sn» ANNEE, Ne 118 PORT-AU-PRINCE (aaim1) MERCREDI, 21 AOUT 1907. Le Matin QUOTIDIEN ABONNEMENTS : pak MOIS Une Gourde D’avance DEPARTEMENTS & ETRANGER : Frais de poste en sus. DImEcTEUR: Clément Magloire, REDACTION-ADMINISTRATION 45, RUE ROUX, 45. LE NUMERO 10 CENTIMES. Les abonnements partent du rer. et du 15 de chaque mois et sont payables d’avance Les manuscrits insérés ou non ne sont pas remis. Pour tout ce qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser 4 Monsieur Arthur ISIDORE, 45; Ruc Roux ou Bonne-Foi. Un episode de | Histoire politique dHait SOUS LA PRESIDENCE DU GENERAL SALOMON Alexandre Dumas fils, dit, dans une deses remarquables préfaces qui sort des trésors de bons sens, d’esprit et dironie qu’apres avoir bien étudié les hommes s’awitant, effarés, lorsque des questions sociales nouvelles se posent,— il était arrivé a cette conclu- sion quils'n'étaient quedes imbéciles. Etpar imbéciles, le’Maitre entendait les tres faibles d’esprit, de corps et d’:- me, qui tlottent ala surface des cho- ws et & la inerci des courants. Ces rétlexions me sont venues Ce Malin en Jisant des allusions transpa- Mates faites 4 notre campagne sociale per un écrivein trés-vague et trés mal- Mevé. Dai: un article de la semaine dernigre, cependant, j’avais cru néces- saire de préciser le véritable sens de ses iiées alin de dissiper toute équi- voque. Maisil y a des esprits superficiels et tourmentés qui se lancent d’un bond aux extrémes, prétendant prou- ver quils ont parfaitement compris, oubliant que dans les questions scien- hfiques surtout, les injures ne peu- Vent étre des arguments. Aux données précises basées par de savants professeurs sur des expé- Mmentations patientes, aux méthodes, aux formules, aux arguments, on ré- pondra par d’étranges et grotesques traits ou se devine l’esprit ombrageux ‘ua potte raté dont les productions ont 6t6 condamnées par les vrais ar- '_Notez que seuls les ratés n’auront PS.compris nos véritables intentions tjamais on ne verra parmi ceux qui ROWS Montrent le poing un Massillon , cou, un Damoclés Vieux, un Cons- lin Mayard, un Etzer Vilaire, un Y lee Moravia, un Edmond Laforest.. *-. Gar, chantres mélodieux et su- 6s, ils charment les générations teoura possies et de leurs réves; f$ vers resteront puisque ce sont hee smbirés, puisque l’esprit d’en hant anne quand les strophes d’or dé- cet les Sclatantes beautés de leur be ee divine. Ils savent que la cam- 9@a Matin est juste; ils ont eclence, ceux-la, de lear rdle éle- 8 ils ne se croiront atteints Mais Cris de mort. les autres,ce sont les imbéci- yor Damas ot; je les renvoie Nor | i C’érait Panndée 1883. Vu la. situation troublée du pays, et prenant ombrage de Pintluence du General Nord Alexis dans le Département du Nord, le Président Salo- mon le fit arrcter et jeter en prison A Port- au-Prince ot il fut soumis au régime le plus sévére. I Démarches de Madame Nora Madame Nord Alexis abandonna tous ses intéréts dans le Nord et se rendit A Port-au- Prince, afin de pouvoir suivre de prés l’af- faire de son cher époux et faire valoir tous ses efforts en vue d’obtenir sa mise en li- berté. A cet effet elle fit intervenir de nom- breux amis, tous, personnes intluentes, qui se heurtérent 1 @ un non possumus » ab- solu de la part du Président Salomon. J’érais A l’épogue simple Consul d'une République amie, mais le Président Salo- mon me tenait en haute estime, 4 cause des services que j'avais rendus 4 son gou- vernement, et je jouissais de sa contiance et d’un grand crédit dans son entourage immeédiat. Or, un jour, Madame Nord Alexis, qui m’avait coanuen 1879, vint me voir a mon Consulat pour me prier d’aller au Pa- lais voir le Président et lui parler en faveur de son mari. Je l'agcueillis avec tous les égards qui lui étaient dds, mais je dus lui dire avec tous les ménagements possibles, respeciant salégitime douleur, qu aussi bien que moi, elle devait savoir que des démarches infructueuses avaient été faites fusieurs fois dans ce but pres du Prési- ent, et que celui-ci avait fini par déclarer qu'il ne voulait plus entendre parler de cette affaire. | - Je le sais, me répondit Madame Nord, mais je sais aussi que vous étes l'enfant du Président etqu’il ne peut rien vous refuser. ( Pour cette phrase, Madame Nord fit usage du créole, langage si expressif que je ne résiste pas au désir de ee les mols : « Oa méme