1° ANNEE, Ne 28. PORT-AU-PRINCE (ait) VENDREDI, 3 MAI 1907. LE MATIN QUO TIpDpiEl-N DIRECTEUR: ABONNEMENTS : PAR MOIS 4 GOURDE. REDACTION-ADMINISTRATION . 45, RUE ROUX, 45. DEPARTEMENTS & ETRANGER : Frais de poste en sus. Gléement Magloire, LE NUMERO A() CENTIMES. Les abonnements partent du rer. et du 15 de chaque mois et sont paya- bles d’avance Les manuscrits insérés ou non pe sont pas remis. Pour tout ce qui concerne l’Administration du Journal, s’adresser a M. Arthur ISIDORE. . pourquoi la terreur et la panique sont mel dvd Er si générales lorsqu’il sagit des réfor- : mes dans le personne! administratif. Que }!’on se convainque cependant -— quecevent de réformes souffiera aussi ; longtemps que saffirmera la fonction Qn repete tous les jours ct a satiété| pruvidentielle de [’Etat, et de zéphyr que le travail est une loi a laquelle [il deviendra aquilon si, ainsi que la nous sommes uniformément soumis]tendance se dessine, cette tutelle con- et bien des chercheurs d@’avenir social/ tinue 4s’étendre eta se fortifier. Car, n’hésitent pas avoir dans le travail/ainsi qu’on l’a déja fait remarquer, la la clef de cet avenir. Les cités les /lutte est constante entre les positions plus heureuses sont les plus laborieu-|acquises et celies 4 acquérir. ses. Le cathéchisme, des notre plus} [effet déprimant de ce systeme est jeune ige,nous apprend que l’oisiveté | incontestable et une de ces cons¢@- est la mere de tous les vices et nous] quences et pas des moindres est tout élevous nos enfants en. cherchant a] d’abord d’assurer le regne des médio- développer en eux le gout du tra- |crités :Le quartier général des médio- vail. . cres se trouve dans les bureaux ad- Nous sommes donc bien pris par ministratifs. Or le personnel des ad- cette idée, et si, & elle seule, elle pou-| Ministrations étant nombreux et nota- vait. a instar de la foi qui souléve|blement en excés, pensez un peu a la des montagnes, assurer V’avenir des| Situation d’une société dans laquelle sociétés, la notre serait bien pres de|Prédominent les médiocres. son salut. Il arrive malheureusement} Il faut donc le dire sans hésiter: que les formuleurs de préceptes n’'in-|dans notre état social actuel, le socio- diquent guére, dans leurscontérences, |logue n’a_ pas le droit de crier : tra- discours ou écrits, comment il faut|vail/ez, sans qu'il ajoute a cette exhor- travailler et comment, en travaillant,] tation celle de se passer du concours On exerce véritablement une fonction]de |’Etat. Se passer de ce concours, sociale. 7c est se mettre d’emblée dans les plus C'est que rien n’est aussi fascinatif|favorables conditions de développe- que les termes vagues et les formules} ™ent individuel, c’est créer "6 sor un et souvent l’on se croit quitte d’avoir stimulant extraordinaire d’éneryie ; dit des vérités en ne répétant que des e est. en outre, assurer le désencom- ités indéni = yi * ~{brement des professions libérales sur- banalitésindéniables et faites d’impré re. de di © ceux cision. On formule et on n'indique|°2'sées, car Je viens de Cireds pas qui vivent en marge de ces profes- sions, OU pour parler net, ceux qui On doit d’abord travailler pour assu- les exercent sans pouvoir en vivre, rer son indépendance et celle de sajescomptent singulérement le con- famille : la formule laboremus ne peut! cours supplémentaire, je devrais dire étre Satisfaite lorsque, nonobstant son| suppléant de administration. travail, on doit aux autres de pouvoir Je connais, au surplus, des meurt- S entretenir. de-faim travailleurs : ils labourent les Que d’esprits cependant ne l’enten-|champs de la pensée. Ils furettent con- tendent pas ainsi et combien je con- tinuellement dans les livres, en quéte nais de mes amis qui s’acharnent a-| de nouvelles doctrines et de nouvelles vec entétement a l’exercice d’une pro-| écoles; idolatres de la forme, ils sont fession encombrée et non rémunéra-| moins préoccupés de la justesse des trice et qui, imbus de préjugés indé- | propositions que de I’élégance des for- racinables, aiment mieux, plutot que mules; ils palissent a la lueur de la d’y renoncer et passé lage de trente veilleuse et les longues pages que la- ans, dépendre encore des leurs. A borieusement ils noircissent sont des ceux-la il faut une perpétuelle provi- | témoignages irrécusables de leur Opi- dence et assez souvent cette providen- | niatreté au travail. Cette circonstance ce est représentée par |’Etat. C’est'de ne pas vivre de ce labeur, ils se la supputent comme gage de stoicisme et de détachement, s’isolant ainsi de toutes les conventions sociales. Au reste, ils fuient les responsabilités, pour se fortifier dans leurs particulie- res conceptions. Ce labeur infructueux, le sociologue doit le dénoncer: travailler ainsi n’est qu’occuper son temps, le résultat com- mun étant nul. Dans I’état actuel du pays, le travail utile est celui qui tend asa prospérité, le résultat étant d’ailleurs commun pour Vindividu et pour la collectivité. Or, de quelque fagon que |’on retonr- ne les questions, il n'y aqu’une solu- tion au probléine du relévement des sociétés, et cette solution réside dans le développement de leur agriculture, de leur industrie et de leur commerce. L’agriculteur, l’industriel et le com- mercant sont de meilleurs tacteurs du progrés social que n’importe quelle autre classe de travailleurs; je puis dire qu’ils sont les seuls facteurs du progres soial. Sil est vrai que les sociétés les plus prosperes sont les plus laborieuses, il faut entendre par la celles ot ces trois classes de travailleurs forment immense majo- rité des populations; celles ou le per- sonnel administratif est réduit au_ mi- nimum ; celles ott les professions libé- rales occupent une place restreinte et en rapport avec les besoins de la com- munauté; ceiles enfinot l’élite intellec- tuelle est peu étendue, ne se recrutant que parmi les tempéraments vraiment doués et marqués de particulié@res dis- tinctions. Voulaz-vous un exemple d’une so- ciétéayantévolué dans ces conditions et voulez-vous savoir de quelle prospé- rité inoute cette évolution est Suscep- tible? Lisez attentivement : « A TExposition leur pauvreteé ou pla- tét leur nullité se fait d’autant plus remarquer qu’ils avaient demandé une place immense qui reste inoc- cupée, et que par dérision, les An- glais appellent les prairies américai- nes. a Voila le jugemen!t porté, il y a un de- mi-siécle, par Frédéric Le Play sur les Américains et sur leur participation & Exposition de Londres de 18511... « « « « <« «