4% ANNEE, Ne 37. PORT-AU-PRINCE (tait1) JEUDI, 16 MAI 1907. LE MATIN - ABONNEMENTS : | SPAR MAIS 4. GOURDE, | DEPARTEMENTS & ETRANGER : | Frais de poste en sus. | Pour tout ce qui concerne Administration du Journal SLE eA CONDITIONS -TRAVALL Sous ce tive, j'ai lu dans le « Nou- velliste » du 10 mai, une série de ré- flexipns se rattachant incontestable- ment'a la campagne sociale entre- prisé par le « Matin » et dont je sou- ligodtles suivantes : « Nos jeunes gens— se plait-on a dire— se dirigent tous vers les bu- reaux pubiics vu vers les professions libérales. Cela est vrai, ct cela est un mal. Mais n’est-ce pas une injustice que de s’en prendre - i eux ? Je con- Nails des bureaucrates, des avocuts et des Médecins qui ne demanderaient pas Mieux que d’ajler planter... des choux, sils étaient stirs d’en_ tirer quelque profit sérieux. A contre coeur ls s@ résignent a leur situation. par. ce qve, en dehors des emplois pu- blics, de 1a médecine et du droit, il hy arien Ou presque rien... « Faire le commerce consisterait a s6 mettre comme commis dans une malyon de la piace ou a faire le mé- lier fe courtier... Jt n’est pas au pou- voir Ge nos jeunes gens de créer le tra- vail.aLe travail créé, vous verrez qwils *¥ Portcront en musse, parce quils y lrouveront leur avaniage ». , la fee dlen ld la caractéristique de dont 11 ation sociale communautaire Dier ure question dans mon der- article et dans laquelle « on est papare a résoudre le probleme so- plu: t Ss appuyantsur lacomimunauteé Ces cue oul Sol-meme»,. Voyons, dans gue or itions du travail, le role assi- du < Now communauté par l’écrivain Uvelliste » : ain” travail, pour s’organiser et pro- ge. a SOn Maximum de_ résultat, exi- te part les conditions de sécurité . lemagy ont da charge incombe es- . é ‘Etat, deux conditions Primordiaies : 1° )’Sducation profes- Quo TiDiEn DIRECTEUR: Clément Magloire, REDACTION-ADMINISTRATION 45, RUE ROUX, 45. sionnelle ;2° les capitaux. La réali- sation de la premiere peut-etre assu- rée par l’Etat et par Vinitiative pri- vée.... « Pour que ces entreprises ( les en- treprises industrielles et agricoles ) se fondent, il faut des capitaux. Com- ment avoir ces capitaux ? Quelies cau- ses les ont rendus hésitants ? Com- ment les rassurer ? » Cette série de réflexions est close par un point d’interrogation ct Vim- pression générale qui en résulte est qu’il n’y a rien a faire... en attendant Etat. Le plus déconcertant,c’est que, d’apres \’écrivain lui-méme, tous les efforts de Etat -s1: celui-cl arrive jamais ales produire— sont eux-meé- mes condamnés a .étre infructueux. Lisez plutot : « Multipliez les écoles techniques. Rien de mieux. Mais a tous ces ou- vriers, artisans. agronomes, _ ingé- nieurs, qui sortiront de. ces établisse- ments, il faudra donner de l’occupa- tion. Car vous ne pensez pas queleur seule présence suffira pour faire fleu- rir comme par enchantement sur tout le territoire de la République des en- treprises agricoles et industrielles. » Les bureaucrates, les avocats ct les médecins dont parle mon contradic- teur et qui me demanderaient pas mieux que d’aller planter des choux, pourquoi donc n’ont-ils pas commen- cé par 14 et ont-ils attendu que leurs professions fussent encombreées avant dessayer d’en sortir? Uniquement parce que de sots préjugés les avaient portés As’éloigner des travaux ma- inuels. Or, ces travaux manuels font, dans les sociétés 4 formation parlicu- lariste, partie intégrante de léduca- tion générale dans laquelle l’appren- tissage technique figure en relief. Miss Harriet Martineau écrit dans The So- ciety in America : « Ou trouverait dif- ficilement un homme dans la Nou- velle Angleterre qui ne sache monter i cheval, conduire une voiture et sol- gner lui-meéme son cheval ; nt un clergyman, we avocatou un médecin qui, perdant sa profession, ne puisse subvenir a ses besoins par un travail manuel. Larticle du Nouvelliste dit quelque :Les_ ateliers LE NUMERO 4() ‘CENTIMES. Les abonnements partent du rer.et du. rs de chaave mais et sont naa | bles d’avance 1 | Les manuscrits inser¢és ou non ne sont | pas remis, = , s’adresser aM. Arthur ISIDORE. et a M. Rodolphe Gardere s’ils n’ont pas été accablés sous fe nombre des sollicitations venues de jeunes hom- mes qui voulaient s’emplover dans les chemins de fet.» It 1! omet de dire en quelle «qualité s’offruient ces jeunes gens. Les uns ont dtt vouloirétre admis dans le personnel administratif de ces companies de cheinins de fer; dau- tres, plus modestes, ont dtu s’offrir comme Ccuefs ou sous-chets d’équi- pes..... Combien, parmi eux, ont pu solliciter de travailler dans les ateliers mecines ? Combien se sont déterminés a prendre place aupres du chautfeur de la locomotive pour y faire un utile apnrentis :2ge et ponr combler lee fa- tures vacances ? Bien des fois, les nécessités de ma profession mont conduit et porté a passer des heures dans !es ateliers de la P.C.S. o& régne vraiment la pai- sible et octive athmosphere du travail discipliné et révulier. Je n’y ai jamais rencontré un fils de famille, Cette cir- constance n’est-elle piségalement due 4 nos préjugés d’éducation ? J'ai parlé: derni¢rement de_ /l’indus- trie des chaussures qui s’est dévelop- pée 4 un tel point que limportation de cet article est,pour ainsi dire, nulle. de cordonnerie em- ploient généralement beaucoup de bras et Vindustrie a une situation accquise qui ne peut faire craindre pour son avenir. Combien de /ils de fumille ren- contre-t-on dans ces ateliers ? L’industrie des voitures publiques a également pris chez nous un déve- loppement considéralxe et les voitures privées sont, elles mémes en, nombre remarquable. D’ott if suit que les ate- iiers de réparation se multiplient cha- quejour et rivalisent d’excellence dans la main d’weuvre pour altirer et yar- der la clientele. Les forges et four- neaux ne se comptent plus 4 Port-au- Prince : quels sont les parents haitiens qui y envoient leurs fi/s en apprentis- save? [ct la fabrication des teubles”? quelssont les fils de famille quiaspirent asupplantcr ou a remplacer un jour Jacques Lubonis ou la scierie mécani- que de Metzger ? Que devient alors l’afflirmation du Nouvelliste: « Le travail créé, vous verrez que nos jeunes gens s’y_ porte- part: «Demandez 4 M. Tippenhauer: ront en masse ? »