-24 - prospere. Or, malgr6 les trois grades rivieres que possede Ie Cul-de-Sac, la riviere grise, la riviere blanche et la riviere creu- se, malgre trois petites rivibres qui y coulent, cells des Oran- gers, de Laboule et de la Savoie ; malgr6 plusieurs autres sour- ces assez importantes, qui sont presque seches dans la mauvaise saison, et debordent quand rignent les pluies; malgr6 tant de course d'eau, les grandes cultures de cette immense plaine, qui se font ordinairement sans fumures ni amendenents, periclitent des que l'hivernage cesse, et sont alors brftldes par les vents du nord-d'Est et par un soleil ardent. Pour laisser cooler l'eau vers la mer, quand elle est trop abondante, et pour la conserver l'6t0, quand elle devient plus rare, les colons conCurent heureusement 1'idee de faire ienager de vastes bassins, de grands r6ser- voirs, an haut de chacune de leurs grades rivi&res. Ces cons- tructions hydrauliques devaient remplir deux conditions essen- tielles : 1 celle d'6lever le niveau de leurs masses liquids, et 20 celle d'emnmagasiner precieusement ces dernieres, durant tout le temps qne dure hi s~cheresse annuelle. Laissant de c6t6 les travaux de ce genre qu'on avait fait executer en amount de la riviere blanche et de la riviere creuse, qui sont strangers an sujet que nons traitons ici, nous allons nous occuper spkcialement, dans cet opuscule que nous offrons au public, de cenx que les colons avaient fait faire 1l oft la rivi&re grise, apris avoir quite son lit, trace naturellement h travers les vallees de nos montagnes, s'ouvre une issue ma- jestueuse dans la plaine, an sommet de I'habitation Dum6, dans le Sud. Cette riviere grise prend sa source au pied du piton de la Selle qui, vu de loin, dit Moreau de Saint-MEry, de l'ouvrage de qui nous extrayons ces precieux renseignements, lui sert de pom- mean. Cet endroit est situe au sud du Port-au-Prince, et est h 500 toises dans 1'Est de la source qui alimente la grande-rivi&- re de Liogane. Delh, notre riviere grise coule dans les vallees des mornes secondaires qui s6parent la montagne la selle de la plai- ne, et regoit, pendant ce long trajet, une foule de course d'eau qui la grossissent. Arrive dans le canton de TRoU-cou-cou, elle fut oblige, dans d'autres temps, de se frayer un passage souterrain. Grace, sans nul doute, A une erosion seculaire, ella a reussi a franchir cet obstacle, pour reparaitre, cu bonillonnant avec fu- reur, de i'autre c6t6 de ce barrage natural mais impuissant: c'est ce remaquable endroit qui, jusqu'aujourd'hui, s'appelle LA PORTE. Elle est a une demi-lieue du point oh la riviere dGbouche dans