Dans un but, facile A comprendre, certain s'ver- tuent attribuer la responsabilitd de nos Revoltes passees et de nos vives protestations au temperament du Peuple, que I'on veut faire passer pour turbulent. En raalite, le Peuple d'Haiti est brave, mais il est aussi le plus lent A se mouvoir, A se dresser centre les injustices, A recourir A la protestation armee. On peut citer en example son endurance et sa rIsigna- tion et lui reprocher meme de la passivet6. II ne se revolte que quand il est exasperd, au paro- xysme de la souffrance, et, tous ceux qui essaient de degager une "philosophie do notre Histoire natio- nale, g6ndralenent presentee jusqu'ici sous la forme anecdotique, sont obliges de reconnaitre que nos Rdvoltes ont toujours Wte d4terminses par les abus, les excbs, les violence de nos Gouvernements; cette tendance despotique qui les a toujours pouss&s A subs. tituer leur volonte meme quand elle est reconnue rauvaise -- A la Constitution, leurs idles de rapi- nes qui leur ont fait prendre la Caisse Nationale pour leur caisse privee, le sans-gene avec lequer ils ont sacrifice les int&rets de la Nation A leurs b&n~fices pro- pres, leur manque de discernement dans le choix des fonctionnaires et, souvent, une preference marquee et presqu'exclusive pour des incapables, des tarss, des v6reux, oiu il faudrait des Hommes de Science et de Probit6; une omnipotence marquant un mepris de I'Opinion Publique en semblant lui imposerceux don't elle reclame le renvoi pour leur immorality ou leur inaptitude. Ce sont ces abus des Gouvernements, cette suppression du libre contr6le de l'Opinion Pu- blique, ce mepris des justes reclamations popu- laires, ces abus transformant la Caisse Publique en une Caisse privde, ces entreprises don't chacun peut apprecier la folie, mais qui semblent avoir la faveur special de ces gouvernements, cette sorte d'imposi- tion faire au foncticnnaire d'etre un partisan au lieu