47 ANNEE, Noe 46. PORT-AU-PRINCE (Haiti) LUNDI, 27 MAI 1907. LE MATIN Oude TIDIEN ———————— ABONNEMENTS : DrrRECTEUR: PAR MOIS 1 GOURDE. REDACTION-ADMINISTRATION DEVARTEMENTS & ETRANGER : 45, RUE ROUX, 45- Frais de poste en sus. o---—_ Pour tout ce qui concerne Administration du Jo a? — oa NOS MENDIGOTS Si quelgue courrrier d'Europe ou de New-York parti tard, si quelque souper unimeé en compagnie {dun ami de province vous a par hasard retenu au bord de mer, vous Wavez sdrement pas été sans, en remontant chez vous a pied, voir, une fois, au tournant d’une rue une ombre gréle se dresser devant vous, sans enten- dre tout 3 coup une voix bléme sor- tant profondément d’entrailles vides yous supplier : « Monsieur, par cha- rité, vingt centimes : depuis hier, je n’ai ricn mangé. » . Ft,— vous en avez certainement été parpris !— On n’emploie pas pour yous dire ceci la naiveté brutale du ‘créole ; non, la requéte s’enveloppe dans un francais humble, veloute et qui s‘aplatit. Dans Vombre, vous dis- tinguez au quémandeur une tournure quelque peu distinyuée ; vous devinez Une mmistre qui se Cache et que Pan- goissante faim chasse dehors ; vous ‘pemsez A ces peres de famille yui tout le jour errent en ville en redinyote ver- datre, la bouche amere et les yeux Vagues. Tout naturellement, vos doigts descendent au fond de votre yotusset pour trouver la menue monnaie des- Sinée a soulager des tringales den- fants etigues empilés dans une cham- Mette etroite. x Dautres fois, cest la répugaance Bivous arrache t'aumone. Alors, la Mie se passe sous le plein midi, MaR Une rue trés fréquentée. Le men- Miant ne s’eiface pdS, i! ne baisse pas myeur; au. contraite, . Raccompagne une odeur nauséeuse fan vol strident de mouches, il sou- weve — a votre intention, ame cCompa- en 4 lodorat sensible !— le ma- “ras crassenx qui recouvre sa face Cancéreuse dégoutante d’un sang vi- chan ou plagquée des pustulences blan- res d’un lupus rongeur. Vite! vous jetez des nickels a “cet repoussant et vous vous sauvez cet apostéme en marche qui ne.... le mal de mer. be industriels de ta misére savent présenter & vous sous d'autres formes encore plus inverg plus écceurantes. AUX abords Cathédrale, aux abords du cimeticre lors d’un grand mariage ou d’obse- ques pompeuses comme celies d’hier, vous verrez un gamin assez 1 pour faire des commissions ou courir des journaux, venir vous tendre les deux mains : lune, pour recevoir, es large ouverte, solide et noucuse , Pau- trae, pour apitoyer, est un hideux ou une atrophie émouv Un soir, yous traversez le Chaimp- de-Mars pour vous rendre a Hotel souper, taire la partie ou des autres distractions de |’établisse- ment , vous allez 4 pas lents et décoil- fé, aspirant voluptueusement Pair \é- ger. « L’heure “st Lelle de calme d’oiseaux attardés » et monte insen- siblement vers Ventre chirn et loup. Tout prés de vous une robe froufrou- te. Une femme yous joint. Coeur jeune et ardent encore attendri par le char- me épandu du moment, sentez fégerement troubleé sée dune aventure voix denfant bégayante e dun paquet informe que porte sous le bras : le femme , i sa menotte yréle. Ii vous parait bien évident que le cri west pas un cri d’isatinct, celui d@’ane faim qui demande satistaction ; mais c’est un cri appris, machinale- nent émis. puisse voir des meres prostituer ainsi ia candeur de leur enfant. Gette fois 1a, votre cogur se serre. Vous sentez que c’es d’une voix. sache :_« pas de monnaie. ( rien, vous hatez le pas et la brise nuits apporte de loin a Vv Ol acho de la lamentation vazouillée du pauvre petit étre conduit autre promencur. Ah! eas misérables a qul des pa- rents dénatureés « inflizerent la vie » sans se rappeler quils reste ces enfants dans « la situation du dé- biteur vis-a-vis du créancier. »— En proie 4 la faim ou au besoin abri sur, ils viendront, les gamins de 42 ans, s‘engager chez vous Clément Magloire, urnal, s’adresser a M. Arth ingambe| cher, a aide d'un bout deticelle, Bellevue- {jours penailleux jouir|Cchaque minute, vons vous};Sur a’ fa pen-| ments aimable. Mais une} denne rien - t trele sort} plus la réponse « Charité, s'il vous} ra de vous plait, M’sieur ! » et le bébé vous tend: d’abondantes vous emporsner que absurde bistoire de phiteau de fa- bletics Volé et de fouettées torturautes qu’on lui réserve chez lui. sanyvloter tout son sacl ; lachez pas ; conduisez le fans une de Yast le malheur des temps qu’ontY Vart de la lecture, cier que son ttrop peu de ré-j}que pDoUS avons bien _Ig—n’ai » Vous ne donnez bre des|raffinés et otre oreille | surcharge estent devant | leur naissance, _ pt | imprévue, plus de fol dans l’efficaci- té de l’effort personnel, plus de carac- d’un|tére et plus LE NUMERO AQ) CENTIMES. Les abonnements partent du rer.et du 15 de chaque mois et sont paya bles d’avance Les inanisccits inséerés ou non ve son pas remis. ur ISIDORE. ouneuses, |forcer un jour ou autre, office ou de la] vos tiroirs. Peut-étre encore, enragés de vie li- bre, préféreront-ils commencer par aller en bandes chaque aprés-midi, pé- des petits poissons, « a la tete » du wharf de la Savonnerie d’Aubigny ou bien t| aimeront-ils mieux chiper des man- gots oudes morceaux de canne a’ Ssu- moinon|cre’ Pétalage des vendeusesdu « mar- ante.|ché aux herbes. » En tous cas, il grandirontainsi, tou- et se dépouillant 4 d’une crainte et d’un scrupule. Ils vivront, volant et men- diant sans cesse et finiront inclucta- blement par devenir le citoyen qui, et|la nuit, se glisse chez vous, les mains avides et le corps seulement vetu @’un ceinturon soutenant une man- chette. O vous tous pour qui la Fortune fut maternelle, quand vous rencontre, votre chamin un de Ges yacne- qui pleure et mendie, ne fu ne fui fathes pars nou trop brutale. Mais preaez le par le bras. U emmpaumer en vers ant larines, il essaicra de en racontant quel- esSsnie- Laissez le bhais ne le os salles de conférences. Si Pon vo parle de Cart Weéerire et de criez au conleren- sujet est imopportun, inutilement, & thommes brillants, de litterateurs intellectuels au cerveau de systemes et de théories. le @employer au contraire Abjurez devant un]sa haute culture, son visoureux talent et son patriotisme former une conscience a donner aux individus, amoraux des incontestable a ce peuple, a comme votre pupille "énergie morale. It est dans l’ordre des évenements avisant 4.hamains que chaque Peuple traverse