'aimusait a nous rudoyer. de la bonne faion. Ecoul tons-le : AUSSITOT TU VERRAS POeTES OATEURS, DE TES TITRES POMPEUX ENFLER LEURS DEDICACES. Eh bien, soit! Tout bien considered, quoi qu'on enm pense, et quoi qu'on en dise, je tiens MORDICUS a d- dicacer mon livre, en depit de Boileau et de sa docte cabale. Oui, il faut une dedicace a mon livre com- me ii faut le bapt6nme a 1'enfant qui vient de naitre. Senlemcnt l'usage catholique n'admet qu'un parrin. pour ce dernier, sans distinction de sexe ni d'autres qualities futures. Aussi, Napoleon 1" cut un seulparrain comme le plus vulgaire des cretins. Mais, quand l'en- fant est un livre, oh! alors'ca change de game. Un livre, attention ne plaisantez pas avec Ie ser- vice. L'enfant qu'on baptise, est-il certain un jour.de pouvoir. fire un livre, de ces livres surtout qui vous lancent comme un f'tu leurs auteurs glorieux jus-. qu'a la post6rit4 la plus reculde, jusqu'aux astres loin- tains qui bordent 1'Empyree : sic rrUR AD ASTRA! C'est sans doute a cause de l'etrangete et de I'importan- ce de la chose qu'on permit aux livres plusieurs par- rains a la fois. Ce sont des protecteurs que I'auteur en- role sous sa banniere. Mecene semait en terre ferti- le, quand il protegeait Virgile, Horace, et tous les grands auteurs de son temps. Aussi, grace a eux, son nom glorieux,est arrive jusqu'a nous. Fouquet aproteg6 Lafontaine, et seul, ce fabuliste reconnaissant a chan- t6 en beaux vers les malheurs de ce grand intendant, quand il devint la victim du Roi-Soleil et de qui, comme l'astre du jour, son eclatant patron, on ne pou- vait pas tonujours dire: LUCET OMNIBUS, puisque ses ray- ons etaient presque tous absorbs par ses seuls comr-. tisans de Versailles.