4re ANNEE, N° 48. ——— PORF-AU-PRINCE (tiait1) MERCREDI, 29 MAI 1907. a ne ee ———— LE MATIN. = ABONNEMENTS : PARK MOIS 4 GOURDE. DEPARTEMENTS & ETRANGER : | i Frais de poste en sus. Pou LES SAUVAGES Les deux grandes lois qui doivent dominer toute pédayogie, quelle qu’elle soit, scolaire ou familiale, sont les suivantes qui ont été -mises en relief par M. Paul Descamps dans son 6tu- de sur l’évolution comparée des for- mes de l'éducation : 1’ La toi morale, » La loi de l’extensibilité des be- soins, La lot morale tend au développe- ment chez l’individu du sens moral qui doit lai permettre d’apercevoir la bon- téou la malice d’un acte, « de com- parcr le plaisir actuel produit par un acte avec les maux faturs qu’:l pro- duira. » C’est la morale proprement di- te, ou la science du bien et da mal. La lot de Veaxtensibilité des besoins est cette regle de prévoyauce qui permet de concevoir que, au fur et a4 mesure que les besoins sont satisfaits, de nouveaux besoins apparaissent. Ain- si yue les besoins eux-mémes, ( res- pirer, manger, boire, se préserver, parler, ) cette loi découle de notre or- ganisation méme ; et a ce titre son absence marquerait dans toute éduca- hou une lacune profonde. Disons tout de suite, 4 charge de le démontrer plus tard, que c’est la loi méme du progrés. Qu’est, en effet, le progrés Sinoa l’évolution ? Et il ne peut y avoir évolution si Vindividu n’est pas préparé 4 évoluer en méme temps que les besoins. d fa loide Vextensibilité tient compte € cette évolution continue des be- ry et prépare l’individu & y satis- Faisant suite 4 Pexamen des deux ecations dont il est question dans On article d’hier, je puis dire main- tenant que dans [’éducation statique il] q Rest tenu compte que de la loi mora- 8. et c'est ce qui explique l'état sta- mm naire des sociétés 4 tormation com- cmautaive ou cette éducation pré- n’éta re L’extensibilité des besoins se tre Pas considérée, l’individu ne Ouve préparé a satisfaire que les besoine actuels ; il n'est donc préparé| que pour le mitieu actuel. Clément Magloire, Quod TIDIEN a LE NUMERO A() CENTIMES. Les abonnements partent du rer.et du 15 de chaque mois et sont paya- bles d’avance DIRECTEUR : Les manuscrits insérés ou non be son pas remis. REDACTION-ADMINISTRATION 45, RUE ROUX, 45. r tout ce qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser 4 M. Arthur ISIDORE. — ‘bonne heure la maison, Jaissant leS petits enfants 4 la garde des plus grands et les plus grands 4a la garde de Dieu. Quand ces plus yrands sont des files et qu’elles se trouvent plus ou moins a l’age d’une précoce pu- berté, elles vivent sans hésiter de la prostitution. Quand ce sont des gar- cons, ils vivent de n’importe quelles rapines : c’est de la graine de voleurs, d’incendiaires, de brigands. Ils vont ainsi jusqu’a Vave d’homme et sui- vent l’exemple et les occupations dé- pravées du pere. Le lhasard les fait parfois entrer dans la domesticité des familles ; mais le fait est rare, le per- sonnel des petits domestiques se re- crutant de préférence dans les fa- milles rurales oft il y & plus de mora- lité et de stabilité familiale. Les écoles existent sans étre fréquentées et fe directeur a soin, pour donner le chan- ge et conserver la situation budgé- taire, de raccoler le plus possible de ce monde des environs les jours od la visite du représentant de [stat est ,attendue. Les enfants 4 la mamielle et ceux de tous ages— ces milieux étant Be- néralement prolitiques--- vivent les uns sur les autres de n’importe quelle nourriture, sans hygiéne, dans une at- mosphere empuantée faite de gros mots, de la charogne qui vit dans les rues, des haillons sordides qui cumu- lent toutes les fonctions dans ces mansardes. On les éléve a la mendi- cité et iis Vous accostent dans les rues pour vous chanter les inaladies inven- tées de leurs parents, et pendant la chanson, ils ont le teinps de vous faire votre Mouchoir ou ineme votre montre. La tuberculose, la syphilis, I'al- coolisme font dans ces milieux des ravages inouis et ils se contractent de bonne heure. Inutile de parler de Joi morale al’é- ard de cette classe de saxvages ov Féducation négative se révéle i’ un de- intense. - Le jugement est nul, L’éducation dynamique tient compte et de la loi morale et de la loi de l’ex- tensibilité des besoins et c’est‘elle qui prédomine dans 1ié@s sociétes 4 forma- ti0.1s particulariste. L’individu est ain- si préparé pour le milieu actuel et pour le miliew évoluant et c’est ce qui explique l’incessant progrés de ces sociétés. Avant de m’étendre davantage sur ces deux genres d’éducation, envisa- geons un troisiéme cas qui est celui de l'éducation ne tenant méme pas compte de la loi morale. C'est état méme d’inéducation ; c’est la nature humaine livrée 4 elle-méme, et M. Descamps appelle cette nouvelle sorte, éducation négative . c’est elle qui Ca- ractérise les sauvages, dont j’ai promis de parler aujourd'hui. Avec la nouvelle manié¢re de conce- voir et de présenter les choses, la science sociale ne dira plus aux es- prits tendres qui abordent les notions élémentaires de géographie que les sauvayes sont des individus habitant les régions éloignees et placcées en dehors de la civilisation ; qui vivent des produits de la péche et de la chas- se, y compris celle de Vhomme, et qui se couvrent de peaux de bétes. Nous dirons désormais «ue c'est absence de loi morale qui caracteéri- se le sauvage et nous ajouterons que cette catégorie comprend les sauva- ges proprement dits qui vivent sous la forme de société primitives et les sauvages civilisés qui se rencontrent tantot dans les bas-fonds des sociétés, tantot a leur surface, vivant en marge. Nous connaissons tous, n’est-ce pas, de ces étres qui vivent et se dé- veloppent dans les quarters interlo- pes, on ne sait jamais comment. Le re est un journalier de la premiére esogne qui s’Offre, bonne ou mau- vaise ; je dis le pére, c'est « ’homine» ue je devrais dire, car les enfants du taudis sont ceux d’un autre mélés avec les siens ot Lui me ira anes pren- ord te ailleurs, laissan out ce] gre arene grouillant. Car le mariage est puisque rien ne Va forme ; ces étres ipnconnu dans ces milieax et rien ne sont des impulsifs et Cc est , e pro- le remplace pour y créer au moins dait.social le plus clair de ce te iné- le sentiment de la responsabilite. ducation. Aucane contrainte morale La mére vit du premier trafic quijn’a d’effet sur eux et nulle crainte ne lui échet, et tous deux laissent de} les domine que celle de la police et