4" ANNEE, Ne 68. PORT-AU-PRINCE (nair1) SAMEDI, 22 JUIN 1907, LE MATIN ABONNEMENTS : PAR MOIS 4 GOURDE. DEPARTEMENTS & ETRANGER : Frais de poste en sus. QUO TIbDIENW DirmECTEUR: Clément Magloire, REDACTION-ADMINISTRATION 45, RUE ROUX, 45. LE NUMERO A() CENTIMES. Les abonnements partent du rer.et du 15 de chaque mois et sont payae bles d’avance Les manuscrits insérés ou non ne som pas remis. Pour tout ce qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser aM. Arthur ISIDORE. unt et luda Qu’est-ce que l'éducation ? Cest, dit Paul Descamps, l’appren- tissage de la vie. | Or, « Papprentissage d’un miétier quelconyue a pour but de former un ouvrier Capable de réussir et d’excel- ler dans ce meétier. » L'apprentissage de la vie a donc pour but « de former un homme Ca- pable de réussir et d’exceller dans la vie. » On citait derniéramentlenom de I’ab- bé Fleury ; c’est lui qui, déja au dix- seplieme siecle, disait de se rappeler «que nos enfants ne vivront pas dans lalune, mais sur ce globe terraqué etdans ce sitcle si corrompu. » Et un geand journal parisien s‘écriait ré- cemment : « Quel ministre de Vins- truction publique fera jamais descen- dre PUniversité de la lune sur la etre? » Bien qua la terre d’Haiti ne soit pas unlieude délices, excepté pour les touristes et explorateurs, chercheurs de coin de verdure et de pittoresques horizons, il s’agit pour nous de nous yaccominoder; et lanécessité est aussi granda pour nous que pour les autres peupies de ne pas séjourner dans la lune et de prendre pied sur notre sol. ta Ous envoyons, en général, nos en- ints a | ecole des Page de six ans, partie primaire et secondaire des esles garde au bas mot dix an- Ades; quand nous les‘destinons a étre eaue chose, les études supérieures nées aneen ; qurant environ SIX an- confions re. ela f.* donc que nous f esprit et lame de nos en- ants— et parfois aussi le dans le cas aint urs corps années au ey, internat— darant seize Cest uy aod instituteurs divers. Et nous retonnn e vingt-deux ans quiils tention d'or, ent, avec toujours la pré- mais, au via; avoir fait un homme ; Prit ot lintellje, nya guere que les- ivés et voila ee qui aient été cul- direction do que l'utilité méme de la tro donnée a cette culture se ve mise en sti Cc n question. Spendant il n’en est pas de mé toutes | . pas. meme es latitudes. M. André —F Pelletan nous disait l'autre jour que, a Vétranger, quatre années suffisent pour faire un ingénieur, tandis que, en France, il en faut huit. Quand vous lisez : «a Alétranger » entendez sur- tout en Angleterre et aux Etats-Unis. S’il est bien vrai que dans ces pays les ponts ne sont ni moins solides ni plus mal faits qu’en Franco, il faut reconnaltre que leur méthode d’ensei- gnement est supérieure, puisqu’elle permet d’atteindre le meme résultat, ou méme un résultat meilleur, dans un temps réduit de moitie. C’est que la différence dans les mé- thodes apparalt dés l’origine : ce n’est |] pas seulement lingénieur anglo-sa- xon qu différe de l’ingénieur frangais, c’est aussi les deux types d’écoliers qui différent. Tout le monde connait le badin qu’est en France I’étudiant, du moment qu'il est en regle avec ses de- voirs et lecons a Pheure qu'il faut, il n’appartient pas autrement a l’ensei- gnement: ce sont les plaisirs qui le réclament, etce n’est pas le reste du temps que les plaisirs le réclament, c'est tout le temps, exception faite des heures consacrées a étude. Comme état d’ame, la différence est vraiment Psensible entre les deux types; ecou- tez ce que dit de Puniversite Cornell M. Jean Bessand qui est allé faire aux itats-Unis un stage d’études: « Tout ce que jai vu de VP Universite et de la vie des étudiants m’a enthou- siasmé; je comprends et jadmeds as- sez que les étrangers (et nos Ccompa- triotes en particulier ) «ful voient les Etats-Unis, aient a se plaindre de beaucoup de choses: il y a mille pe- tits détails qui nous choquent et nous blessent; lavie a certainement plus de rudesse que chez nous, il ya a coup sir un cote primitif qui peut dé- plaire; mais ce que Je ne pardonne pas a ces gens a Vesprit « boulevar- dier » et superficiel, c'est qu ils ne se rendent pas compte que [on ne doit pas juger un pays sur la qualité de la nourriture, ou la complaisance des do- mestiques. [ls ne voient pas beaucoup d’autres choses qui font de ’Ameéri- que un grand et beau pays, ¢” parlicu- luer les universilés. { «L’Université, ici, ‘d'une grande quantité de est composée batiments séparés, qui couvrent une vaste su- perticie; cela fait un ensemble tres important. D’immenses _ batiments, dons de MM. Rockfeller, Carnegie, etc. sont en construction. Il ya pres de 4.000 étudiants et étudiantes. «Le stte de l'Universit4 est superbe, tres sauvage, tres accidenté, coupé de gorges et rempli de cascades ma- gnifiques. Il y a un grand lac dans le voisinage. Il est intéressant de voir Vactivité et Vinitiative que montrent les étudiants dans leur vie. «Ils ont fondé une quantité de clubs et d’associations: musique, sports, ittérature, langues, sciences, elc:; non pas afin Ge nommer un président et plusieurs vice-présidents, mais pour en tirer profit ewc-mémes. Ainsi jal as- sisté a une séance de Tullance fran- caise, on a joné une piece et récité di- vers morceaux ; on voyait chez lous les assistants le désir dapprendre. On se préoccupait peu de remarquer Si la prononciation était Mauvaise , ON fai- sait son possible pour s’instruire. «Beaucoup de ces étudiants sont pauvres et il leur faut gaguer leur vie etleur pension; leur Energie et leur es- prit Ventreprise sout veaiment remar- quables; ils ont fond’ des journaux Cun paraittous tes joursctdonne tous les renseiguements ct nouvelles sur la vie de (Université; Gest, parait-il, une tresboune affaire, ) des buanderies, des restaurants, maygasins, Wbrairies, etc. « Beaucoup servent dans des restau- rants, et regoivent en échange leur nourriture. Un étudiant me montre un yargcon dans un restaurant qui est son compagnon de classe; if nous sert a diner; son service fini, i enlevera son tablier etira prendre des notes au cours. On ne se croit nullement déshonoré pour cela. « Des conférenciers distingués vien - nent souvent parler 4 I’Université et les étudiants ne mangnent pas ces occasions pour s’instruire. «Les sports et les amusements ne manquent pas non plus; ily a un thé- Atre ou viennent les meilleures trou- pes d’Amérique et meme d’urop:. «Ja trouve admirables ces jeunes gens que lutlent ainst pour obtenir _les moyens de sélever par linstruction. Quand je pense a notre type d’étudiant