cé pitite Président ; li pas gagné arien pour refas¢ on ». Et elle 2- jouta : . ‘ — Dites au Président que le Général Nord Alexis s'engagera forme t ine faire contre son gouvernement pen- dant toute Ia durée de sa Présidence, et que, en girantie de cette promesse, je con- sens a bypoteduer A PEtat tous les biens que je posscde dans le Nord. » Convaincu de la sincérité des paroles de la noble dame, ému par la chaleureuse ex- pression de ses sentiments, profondément remué,paf l’explosion de sa douleur, de ses craintes, de son angofsse indescriptible, je lui promis que j‘irais trouver le Président et que je ferais tout ce qui dépendait de moi pour plaider la cause confi¢e 4 mes bons soins. Quelles effusions de la part de Madame Nord ! Mais en femme de téte, comme fem- me de cceur elle venait de se montrer, elle me fit remarquer gue les mauvaises nou- vellesquiarrivaient de Miragoine exigeaient, ctant donné I’esprit inguiet er ombrageux du Président Salomon, la plus extréme di- ligence de ma part. — Vous avez raison, Madame, lui dis-je, et des que Vous serez partie, le temps de changer de vétement, je me rendrai au Palais. Reconfort¢e par ces paroles, Madame Nord prit congé de moi trés affectueuse- ment ets’en alla, caressant dans son cceur la presque certitude de voir réussir la dé- marche que j’allais risquer. Quant a » moi, je n’osais pas me flatter par avance d’un succes. J’avais mes raisons! II Mon entrevue avec le _ Président Salomon Javais mes grandes et mespetites entrées au Palais ot iln’y avait pas de consigne pour moi. Je m’exprime mal il; y en avait une: celle de me faire arriver jusqu’au Président 4 n’importe quelle heure da jour ou de la nuit, fdt-il méme déji couché. Madame Nord m’avait quitré 4 midi. A 1 heure, j'étais introduit dans le Cabinet du Président qui, en me voyant, s’écria: — Mon cher Consul, vous venez plai- der une bien mauvaise cause. Ma surprise fut grande, mais eile ne du- ra que le temps d'un éclair. En effet, mon Consulat se trouvant en face du bureau de la Place, je compris que le Président Salo- mon, au moment mon arrivée an Ps- instruit de la visite dont mavait honoreé Madame Nord. Tl taut ree connaitre gue sa police ctait bien faite ! Aussi, puis je répondre au Chef de Etat presque du tac au tac: — Me, compliments, Président, pour votre 6.2. ©) perspicacité. » Je viens, en cHet, plaider une cause. T’on pretend, et Vi. Exe. athrme, qu'elle est mauvaise, mais A supposer qu'elle le soit) réellement, est un axiome juridigue « qu'il n’y a pas de mauvaise cause « quine soit défen- dable » —— Assevez-vous, Consul, je vous ccoute. — Eh bien, oui, President, je viens plai- der-la cause du Général Nord Alexis. Et aprés lui avoir fait part de la démare che de Madame Nord Alexis, de Vengage- ment que le Général et elle prendraient, et des engagemen:s offerts, j'ajoutai : — Miragoine est en armes et toutes les turces et les resources de la nation sont em- ployces 4 en faire le sicye. Jacmel et Jeérd- mie s’agitent et semblent vouloir se pro- noncer en faveur du mouvement de Mira- godine. Reste le Nord, trés mécontent de l’arrestation du Général Nord Alexis. Si le Nord bouge, tout est perdu! Eh bien, Président, vous n’iznorez pas que Madame Nord, par sa naissance, fille, m’a-t-on dit, de l’Ex-Président Pierrot, que le Général, par le prestige de son caractcre et de sun autorité, et les deux, par leur position so- ciale et de fortune, sont tres intluents dans le Département du Nord. Par conséquent, 2 mon avis, ce serait faire un acte de haute politique que de s’attirer, sinon la sympa- thie, la neutralité du Département du Nord, et, pour ce faire, vous avez, Président, 4 votre disposition un atout majeur, la mise lais, ctaie deja en hiberté immédiate du néral Nord Alexis. « Le Général et sa digne et noble gne, dont j’ai pu apprécier_ I’élévatiqn Nes sentiments dans son entretien avec moi ce tantdét, liés par la reconnaissance, sauraient répondre comme il convient, je m’en por- te garant, a cet acte de bienveillance de votre part. Et je ne parle pas garanties matérielles offertes par Madame Nord. A ce point, le Président m’ineerrompit | pour me demander : © ~- Quel Age avez vous, ‘Consal ? — Trente-neuf ans révoius, Président ; mais oserai-je demander quel rapport..... — Quel bon avocat vous auriez fait ! — Alors, Président, j’si canse gagnée @ — Oh! n’sllons pas siviee