in- nocentes ou tanoffensives, établit an blocus et ne cesse ces actes d’hostili- té que jus’qu’a ce qu'elle ait obtenu satisfaction. Dans d’autres ‘occasions, qaand Vargent a été rendu 4 bord, on exige une lettre d’excuses avec des salves de canon pour saluer fe Pavil- lon qui vient de provoquer tant de justes rancunes. Voilaen racourci, le tableau des humiliations auxquelles donne lieu la pratique courante de l'emploi arbitraire de la force pour ts recouvrement des dettes publiques. Eh bien! C’est pour éviter désor- mais ces actes d’exécution sommairb que la proposition des Etats-Unis d’A- mérique a été formulée: c’est pour éviter que l’'amour-propre des grandes chancelleries queleressortissant étran- ger sait toujours exploiter, ne s’enga- ge sans examen préalable et contra- dictoire des faits dans ces opérations qui n’ont que trop souvent, troublé la conscienee de l’humanité. Quelle est l'économie de la proposi- tion américaine? Elle tend a faire sou- mettre 4 des juges impartiaux, la Cour